Barbier de Séville

Le Barbier de Séville : en rire jusqu’aux éclats

Nous avons assisté, samedi le 28 septembre à la première de la production du Barbier de Séville de Gioachino Rossini (1792-1868). Il s’agissait également de la première production  de l’Opéra de Montréal pour la saison 2024-2025. Cette mise en scène de Joan Font, du groupe espagnol Els Comediants, mettait en vedette le ténor québécois Hugo Laporte dans la rôle de Figaro. La soprano Pascale Spinney  chapeautait Rosina, alors que le baryton Omar Montanari se cachait derrière Bartolo.

Pour interpréter le Comte Almaviva on avait choisi le ténor Alasdair Kent, Gianluca Margheri s’était déguisé pour l’occasion en Basilio. Quant à Berta, elle était interprétée par la soprano canadienne Bridget Esler. Dans le rôle de Fiorello, on a pu reconnaître le baryton Mikelis Rogers résidant de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal. L’officier était joué par le canadien-biélorusse Jamal al Titi, alors que le metteur en scène Thomas Lussier a choisi cette fois-ci le devant de la scène pour jouer le rôle de Ambrogio.

Tout ce beau monde était supporté musicalement par l’Orchestre métropolitain, dirigé pour l’occasion par Pedro Halffter et par le Choeur de l’Opéra de Montréal. Nous avions eu le plaisir de voir  Monsieur Halffter une première fois lors de la présentation de Madama Butterfly l’année dernière. Un plaisir renouvelé encore cette année.

A scene from the Canadian Opera Company’s production of The Barber of Seville, 2020. Conductor Speranza Scappucci, director Joan Font, associate director/choreographer Xevi Dorca, set & costume designer Joan Guillén, and lighting designer Albert Faura. Photo: Michael Cooper

On peut dire que la mise en scène et les différents chorégraphies ont accentué le coté loufoque de cet opéra qui comporte une tonne d’imbroglios autour du mariage de Rosina. Joan Font s’est vraiment laissé aller à sa fantaisie dans la présentation de cet opéra, il n’a rien épargné pour amener les spectateurs, qui emplissaient la Salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts, vers des fous rires parfois incontrôlables. Les décors plutôt minimalistes, pas plus qu’il n’en faut, sauf pour la murale illuminée d’un arbre au fond de la scène ajoutaient aussi au côté comique de l’opéra. Par contre, disons qu’on a donné beaucoup d’importance aux accessoires, et ça en valait la peine.

On a qu’à penser à l’énorme piano rose qui se convertissait en secrétaire, à la  grande guitare multicolore qui servait de base pour des postures aussi abracadabrantes les unes que les autres, ou encore la rame qui sortait d’on ne sait où. Les chorégraphies qui prenaient place ici et là pour le déplacement des acteurs/chanteurs ont également contribué à ce cirque qui se mariait très bien à cet opéra. Et force est d’admettre que ce fut un succès. Tout a été mis en place pour éviter la moindre minute de platitude, et ce fut réussi, c’est certain, au-delà des attentes de Monsieur Font et ses collaborateurs. Facile d’imaginer que tout et chacun a dû s’en donner à coeur joie lors des répétitions. Et peut-être même lors de la présentation, ils se sont probablement amusés encore plus, encouragés par les réactions de l’assistance.

Les performances vocales des artistes ne sont pas non plus à dédaigner, car on parle tout de même d’un opéra, donc il va de soi que ces différentes prestations n’avaient pas été laissées au hasard, loin de là. Et là encore, ce fut un succès sur toute la ligne. Ces magnifiques voix étaient mises en valeur par le rôle qui leur avait été attribué, et encore là, la mise en scène faisait en sorte que les différents arias que nous avons entendus prenaient encore plus tout leur sens. On peut dire qu’à la sortie de la salle, les gens ne démontraient que plaisir et satisfaction de leur soirée lyrique qui leur a permis de se dilater la rate.

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