Le rêveur dans son bain est une création originale qui célèbre le pouvoir de l’imagination. Hugo Bélanger nous invite à un étonnant voyage onirique dans un surprenant cabinet de curiosités.
Sur scène, un ermite vit reclus dans une maison en ruines. Depuis plus de vingt ans, il n’a pas quitté son bain, dans l’attente de sa muse. Un jeune homme entre par effraction chez lui pour découvrir la légende du vieil artiste qui aurait arrêté le temps. Commence alors un joyeux désordre qui nous réserve bien des surprises.
Le rêveur dans son bain est une pièce éclatée, un brin loufoque. Ici, la fantaisie prend tout l’espace et rend hommage à des artisans de la fin du XIXe/début XXe siècle. La pièce joue en cela la carte de la créativité avec une formidable mise en abyme. On y croise le prestidigitateur Jean-Eugène Robert-Houdin, le cinéaste Georges Méliès ou encore le bédéiste Winsor McCay. Des figures tombées dans l’oubli, comme la plasticienne Hannah Höch ou encore la Baronne Elsa Von Freytag.
En plongeant dans l’esprit du rêveur, ces précurseurs reprennent vie. Le public assiste ainsi au tournage d’un film muet, à des tours de magie et à la conception d’une bande-dessinée grandeur nature. Ces séquences sont inventives, souvent drôles, et nous propulsent dans une représentation fantasmagorique.
La maison des merveilles
Normand d’Amour campe avec fouge ce rôle-titre anticonformiste. Un personnage avec un grain de folie qui fuit un monde désenchanté. À l’opposé, Renaud Lacelle-Bourdon est le fils cartésien, beaucoup plus lucide. Les comédiens forment un duo passion/raison qui alimente la pièce. L’un baignant dans son imaginaire débridé, l’autre ancré dans la réalité. Sébastien René est un ingénu Octave, quant à Cynthia Wu-Maheux, c’est une délicieuse ondine, créature mythologique. La distribution peut également compter sur de savoureux seconds rôles qui enchaînement des numéros comme une troupe itinérante.
Le rêveur dans son bain est une boîte à malice aux multiples tiroirs. Mais sous son apparente légèreté se cache un drame humain. Cette dimension nous surprend là où on ne s’y attend pas. La pièce questionne notamment la place de l’œuvre dans la vie d’un artiste et ses répercussions dans son entourage. Car si créer est un droit, cela ne va pas sans compromis ni une certaine responsabilité.
Ce spectacle grand public n’est donc pas que pur divertissement. Il s’agit d’une fable sur la résilience et la réconciliation. Une expérience électrisante entre émerveillement et émotions.
Superbe appréciation.
Dommage que je ne sois pas au Québec…