Nous avons eu le privilège, le mardi 10 mai dernier, d’assister à la première de Un certain souvenir, spectacle hommage à l’œuvre de Michel Louvain, qui nous a quittés il y a maintenant un peu plus d’un an. Ce spectacle a été présenté au Cabaret du Casino de Montréal, par Martin Leclerc Productions. Un spectacle tout à la hauteur de cette idole québécoise qui, pour sa part, n’a laissé que des bons souvenirs avec autant de beaux sourires.
Évidemment, Michel étant irremplaçable, quatre interprètes de la génération montante ont été invités à venir chanter ses succès afin de nous permettre de se souvenir. Ces quatre artistes sont Bryan Audet, Joëlle Lanctôt, Mathieu Lévesque et Suzie Villeneuve, et on peut dire que c’est une réussite, ils ont bien rempli leur rôle, autant à titre d’interprètes qu’à titre d’animateurs. Une animation qui a fait verser des larmes à plusieurs reprises. Dans Un certain souvenir, le principe est de piger ici et là dans le journal de Michel et de nous décrire les souvenirs qu’il y avait écrits, comme pour la soirée qui a bouleversé toute sa vie, soit le 3 mai 1958. Sa première performance publique à la télévision, dans le cadre du Gala des Splendeurs. Le soir où toute la gent féminine est tombée en amour avec lui instantanément.
Il y a eu un souvenir de son premier voyage à Paris dans lequel il mentionnait du genre que c’était plus calme qu’au Québec. En effet, il avait déjà subi plusieurs interventions de la foule, nécessitant la venue de policiers pour le protéger, tant la foule était surexcitée, on se rappellera par exemple le Palais Montcalm à Québec. Ces lectures étaient illustrées par des vidéos présentées sur un grand écran au fond de la scène. Les vidéos en question pouvaient être des images du Montréal à l’époque décrite dans ses écrits, ça pouvait être des photos de Michel, de ses albums, ou même des feuilles de musique qui étaient à la mode dans le temps. Ce même genre d’illustrations s’appliquaient également lorsqu’un, ou deux ou les quatre invités interprétaient un des succès de notre beau Michel.
Un programme des plus variés, des plus intéressants de par les anecdotes qui correspondaient à tel ou tel succès. Par exemple, en 1976, c’était une grosse année à Montréal, même au Québec, puisque c’était l’année des Olympiques. La venue à Montréal de Nadia Comaneci la reine des Olympiques de cette année-là, qui, à sa façon, nous a charmés, et finalement l’arrivée sur la scène québécoise de la célébrissime Dame en Bleu, écrite par Robert Danova et Peter Papini. Cette chanson nous fait frémir depuis 1976, nous n’avions jamais réalisé que le beau Michel nous avait charmé pendant 45 ans avec cette chanson, entre autres et qui l’a immortalisé. Il va de soi que lorsqu’elle fut interprétée sur la scène, ce n’était pas seulement un solo, un duo ou même un quatuor, mais bien une chorale qui s’est mise à la chanter.
Le plus beau cadeau qui nous a été fait durant ce spectacle, ce sont les interventions occasionnelles de Michel via enregistrement, soit des extraits de la chanson en cours ou des commentaires pigés ici et là dans ses quatre-vingt-quatre ans d’existence. Michel Louvain aurait fêté, cette année, ses 65 ans de carrière. Comme souvent dans ses spectacles, ses chansons étaient présentées par thème. Nous avons donc pu entendre et à l’occasion murmuré des chansons comme Auprès de ton cœur, On s’amuse à l’amour sous le thème Début de carrière. D’autres comme Blue Moon, Fly me to the Moon, représentaient les années Cabaret.
Les chansons de Charles Trenet, envers qui Monsieur Louvain vouait une admiration sans borne. Nous avons alors entendu La mer, Vous qui passez sans me voir, Y d’la joie, toutes des succès de ce fou chantant. On l’a même remercié pour sa vaste contribution à la musique de la francophonie. Comme il a toujours été reconnaissant pour la vie qu’il avait, nous avons donc entendu C’est beau la vie de Jean Ferrat, de même que Les parapluies de Cherbourg de Michel Legrand. Un clin d’œil à la belle Margot Lefebvre nous a permis de danser ou plutôt se dandiner sur nos chaises en mettant cela sur le dos de La Bossa Nova. On nous a transmis un peu de tristesse avec Monsieur Liszt, sur un autre tempo que la Rhapsodie hongroise, il y va de soi.
Il y a eu, inévitablement, la période des prénoms au cours de laquelle Michel nous a permis de fredonner sans cesse Lison, Louise, Linda et Sylvie qui a sûrement éveillé les souvenirs que nous devons tous avoir de ce Carnaval de Québec. Aussi le grand Charles n’est pas en reste, puisque Michel était tombé en amour avec la chanson de Aye! Mourir pour toi, et a demandé au Maestro Aznavour la permission de l’enregistrer. Et puis, la chanson préférée de sa maman qu’il aimait tant, et qui a servi d’inspiration pour le spectacle, c’est-à-dire Un certain sourire, qui est une magnifique chanson originalement interprétée en anglais par Johnny Mathis, elle avait du goût Madame Poulin.
Puis, ce fut la finale avec nos quatre amis qui ont réinterprété Buenas Noches Mi Amor, mais cette fois-ci acapella, un très bel arrangement du Maestro Daniel Piché. En rappel, nous avons eu droit Lorsqu’on est heureux. Il faut garder en mémoire que ce spectacle n’aurait pas été aussi fabuleux, sans la magnifique mise en scène du talentueux Joël Legendre et les musiciens sous la direction de Daniel Piché, la participation de nos quatre amis interprètes, ainsi que Martin Leclerc Productions et tous les techniciens. Que de beaux moments, ils nous ont offerts.
Le spectacle Un certain souvenir sera de nouveau à l’affiche au Cabaret du Casino de Montréal, le dimanche 22 mai à 14h, quelques billets sont encore disponibles. Ce beau spectacle vous permettra de revivre des moments inoubliables en compagnie de cet homme qui a changé le paysage culturel et musical d’ici.