10 mai 2019, Montréal, Centre Phi
Un lancement vibrant
Il aura fallu une éternité, ou presque, avant de pouvoir s’immiscer plus intimement dans l’univers doux-amer de Sophia Bel. Celle qui nous a offert par le passé les délectables Goodbyes (2016) et Winter (2017), nous revient avec un micro-album sombre et puissant, intitulé Princess Of The Dead, Vol 1. Cette dernière nous entraîne dans une électropop vaporeuse et irrésistible, sortant des chantiers battus. Nous découvrons, à travers les quatre pièces proposées, une authenticité désarmante. Nous sommes désormais les spectateurs de sa quête identitaire et de ses désillusions amoureuses. C’est avec une résilience lumineuse qu’elle se livre sur des périodes difficiles de sa vie. Vendredi soir dernier, Bel a dévoilé toute sa vulnérabilité au Centre Phi devant un public tout ouïe. Au final, nous n’assistions pas à un simple lancement, mais plutôt à un spectacle complet et riche.
LIA (première partie)
Baignant dans le même univers que Sophia Bel, sauf peut-être dans une musicalité plus rythmée, la chanteuse LIA (Lia Kurihara) était toute désignée pour assurer sa première partie. C’est avec un début de prestation vocale enivrante qu’elle séduit le public en un tournemain. Sa musique synth-pop/trip-hop a fait vaciller les corps des spectateurs plus d’une fois. LIA semble être en contrôle de sa voix, de son image et de sa démarche artistique, autant sur scène qu’en vidéo. Nous avons pour le constater, ironiquement, dans son tout nouveau vidéoclip bien cousu Out Of Control.
Je vous invite à consulter son Soundcloud.
Crédits photos : © Sandra Larochelle
La voix de la princesse des morts
Dès les premières notes, nous sommes complètement subjugués par la pureté de sa voix. Sophia Bel a tout d’une artiste véritable, complète. Malgré la mélancolie de ses mots, elle arrive à les attendrir par sa belle candeur. Quand When I Found Love est amorcée et résonne dans la salle, nous ne pouvons faire autrement qu’être touchés par cette douce sensibilité. Sans équivoque, chacune des pièces du EP nous entraînent dans des ambiances décalées les unes par rapport aux autres. Rien que sa signature musicale (trip-hop/jazzy/électro) fait d’elle une artiste très singulière. Nous n’avons nullement l’impression qu’elle fait ça pour la gloire, elle fait de la musique, car elle incarne la musique. Elle nous a confié qu’à toute heure du jour et de la nuit, elle est en train de composer. D’ailleurs, nous avons eu droit à une toute nouvelle pièce inédite, intitulée Clover.
Même si le micro-album est composée de quatre chansons, Bel a généreusement donné à son public plus qu’il en fallait pour prolonger le plaisir. Il ne fallait pas passer à côté de Winter, probablement l’une des chansons les plus vibrantes qu’il m’ait été donné d’entendre dans ma vie. Un son qui nous transporte ailleurs, nous rappelant au passage que la dépression n’est pas une chose à prendre à la légère. Sa musique fait mal autant qu’elle soigne. Elle est ce brin de lumière dans la pénombre. Son parcours de vie hors du moule a fait de Sophia une être extraordinairement forte. Elle a su utiliser sa voix et sa poésie pour éliminer toute cette crasse logée à l’intérieur d’elle.
Crédits photos : © Sandra Larochelle
La chanteuse y va également de quelques covers dont Wicked Game de Chris Isaak ainsi que de Old Town Road (de Lil Nas X et Billy Ray Cyrus) en duo avec LIA, magnifiquement exécuté. Elle termine en beauté avec In My Mind et Don’t Forget (ma chanson coup de cœur du EP). Elle a assurément pris le temps de remercier son équipe pour tout le travail qui a fait en sorte que ce projet se concrétise et de ses amis qui la soutiennent du bout de leur vie.
Si vous ne connaissiez pas Sophia Bel, je vous invite fortement à découvrir cette magnifique perle. Elle sort du lot et est une véritable fraîcheur musicale. Suivez son compte Instagram et sa page Facebook pour ne rien manquer. Le EP est en écoute libre dès maintenant sur toutes les plateformes de musique, dont Spotify et Youtube.