Carnets de fuite : la noyade des échappatoires

Alors que plusieurs célèbrent la fin du défi de 28 jours sans alcool du mois de février à grands coups de verres de vin et de bouteilles de bière,  Éliane Gagnon rappelle, avec la promotion de son récit Carnets de fuite, que la lutte contre la dépendance aux drogues est un combat quotidien pour bien trop de gens. Avec son livre, elle raconte comment le chemin vers l’amour propre et la sobriété est possible. Qui plus est, même si ces faits vécus relatant un drame épouvantable inondent les libraires, le témoignage de la comédienne connue pour ses rôles dans Ramdam et Féminin/Féminin s’éloigne brillamment de l’autobiographie classique.

Hantée par l’absence de son père, la jeune Éliane succombe rapidement aux plaisirs illicites qui abondent dans son quartier pauvre de Montréal. À la fois sage et rebelle, elle se raccroche à l’appel des planches et au désir d’être adulée de tous. Hélas, les vices prennent toujours le dessus, avec toutes les conduites dangereuses, les relations sans lendemain et les fuites dans des contrées lointaines que ça implique. Sur le plan littéraire, cette histoire multiplie habilement les genres (journaux intimes, notes recueillies pendant des voyages, chroniques écrites sur des blogues web…) afin de constamment captiver le lecteur et lui faire ressentir des émotions de manière originale.

Passionnée par l’écriture, Éliane Gagnon démontre son talent et sa pertinence en dévoilant son histoire par le biais de deux alter ego : Lili-Love et Lili-Destroy. L’utilisation de cet ange fragile et de ce démon sournois permet de s’immiscer plus personnellement et poétiquement dans cette poignante livraison crue et sincère. Sobre depuis 2016, celle qui a crée soberlab pour aider ceux aux prises avec les mêmes fantômes impressionne par son courage et son humilité. Elle raconte sans pitié et complaisance des moments peu glorieux avec une franchise désarmante qu’on finit par comprendre au lieu de juger. Les répétitions du message sur l’importance de s’aimer lassent vers les dernières pages, mais elles sont facilement excusables compte tenu du contexte.

Carnets de fuite est aussi le point de départ d’une auteure prometteuse ayant un cruel besoin de se libérer, et pas seulement de son passé, mais aussi d’histoires fictives qui pourraient sensibiliser à d’autres enjeux sociaux touchant les milléniaux. Espérons donc qu’Éliane Gagnon demeurera longtemps dans le paysage littéraire. Pour plus de détails sur le travail de soberlab, cliquez ici. Carnets de fuite est disponible en magasin.

Crédits Photos : Libre Expression