Alexandre Barrette assume son côté semi-croquant

Pour son troisième one man show intitulé Semi-croquant, Alexandre Barette joue encore plus à fond la carte du stand-up qu’à son habitude. Pour ce spectacle sans décor ni changement d’éclairages, l’humoriste de 37 ans réserve trois premières médiatiques montréalaises dans de petites salles conviviales. À l’aise dans cette sortie de zone qui permet d’approfondir la proximité avec son public, il a ouvert le bal, hier, dans un Bordel Comédie Club rempli à capacité avec une troisième offrande inégale mais sympathique qui a séduit par sa mordante ironie bien calculée.

En guise de première partie, les spectateurs ont eu droit à l’humour bon enfant de Frank Grenier qui, malgré plusieurs gags prévisibles, est parvenu à maintenir l’excitation des spectateurs. Foulant rapidement la scène sans la quitter pour plus de 100 minutes, Alexandre Barrette est apparu gonflé à bloc et confiant, ses années d’expérience l’aidant à bien masquer sa fébrilité. Pour succéder à ses spectacles Alexandre Barrette…et personne d’autre et Imparfait, l’artiste a nagé dans les lieux communs en abordant ses débuts, les emplois qu’il ne pourrait pas accomplir, le vieillissement de ses parents, ses tentatives pour perdre du poids grâce à l’expertise d’un nutritionniste de stars, la violence dans les sports et la superficialité des réseaux sociaux.

Heureusement, derrière ces thématiques peu originales se cachaient des blagues surprenantes et farouchement efficaces. Sans être croulé de rire à chaque gag , le public a constamment nourri Barrette avec des réactions tantôt enthousiastes tantôt perplexes. Le principal intéressé a facilement jonglé avec ces réceptions, prenant un malin plaisir à taquiner les gens qui ne demandaient que ça. Il faut également souligner son calme et son talent d’improvisateur vis-à-vis des commentaires impertinents qui le distrayaient lui et la plupart de l’auditoire. En plus de sauver la mise, son impeccable sens de la répartie forçait l’admiration.

Malgré quelques passages à vide, surtout vers la fin du spectacle, son écriture truffée d’observations créatives et hilarantes atteignait la cible. Le choix des mots et des images qu’ils provoquent a donné lieu à de véritables bijoux comme l’origine de l’escrime, l’illogisme derrière le terme chauve-souris et les fameux throwback sur Facebook qui n’ont rien de révolutionnaire. Bien qu’on aurait aimé plus de moments croustillants, on comprend, avec ce spectacle, qu’Alexandre Barrette est un baveux avec un éternel cœur de Calinours!

Alors qu’Imparfait a vendu 100 000 billets, Semi-croquant, qui en à ses premiers balbutiements, a déjà trouvé plus de 25 000 preneurs. Gageons que le spectacle connaîtra un succès similaire, et c’est tant mieux car on a besoin de l’humour authentique et finement travaillé d’Alexandre Barrette.

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média