Une agréable journée d’été tempérée. La petite pluie menaçante s’est vite dégagée du ciel de Bromont. Quatre rangées de voiture dociles prêtes à entamer le week-end avec de la bonne musique d’ici. Quelques mouches voraces qui tentent de gâcher l’ambiance décontractée de la soirée. Voilà le topo pour notre première expérience dans l’univers Musiparc. Savourer des spectacles à l’intérieur (ou très proche) de notre voiture peut s’avérer assez étrange, mais le bonheur de revoir les artistes qui nous ont tant manqué prend rapidement le dessus.
Il faut dire que TD et Vidéotron ont mis le paquet pour recréer une ambiance de festival réconfortante. La scène, munie de deux écrans géants, ressemble à n’importe quelle scène du FEQ ou encore des Francos de Montréal. Avec un son de qualité dans les circonstances (on utilise quand même des systèmes radios d’automobile) et des éclairages dynamiques, l’évasion est totale, minus les cris des enfants et les complaintes de festivaliers moins attentifs, ce qui est loin d’être une mauvaise chose, on va se l’avouer!
En cette soirée du 26 juin, c’est Jordan Lévesque qui a ouvert le bal à grands coups de succès new country américain. Une marre de klaxons l’a accueilli, une sensation à la fois bizarre et amusante, autant pour l’artiste que pour le public. Même s’il s’est produit devant des pare-brises, l’artiste originaire de Baie-Comeau a été à même de sentir l’amour du public. Amorçant son mini concert avec la populaire Tennessee Whiksey de Chris Stapleton, Jordan Lévesque a mis en valeur sa voix rauque qui nous a tant fait chavirer lors de son passage à la septième saison de La Voix.
Un autre moment fort de cette première partie a été la reprise du hit Old Town Road de Lil Nas X. Jordan en a fait une relecture acoustique fort intéressante, surtout grâce à l’ajout de l’harmonica. Les spectateurs chantaient haut et fort ce single en tapant des mains. Dommage de penser que le principal intéressé ne pouvait rien entendre, mais son chaleureux sourire et ses yeux brillants se sont chargés de l’imaginer. Sa passion transperçait les frontières de nos voitures. Il a profité de la tribune offerte pour présenter son premier extrait original, l’excellente Je te vois encore qui donne extrêmement hâte de se procurer son premier effort en solo!
Après une courte pause, la tornade France D’Amour a fait son entrée avec la toujours aussi pertinente et accrocheuse Je n’irais pas ailleurs. ‘’Ce n’est pas un windshield qui va m’empêcher de tripper ce soir !’’a-t-elle lancé au son de klaxons déchaînés. L’autrice-compositrice-interprète a tenu promesse en laissant constamment paraître sa joie incommensurable de retrouver l’amour de sa vie : la scène.
Rafraîchissante, franche et dynamique comme à son habitude, elle a entrecoupé l’avalanche de succès radiophoniques par des transitions dignes de sketchs d’humour. Par exemple, pour introduire la romantique Puzzle, elle a confié que les chips et les casse-têtes sont devenus ses nouvelles passions pour se désennuyer pendant le confinement.
Les contraintes liées aux mesures de distanciation sociale n’ont pas freiné la chanteuse pour trouver des manières originales d’engager le public malgré tout. Elle a invité les gens à faire des vocalises pour les bienfaits de Le bonheur te fait de l’œil, pièce qui, chaque fois qu’on l’entend en direct, nous confirme que le bonheur de France nous fait effectivement de l’œil et qu’il est foutrement contagieux. Sa bonne humeur pétillante s’est transformée en une intensité magnétique sur Que des mots. La puissance de sa voix a, encore une fois, épaté.
France D’Amour a également accordé une place de choix aux compositions de son treizième album en carrière paru en novembre dernier, D’Amour et de rock’n’roll. Normal, puisqu’elle devait faire la tournée des festivals avec cet efficace album marquant son retour au rock. Dans le cadre du Musiparc, elle offre donc la pièce-titre qui traduit tout son amour de la musique (et qui a des allures de suite non officielle à la pièce Vivante), Tout à gagner, Bleus sur mon cœur, la très à-propos Courage et l’excellente Fil conducteur, premier extrait radio de cet opus.
Évidemment, l’artiste a fait plaisir à ses irréductibles fans en interprétant Animal, J’entends ta voix dotée d’un foudroyant solo de drums en fin de parcours ainsi que Va t’en pas. L’icône du rock a aussi présenté son maintenant traditionnel concours de talent Musiciens Idol dont nous avons traité dans notre critique du lancement de son album. Ses blagues spontanées et tranchantes ont causé l’hilarité générale et ont dévoilé un potentiel en animation. Ce numéro s’est soldé avec la toujours attendue et appréciée Vivante. Effectivement, dans cette période trouble, c’est exactement de cette façon que France D’Amour nous a fait sentir en quittant le cœur et le klaxon heureux le stationnement du ciné-parc…
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média