La passion précieuse d’Ariane Moffatt

Hier soir, au Centre Never Apart, Ariane Moffatt a lancé son sixième album, Petites mains précieuses, qui sera disponible en magasin et sur les plateformes de téléchargement à compter du 19 octobre. La fragilité et la reconnaissance ressenties après la naissance prématurée de son fils George il y a plus d’un an ont fait germer en l’auteure-compositrice-interprète un disque totalement imprévu qui témoigne d’une liberté créatrice sans pareil.

Petites mains précieuses met de l’avant des textes lourds et sombres baignés dans une pop accrocheuse à la fois dansante, planante et rétro qui ne dépaysera toutefois pas les admirateurs de la première heure qui reconnaîtront la touche bien personnelle et singulière de l’artiste. Afin de célébrer à sa juste valeur cet album qui s’est imposé à elle, Ariane Moffatt lui a réservé une fête sous le signe de la passion à plusieurs niveaux.

Il y a eu la passion de l’art. Le choix du Never Appart n’était pas du tout anodin. Au sein des expositions de style artpop qui régnaient dans le centre, Ariane a instauré son propre labyrinthe de création. Dans tous les recoins se trouvaient des références à l’album dont deux salles de projections (l’une diffusant le documentaire Petites mains précieuses  retraçant l’envers du projet et l’autre des vidéoclips de l’album) et un poste d’écoute pour découvrir le fabuleux son de la version en vinyle. L’exploration du lieu, bien qu’il y avait plusieurs invités entassés, se déroulait rondement et dans le plaisir grâce à la présence d’un DJ et des délicieuses bouchées du chef Danny St-Pierre!

L’esthétique léchée et très années 70 derrière PMP résonnait également dans tout l’édifice grâce à des toiles d’aluminium et des photos géantes de l’album placardées sur les murs ainsi qu’à l’intérieur de la petite piscine extérieure. Au-delà de la sublime pochette aux teintes pastels signée Kelly Jacob , on pouvait observer des images des yeux d’Ariane couverts de diamants  et de  ses mains qui s’entrecroisent, référence directe au titre de l’album qui lui a été inspiré par la fascination de son fils Henry envers les mains de son petit frère. Toutes les émotions et les changements qu’incarne ce sixième opus étaient constamment palpables lors de ce lancement certes glamour mais qui ne versait jamais dans la luxure pompeuse.

Il y a, bien évidemment, aussi été question de la passion de la musique. Pour bien représenter l’ambiance authentique dans laquelle l’album a été conçu, Ariane Moffatt a délaissé la tradition de chanter quelques nouveaux titres pour se limiter qu’à un et ainsi offrir un véritable et émouvant moment de sens le plus loin possible des téléphones intelligents et des conversations en sourdine. Debout sur une table, elle a livré  Du souffle pour deux, pièce qui ouvre l’album et qu’elle a dédié à sa femme Florence, des étincelles humides dans les yeux. Même si Ariane était accompagnée de talentueux musiciens et complices tels que Joseph Marchand et Mélissa Lavergne, la performance possédait un aspect presque a cappella grâce à son spectre vocal polyvalent et saisissant qui transperçait la salle sans l’aide d’un micro.

Finalement, Ariane Moffatt a démontré tout sa passion envers sa famille, ses amis et les gens qui l’appuient. L’une des raisons pourquoi une seule pièce a été entendue résidait aussi dans ce besoin de remercier ceux qu’elle aime en prenant simplement sans se presser du temps pour eux. La soirée s’est donc avérée complètement décontractée, magnifique et lumineuse, tout comme la chanteuse qui n’a jamais paru aussi épanouie autant dans sa manière d’écrire que de livrer ses créations.

Dès le 17 novembre, Ariane Moffatt sera en tournée partout à travers la province. Elle fera d’ailleurs sa rentrée montréalaise le 22 février 2019 au MTELUS. D’ici là, savourez bien cet album qui fait autant danser que réfléchir sur, entre autres, l’Alzheimer et l’amour au temps de l’individualisme…

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média