Pour Mouton, son deuxième solo qui succède au spectacle acclamé par le public et la critique Demain, Mehdi Bousaidan délaisse les effets technologies pour plutôt embrasser les codes de base du stand up. Une idée qui s’avère efficace pour le jeune humoriste, puisque son humour anecdotique mute vers des prises de position plus tranchantes et cinglantes.
Cela dit, ce changement de ton dans l’univers de l’artiste entraîne une confusion dans le fil conducteur du spectacle, qui elle provoque plusieurs instants d’éparpillement qui ne sont représentatifs du talent de celui qui a participé à plusieurs Bye Bye. Heureusement, les mineurs ajustements à apporter à Mouton se corrigeront fort probablement d’eux-mêmes au fil de la tournée.
Le 8 février dernier, sans projection vidéo ni éclairages clinquants, Bousaidan a foulé les planches du Théâtre Olympia pour sa première médiatique montréalaise d’un pas assuré. Il semblait prêt à transmettre au public son énergie, sa joie d’être de retour et sa colère envers les graves problèmes sociaux qu’on balaie sous le tapis.
L’humoriste démontre bien son découragement face à certaines décisions gouvernementales en débutant son spectacle par une parenthèse sur les fameux 870 millions qui seront investis – comprendre dérobés de la poche des contribuables pour réparer la toiture du Stade olympique. Ses réflexions sont si bien amenées que les rires du public apportent un certain baume face à la frustration que suscite une telle nouvelle.
Outre brièvement mentionner pourquoi la brebis est tragiquement son animal préféré, le mouton du titre renvoie évidemment au statut de suiveux qu’on associe aux Québécois. On obéit sans se questionner, sans se révolter. Et ça n’aide pas à améliorer les sombres perspectives d’avenir.
D’ailleurs, Mehdi Bousaidan, après avoir félicité les enseignants et infirmiers de se battre publiquement pour être enfin considérés à leur juste valeur, l’humoriste dans la trentaine, le répète ad nauseam que l’être humain est foutu. Il exprime brillamment pourquoi sans être fataliste. Son sourire mesquin contient une bonne dose d’optimisme.
Hormis le numéro fort réussi sur les futurs Jeux olympiques en France qui fait étalage des talents d’imitateurs de l’artiste, les autres sujets mis en place pour dépeindre le quotidien de Mehdi Bousaidan manquent de cohésion. Question que le public se sente proche de lui, l’humoriste parle de sa nouvelle conjointe, de son déménagement en campagne plus ou moins fructueux et de sa dépendance à la technologie. Or, ces blocs ne s’imbriquent pas fluidement dans le spectacle. Ils deviennent superflus et empêchent la dynamique vedette de la soirée de véritablement aller à fond dans l’humour engagé, qui lui va réellement comme un gant.
Il ne reste qu’à tondre légèrement le mouton pour que la vision de l’humoriste influence les gens à se déplacer en masse pour assister à sa prometteuse évolution artistique.
Mehdi Bousaidan est présentement en tournée partout au Québec avec Mouton. CLIQUEZ ICI pour connaître les dates et réserver des billets.