»Si beau le monde. À la fin qui s’y attardera. Et si tout en bas. Qui d’autre se relèvera. Pour regarder les étoiles. », chantent Les Sœurs Boulay sur la chanson titre de leur troisième album paru le 6 septembre dernier. En cette journée où la météo déchaînée avait des apparences de fin du monde, leur première médiatique montréalaise au Club Soda, qui affichait d’ailleurs salle comble, ne pouvait tomber mieux pour nous réconforter, surtout que La mort des étoiles affronte avec une douceur déterminée des enjeux sociaux un ne peut plus actuels.
Après une liturgie scénique de près de deux ans en tandem, Mélanie et Stéphanie Boulay étaient en forme, autant vocalement que mentalement. Elles ont atténué leur fébrilité si adorable en proposant au public, avant le concert, de leur texter des souhaits en tout genre, ce qui a détendu l’atmosphère. Oscillant entre des demandes drôles comme souhaiter maigrir sans faire d’efforts et plus sérieuses comme exiger un monde où nous sommes libre d’aimer qui on veut dans tous les pays , cette brillante initiative a été à l’image spontanée et optimiste à laquelle nous ont habitué les artistes.
Séduisant d’emblée les fans en débutant avec deux succès de leur premier album Le poids des confettis, Par le chignon du cou et Cul-de-sac, les sœurs ont tôt fait d’instaurer une ambiance chaleureuse teintée de simplicité et de lumière. Ayant comme seul décor une immense toile blanche projetant des archives familiales prises par leur père lors de leur enfance dans leur Gaspésie natale, les autrices-compositrices-interprètes ont rapidement insufflé à la foule la sensation d’être en compagnie de complices copines que même le temps et la distance ne parviennent à tuer.
Pour représenter dignement la splendide évolution dans le son et dans les thématiques que nous retrouvons sur La mort des étoiles, elles ont invité le Quatuor esca afin de reproduire la magie qui émane du disque. Mission accomplie! Les coups d’archet somptueux nous atteignaient en plein cœur. Le naturel des mélodies nous enveloppait de tendres frissons. Elles s’enchaînaient harmonieusement avec les paroles traitant avec délicatesse et justesse de sujets chauds qui, tristement, polarisent encore.
Lettre aux générations précédentes qui nous ont laissé avec l’urgence de réparer un avenir incertain, La fatigue du nombre a envoûté par son rythme accrocheur et sa manière authentique de marteler qu’il est temps d’agir sans faire l’utilisation d’une morale barbante. Écrit pour son fils Léonard, le titre du même nom a arraché les larmes par son orchestration magistrale et sa vision si vraie à propos d’une limite de la maternité si cruel et difficile à accepter : que personne n’appartient à personne. Explorant subtilement les inconduites sexuelles et les standards de beauté démesurés imposés à la femme, Au doigt a permis à ses créatrices d’afficher leur talent en matière d’harmonie et de synchronicité. Plaidoyer féroce sur l’apocalypse nous guettant, Nous après nous a prouvé que les chanteuses sont conscientes qu’il ne faut plus jouer à l’autruche et qu’il faut croire à toutes les belles choses que l’on peut créer si on délaisse l’individualisme. Puisque les attachantes sœurs ont uni toutes les gammes d’émotions contenues dans ces chansons avec simplicité et passion, les messages véhiculés dans les textes ont réellement trouvé écho chez les spectateurs heureux de déguster de la musique inspirée et inspirante.
Hymne à la déchirure désespérée ressentie quand l’être aimé ne nous aimera jamais, Mappemonde a donné lieu à un beau moment de partage. C’est inévitable ; entendre une centaine de personnes chanter à tue-tête à l’unisson provoque immanquablement un moment de grâce, peu importe le nombre de fois que ça se produit dans les concerts. La reprise de Pour l’amour qu’il nous reste de Francine Raymond, interprétée seules au piano de profil à la foule, a également été marquante par sa sincérité.
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Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média