Le guitariste Shaun Ferguson a dévoilé tout récemment son nouvel opus intitulé La lumière de l’ombre – L’ombre de la lumière. L’album qu’il décrit comme le plus honnête et dans lequel on découvre un beau mélange des genres musicaux qui définissent son univers. Pour en savoir plus sur le processus créatif de l’album, nous avons posé quelques questions au musicien.
Tu as dis de ton album qu’il est le plus honnête que tu as sorti. Qu’a-t-il de différent ?
Il est le plus brut possible. Nous avons maximisé la sonorité naturelle, dénudée. Au niveau des arrangements aussi, j’ai opté pour l’approche avec le moins de glaçage possible. Je me suis même servi des arrangements pour élargir mon expression. Je joue pratiquement tous les instruments de l’album.
Ton album est salué par la critique et ta première Montréalaise a eu un très bel accueil. Comment vis-tu tout ça ?
Je suis tellement reconnaissant. Chacun de mes albums a ouvert de nouvelles portes et m’a propulsé plus loin. Bien hâte de découvrir les fruits de cet ouvrage! Je ressens déjà une grande satisfaction, de la gratitude ainsi qu’une grande fierté pour ce disque. Je sens que l’album représente bien où j’en suis.
Qu’est-ce qui selon toi différencie ta musicalité en studio versus celle en live ?
Pas tant de différence dans mon approche, mais dans le résultat. L’un est un moment qui sera perdu à jamais, l’autre un moment qui sera gardé à jamais. Tant pour la scène que pour le studio, la préparation se fait avant, quand le moment venue, pour moi. C’est une question d’être au présent, de faire la version du moment. Et l’improvisation, l’imprévue est autant bienvenue dans les deux cas.
Ta musique te permet de voyager beaucoup. Qu’est-ce que les voyages changent à ta création ?
Depuis le tout début, mes premières créations voyageaient. Je composais de la musique d’ailleurs, sans même pouvoir la nommer. Maintenant, ma musique m’emporte continuellement dans l’ailleurs et me fait grandir, me fait vivre. Tous ces voyages, j’en absorbe les expériences qui ensuite nourrissent mon feu intérieur. Ça recharge ma créativité, ma passion, mon énergie. Ça me permet de continuer.
Comment sais-tu que tu as terminé une musique ?
J’ai simplement arrêté de rechercher le point final dans mes œuvres. Je fais des versions présentables, enregistrables, et les laisse évoluer et grandir. À mes yeux, les pièces ont leurs propres vies. Et quand je les interprète, je les fais toujours à la saveur du moment. La finalité me bloquait beaucoup dans ma tête de perfectionniste. J’ai appris à lui accorder moins d’importance. Il n’y a pas de finalité à évoluer sur la guitare non plus.
Qu’est-ce qui selon toi fait qu’une musique n’a pas besoin de paroles pour exister ?
La musique est un langage en soi. C’est une voix, c’est un outil d’expression pour nos émotions, notre conscience, notre cœur etc… La musique est infiniment versatile, elle peut être un simple support pour les paroles, ou être sa propre lumière d’information.
Quand tu te lances dans un nouveau projet. Comment tu définis la ligne directrice qu’il va prendre ?
Ça dépend vraiment du projet, mais si je parle musicalement, comme par exemple, pour de la composition, sauf choisir l’instrument et l’accordage de mes cordes, c’est tout à propos de ne pas réfléchir, ne pas analyser, d’aller dans un état d’esprit au-delà de la calculatrice rationnelle, de ressentir et d’exprimer les chuchotements de l’âme. Mais suivant la création, l’analyse redevient primordiale pour comprendre et structurer ce qui en est sorti.
Dans ta musique, on ressent beaucoup le mélange des genres. Est-ce que c’est quelque chose auquel tu réfléchis avant ou pendant la création ?
Dans le même esprit que ma réponse précédente, d’une manière générale, je n’y réfléchis pas avant la création. C’est dans l’analyse de ce qui en ressort que je peux nommer et découvrir ce qui s’y cache. C’est une approche qui mise sur l’intelligence du cœur, sur ta propre connexion avec l’univers. Parfois, je peux être inspiré par une idée technique, par la sonorité d’un style, par le ressenti d’un instrument (généralement à cordes), c’est du cas par cas.