Black Bear : mise en abyme anxiogène ★★★

Disponible depuis le 4 décembre sur les services de vidéo sur demande, Black Bear, quatrième long-métrage de Laurence Michael Levine livre un récit audacieux mais maladroit sur les apparences trompeuses et les tourments existentiels.

Aubrey Plaza incarne Allison, une scénariste qui figure dans ses propres films. Pour l’écriture de sa prochaine œuvre, elle loue un chalet occupé par Blair (Sarah Gadon) et Gabe (Christopher Abbott). Bien vite, elle créera des tensions au sein de ce couple chancelant attendant leur premier enfant. Manipulations et séduction deviendront les mots d’ordre de cette escapade brouillant les cartes entre la réalité et la fiction.

Black Bear s’appuie allègrement sur l’humour noir et sarcastique pour déployer une trame narrative efficace axée sur les relations amoureuses fragiles et les méandres de la création. Le climat y est oppressant, anxiogène. Un huis clos teinté de malaises dans un paysage paradisiaque. Même si on sait que les jeux que se livrent les protagonistes sont infiniment malsains, on ne peut détourner notre regard.

Les dialogues sonnent vrais et sont joués avec un abandon saisissant. Sarah Gadon et Christopher Abbott interprètent avec nuance un couple complexe mais attachant. De son côté, Aubrey Plaza prouve encore une fois son immense versatilité et qu’elle devrait être une actrice encore plus populaire et prisée qu’elle ne l’est présentement. Alors qu’on peut la voir depuis quelques semaines dans la comédie romantique Happiest Season où elle incarne une sympathique docteure lesbienne n’aspirant qu’au bonheur, elle donne ici froid dans le dos avec son regard menaçant qui traduit habilement tout son narcissisme.

À mi-parcours, le film se transforme en une mise en abyme, plus précisément en un plateau de tournage. L’idée est une bonne métaphore sur la création et donne lieu à une multitude de théories (par exemple que le couple ne soit qu’un fantasme d’Allison en pleine séance d’écriture) qui suscitent des introspections intéressantes. Cependant, elles prennent vie dans une certaines confusion qui déroute souvent les cinéphiles sans but précis.

Malgré ces quelques imperfections scénaristiques, il n’en demeure pas moins que Black Bear est un objet captivant et extrêmement bien joué qui symbolise un avenir prometteur pour Laurence Michael Levine.