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alt-J et Portugal. The Man soulèvent la Place Bell!

Hier soir à la Place Bell de Laval, alt-J et Portugal. The Man s’affrontaient métaphoriquement et musicalement pour une soirée aussi endiablée que psychédélique. Les nombreux spectateurs ont embarqué comme il se doit dans ce savoureux délire rock et onirique.

L’affiche promotionnelle de la tournée emprunte à l’esthétique vintage des combats de boxe des années 30 en promettant un programme de 3 rounds (incluant la première partie de Cherry Glazerr qui a offert une efficace leçon de rock brut) sans streaming, que du live. Et du gros son live, les deux formations en ont solidement servi! Assez pour combler les grandes attentes de leurs fans.

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Originaire de Wasilla, une petite localité du borough Matanuska-Susitna en Alaska, Portugal. The Man a débuté son segment avec toute l’excentricité et la fougue qu’on lui connaît. Le chanteur John Gourley, parfaitement conscient que les Terres sur lesquelles il est né ne sont pas les siennes, a invité sur scène un Indigène en guise de geste modestement et humblement réparateur face aux terribles injustices vécues par son peuple. Ce dernier a béni la foule de la grâce de la terre Mère. Un moment étonnant, nécessaire et touchant qui n’était cependant pas très représentatif du reste de la performance!

Les membres prenaient place à l’intérieur d’un champ de tiges lumineuses alors qu’un imposant écran trônait derrière eux. Sans plus attendre, le rock alternatif du groupe a intensément résonné dans l’amphithéâtre. Rien à voir avec les extraits plus funky célèbres dont le nouveau single What Me, Worry?  ainsi que la maintenant milliardaire sur Spotify Feel It Still et l’accrocheuse Purple Yellow Red and Blue qui ont survolté la foule en fin de parcours.

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Les projections artistiques diffusant des images répétées et hypnotiques se mariaient parfaitement à la décision du band de présenter les pièces sans pause entre elles. Un choix audacieux qui a rehaussé le caractère créatif de la performance. En effet, il était intéressant de ne pas toujours savoir quand un morceau commençait et quand il se terminait. Par contre, l’abondance de fumée blanche noyait la portée des bâtons de lumière, ce qui empêchait de bien voir les visages des membres de la formation. Ce n’est seulement que vers la fin du concert qu’on a pu légèrement les distinguer. Dommage.

Question de se faire désirer plus longtemps pendant l’entracte, le plat de résistance a instauré un rideau violet à volant qui laissait présager une belle surprise visuelle, et le public survolté n’a pas du tout été déçu par la mise en scène grandiose que réservait alt-J.

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Un aquarium de 9 faces dans lequel trônait le trio britannique sur une plateforme a emballé la foule dès la levée du rideau. Au son de Bane, extrait de The Dream, le quatrième album de la formation paru en février 2022, alt-J a déclenché sans plus attendre une expérience multisensorielle et métaphorique remplie de sons galvanisants et de visuels si réalistes qu’on avait l’impression de pouvoir toucher aux textures et vivre leurs mouvements envoûtants. Les faces du rectangle étant des écrans translucides, des projections entouraient les musiciens et donnaient l’impression qu’ils vivaient en chair et en os les enjeux des images montrées. Le tout était surplombé de pylônes s’illuminant au rythme des mélodies.

Sur Bane, c’était une douce orgie de bougies blanches pour créer une ambiance intime dans un amphithéâtre, et c’était vachement réussi. Sur Tessellate, ce n’était rien de moins que la galaxie! Sur Dissolve Me, des vagues inversées submergeaient les membres, faisant même accroire qu’elles les gelaient! Sur Taro, un somptueux jardin de fleurs roses se construisait graduellement. Et chacune des 21 pièces possédait ses propres illustrations et univers, lui conférant des airs de tableau somptueux à interprétation libre. Le dernier opus se nomme The Dream, et c’et exactement cette atmosphère tantôt onirique tantôt angoissante mais toujours psychédélique qu’alt-J a donnée.

Un décor aussi immersif et impressionnant demande un focus olympien de la part des musiciens qui ont une vue du public plus obstruée qu’à la normale et qui doivent tout de même continuer d’afficher de la présence tout en s’assurant que leur musique demeure la vedette principale. Chapeau!

Et le public dans tout ça? Émerveillé et drôlement participatif! Un tonnerre de voix se faisait entendre clairement malgré le fort volume de la musique sur les pièces In Cold Blood , la quasi a cappella Ripe&Ruin et Tessellate lors de laquelle l’aquarium s’est levé vers la fin pour troquer les poissons animés pour Matilda qui a fait autant de vague chez l’audience. Audience qui, obnubilée par l’incroyable spectacle visuel et les rifs planants du guitariste et chanteur Joe Newman, sortait que rarement les cellulaires. Pour vivre l’expérience à fond, beaucoup de jumps à l’unisson et une marrée de mains au parterre bien hautes qui brandissaient fièrement ses bracelets d’admission oranges. Comme cette communion en chair et en os donnait des frissons!

À l’instar de leur spectacle donné dans le cadre du Festival international de Jazz de Montréal en 2019, les membres d’alt-J sont demeurés bien sages et presque immobiles à leur station musicale respective, sans faire de pause entre les pièces, sauf pour les adorables interventions dans un français du claviériste Gus Unger-Hamilton, et c’était parfaitement vivant, vibrant et captivant ainsi!

Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média