La veille de la sortie sur les plateformes numériques de la version deluxe de son album Le Tournant, Amay Laoni a offert une performance surprise au Ministère. Même si la pandémie faisait en sorte que les spectateurs étaient assis et moins nombreux qu’à l’ordinaire, l’autrice-compositrice-interprète est parvenue à insuffler une atmosphère libératrice digne d’une soirée dans un nightclub bondé.
Se dandinant allègrement et presque sans cesse, les spectateurs ont embarqué avec enthousiasme dans la pop électro mélancolique 100% francophone d’Amay Laoni, Amélie Larocque de son vrai nom. Plongé dans une brillante fusion de fumées et d’éclairages saillants et stroboscopiques, le public s’est abreuvé de l’intensité et de la passion vibrante de l’artiste qui propose une intéressante et moderne démarche artistique qui est complètement à l’opposé des collaborations et des textes qu’elle compose pour plusieurs artistes populaires comme 2Frères et Marc Dupré.
Vêtue d’un pantalon et d’un sweatshirt aubergine coupé au niveau du torse pour exposer une fine camisole blanche, Amay exprimait son univers musical de par tout son corps, de ses loafers noirs jusqu’à ses paupières maquillées de jaune et sa longue queue de cheval qui n’a rien à envier à celle désormais légendaire d’Ariana Grande. Ajoutées à son allure androgyne et high fashion, ses chorégraphies contemporaines apportaient une dimension onirique et carrément magnétique à ses excellentes pièces tantôt introspectives tantôt contemplatives.
Superbement accompagnée de Maxime Bellavance à la batterie, d’Alexandre Lapointe à la basse et de son partenaire de scène et de vie des 15 dernières années Étienne Chagnon aux claviers et à la direction musicale, Amay Laoni a évidemment interprété plusieurs accrocheuses pièces qui figuraient déjà dans la première version du Tournant, paru le 16 octobre 2020. Elle a entre autres chanté les singles Tout relâcher, Un fil, Ça va et Arbre ainsi que les extraits Comme il faut qu’on se quitte et Du tout.
À travers ses mélodies entraînantes et ses paroles traitant de rupture, de solitude et d’amours torturés, ce qui a définitivement le plus marqué lors du lancement a été sa voix aux multiples textures qui devient encore plus vulnérable et touchante sur scène. De véritables émotions émergeaient de ses notes aiguës et de ses notes graves qui donnaient des frissons, de même que de sa diction irréprochable lors de passages se rapprochant à la rythmique du rap. En Amay Laoni, la chanteuse nous transporte dans son univers inspiré des tendances musicales d’aujourd’hui mais le rend entièrement sien grâce à sa poésie imagée, recherchée, pertinente et enveloppante même quand elle se fait réalistement cruelle.
L’artiste a bien sûr présenté quelques nouvelles pièces qui figurent sur la version deluxe dont Isolée, Sous les rivières, chanson qu’elle partage en duo avec nulle autre que Marie-Mai sur l’album, et le cover de la chanson Corps d’Yseut qui devient, sous le sceau Amay, plus dansante mais tout aussi prenante. L’album comprend également une collaboration avec Fanny Bloom pour la pièce Je ne te connais pas.
Avant le rappel d’usage, Amay a conclu avec la magnifique En vrai, je sais pas, une de ces chansons possédant un-je-ne-sais-quoi dans la voix, la mélodie et le texte qui la rend parfaite et mémorable. Sur ce morceau, la voix à la fois douce et déchirée d’Amay se mélange avec brio à d’enivrants arrangements de violons et de synthétiseurs efficacement dosés. La version live fait, sans aucun doute, honneur à la version studio, tellement qu’on espère un nouveau chapitre pour Le Tournant…Le Tournant Unplugged!
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média
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