Brigitte Boisjoli signé Plamondon : de folles émotions!

Après avoir rendu hommage à Patsy Cline avec brio et un franc succès en 2015 avec un album couronné du Félix du meilleur album réinterprétation-country, Brigitte Boisjoli persiste et signe en honorant l’un des plus grands paroliers du Québec, le légendaire Luc Plamondon. Près d’un an après la parution de l’album  Signé Plamondon, l’interprète a présenté, hier soir au Théâtre Maisonneuve, la première montréalaise de ce spectacle qui s’est avéré être parfaitement à l’image divertissante, rassembleuse, énergique et hilarante qu’elle projette.

Fière de réaliser son rêve de se produire en solo à la Place des Arts, Brigitte Boisjoli, vêtue d’un imperméable cachant un tank top à paillettes dorées et un pantalon noir bouffant, a débuté dans la douceur avec un extrait de Monopolis avant de se lancer dans une série d’interventions savoureuses où elle expliquait la genèse de l’album, son historique farfelu avec certaines chansons et comment sa relation avec Luc Plamondon, qui était présent dans la salle, a pris forme. Faisant de l’autodérision avec son hyperactivité et taquine avec ses musiciens, celle qui imitait avec amour le marmonnement unique de Plamondon a embrassé sa spontanéité avec une transparence si attachante que les spectateurs ont pardonné sans peine ses quelques écarts dans les discours.

Il faut dire que la chanteuse réservait de belles surprises sur le plan vocal. Appuyée par un décor dynamique mettant en vedette un écran géant diffusant  tantôt des projections abstraites tantôt des devantures de magasins (les fins observateurs ont pu découvrir des clins d’œil à l’univers de Starmania), Brigitte Boisjoli a offert un résumé qui englobait bien l’ensemble de l’oeuvre de Plamondon, privilégiant évidemment au passage Starmania et les grands succès commerciaux de Céline Dion et Diane Dufresne. Ayant retravaillé les pièces avec l’auteur-compositeur, la chanteuse a proposé des réarrangements originaux qui ont permis de faire vivre autrement des chansons extrêmement célèbres.Ce fut particulièrement le cas sur une version plus riche en percussions de La complainte de la serveuse automate ainsi que sur la reprise acoustique de Je danse dans ma tête popularisée par Céline Dion qui accentuait la densité et la lucidité du texte. Idem pour la sensualité qui émanait de Question de feeling interprétée en duo avec Jean-Philippe Audet.Le  public enthousiaste ne s’est pas fait prier pour chanter avec coeur et sans hésitation lorsque Brigitte lui tendait le micro.

Consciente qu’elle s’attaquait à des pièces mythiques incarnées par des interprètes incomparables, la chanteuse a avoué aimer que ces voix teintent la sienne. On ressentait tout de même sa touche personnelle grâce à une tessiture vocale à la fois puissante et nuancée. Elle a prouvé être une interprète qui ne fait pas que hurler des notes, mais qui vit sincèrement chaque mot. Polyvalente, elle a relevé haut la main le défi de faire le Rill pour rire livré autrefois par Diane Dufresne, chanteuse dont la folie rappelle celle de Brigitte Boisjoli selon l’avis d’un certain homme aux lunettes noires. Pour jouer ce titre au débit fort rapide, Brigitte n’a pas lésiné sur les costumes rigolos rappelant  »une pochette de Beau Dommage » a créer un effet chaleureux et sans prétention.

Véritable boule d’énergie qui court de bord à l’autre de la scène (même dans les rangées du parterre) sans s’essouffler, Brigitte Boisjoli a affiché son côté plus vulnérable lors de la seconde partie. Vêtue d’une splendide cape blanche qu’elle a gardé le temps de Hymne à la beauté du monde, l’interprète a pris le temps de témoigner tout son amour envers le public. On la sentait sincère, émue et infiniment reconnaissante. Oui, il y a eu l’incontournable et intense Oxgène livrée sans la moindre anicroche, mais, par la suite, Brigitte a décidé de séduire les spectateurs avec un torrent d’émotions plus calmes et centrées sur le cœur, chose qui lui allait également à merveille. Accompagnée de Christian Marc Gendron au piano et à la voix, elle a offert dans son style bien à elle avec d’accrocheuses notes étirées lors des refrains Je t’oublierai, je t’oublierai, chanson chantée par Isabelle Boulay qui la ramène à sa première rupture déchirante.

En guise d’introduction pour un intéressant medley revisitant quelques slows écrits par Plamondon tels que Danse avec moi et Pour une histoire d’un soir,  Brigitte a eu recours à d’hilarantes images qui laissaient peu de place à l’imagination pour raconter son premier baiser. Un vrai numéro de Gala Juste Pour Rire! Sa personnalité attachante et dynamique a dévoilé une couleur plus touchante lorsqu’est venu le temps de chanter L’amour existe encore, magnifique texte profondément actuel qu’elle a dédié à sa fille Charlie. Malgré la fragilité dans sa voix, Brigitte s’est laissée porter par la douce mélodie et la triste révolte qui l’habitait avec une telle sincérité que les spectateurs ne pouvaient qu’être touchés par cet élan du coeur. D’ailleurs, cette performance a été soldée par une ovation debout plus que méritée. Cette ovation a été suivie d’une autre peu de temps après pour la finale à la fois grandiose et épurée alliant Le blues du businessman et Le monde est stone.

Le spectacle s’est véritablement conclu avec la présence de Luc Plamondon sur scène. Tout le Théâtre Maisonneuve a alors entonné a capella le tendre ver d’oreille Ma mère chantait. Un moment tout simplement inoubliable! Lors du concert, Brigitte Boisjoli a affirmé adorer faire des reprises, et a assuré qu’elle a encore plein de projets à ce niveau. Nul doute qu’ils seront à surveiller et qu’ils continueront d’augmenter le nombre de spectateurs dans les salles. 😉

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média

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