Chamboultout : être au plus proche de la réalité

Chamboultout suit Béatrice (Alexandra Lamy) et Frédéric (José Garcia), un couple sincèrement amoureux avec trois enfants, qui voient sa dynamique totalement changée lorsque Frédéric, à la suite d’un accident en scooter , perd  la vue et la mémoire à long terme, ce qui le rend fréquemment- pour ne pas dire constamment- impatient, affamé et insatisfait.

Avec ce troisième projet qui succède aux populaires comédies Retour chez ma mère et L’embarras du choixl’actrice Alexandra Lamy et le réalisateur Éric Lavaine flirtent de manière plus marquée avec le drame, choix qu’ils ont affirmé ne pas être prémédité lorsque rencontrés dans le cadre d’une tournée promotionnelle québécoise. « Quand j’écris un film, je ne me pose pas la question de savoir si je vais faire un énorme drame ou une comédie, a affirmé Lavaine. La comédie, c’est aussi une façon de faire passer des messages, mais il ne faut pas qu’elle vienne tuer la réalité du propos, en l’occurrence les épreuves incroyables que traverse cette famille.»

Chamboultout s’inspire très librement du livre autobiographique La course course de la mouette de Barbara Halary-Lafond«Barbara, que je connais bien, m’a fait lire son livre. Il m’a beaucoup touché, mais je ne pensais pas en faire une adaptation cinématographique. Par contre, quand j’ai vu les réactions de ses amis sur le livre, je me suis dit qu’il y avait là un sujet.» a expliqué le réalisateur qui avait envie d’exprimer ce chamboulement avec un titre assez original. « Je cherchais un titre un peu concept comme Barbecue et Incognito. J’aime bien les titres assez courts. Ça s’appelle Chambouletout parce que cette femme a connu deux chamboulements dans sa vie : l’accident de scooter de son mari et la sortie du livre avec ses conséquences dans le groupe d’amis et la famille.»

Alexandra Lamy a rapidement et tendrement embrassé les forces et travers de  sa Béatrice  qui peuvent peuvent parfois rendre les spectateurs très enclins au jugement facile. « Le public prend l’histoire au fur et à mesure. C’est intéressant de ne pas tout lui donner dès le début du film. Même si elle est une aidante naturelle, Béatrice pense aussi à elle en tant que femme, et c’est ça qui est formidable. C’est le jugement des autres qui est terrible. En même temps, c’est humain. C’est d’ailleurs ce que j’aime beaucoup dans le cinéma d’Éric ; il est au plus proche de la réalité.»  

C’est d’ailleurs pourquoi, sans entrer dans l’obsession, la méthode actor’s studio s’est installé entre les membres de la distribution. «Si on ne croit pas au personnage de José Garcia, le film est mort. Il fallait qu’il reste extrêmement concentré  et isolé comme son personnage parce que c’est un rôle très difficile et qu’on avait seulement deux mois de tournage. En même temps, c’était pas mal qu’il nous ait imposé son personnage. J’ai appris à venir vers lui plus délicatement, expliquait-elle. Nous avons tourné en province, et j’adore ça, car on reste tout le temps sur le film, on ne peut pas rentrer chez soi et se perdre dans le quotidien familial. Comme on avait en plus besoin de créer cette amitié pour rendre le film le plus juste possible, on restait à l’hôtel le soir, on parlait, on mangeait, on buvait des coups!»

Incarner et mettre en scène un personnage sans filtre comportent un risque élevé de cabotinage, et Éric Lavaine et José Garcia en avaient bien conscience. «Comme le personnage de José Garcia a, à la base, de grosses caractéristiques, il ne fallait surtout pas en ajouter. On s’est limité sur des choses qui sont dans la réalité d’une personne qui aime manger et qui pense que ses enfants ont toujours le même âge depuis 5 ans.» Les cinéphiles habitués de se bidonner  avec le cinéma de Lavaine ne seront donc pas déstabilisés par cette approche ni par l’aspect choral et rassembleur du film. « La plupart des choses qui nous arrivent se passent en groupe. On passe nos vacances entre amis et en famille, et c’est cette vraie vie-là que j’aime montrer même si c’est parfois plus difficile à filmer! Quelqu’un m’a fait remarquer qu’on mange beaucoup dans mes films, mais il n’y a que ça qui nous intéresse! On parle de bouffe avant, pendant et après le repas! J’aimerais, une fois, recevoir des amis et leur dire qu’on ne mange pas pour voir leurs réactions! (rires) ».

La majeure partie du film se déroule à Biarrtiz, une station balnéaire enchanteresse d’où se dégagent des émotions très puissantes. « On a eu de la chance car la météo correspondait aux états d’âme de Béatrice. Quand elle allait bien, il faisait beau, et quand ça devenait plus tendu avec son entourage, il faisait tempête!», a déclaré Lavaine. Après un troisième film ensemble, Éric Lavaine et Alexandra Lamy partagent également un lien extrêmement fort. «On n’a même pas besoin de se parler. En un regard, on se comprend. Il n’y a pas de mécanique entre nous, a soutenu l’actrice. Ce qui est formidable avec Éric, c’est qu’il accepte vraiment l’échange.»

Leur  quatrième collaboration est déjà en chantier ; il s’agit de la suite de Retour chez ma mère. Au moment d’écrire ces lignes, Éric Lavaine en est à peaufiner le scénario de ce second opus qui s’appellera Un tour chez ma fille. Pour ceux qui craignent la redite, l’artiste s’est montré rassurant. «Je veux offrir un film qui fait plaisir aux gens. Je ne veux pas qu’ils pensent que c’est un coup d’argent. Dès le succès de Retour chez ma mère, on m’a proposé de faire une suite et je ne voyais pas la pertinence. C’est en courant que j’ai eu l’idée d’un titre. Un tour chez ma fille…ça sonne bien! C’est là que j’ai imaginé que le personnage interprété par Josiane Balasko, Jacqueline Mazerin, doit faire des travaux chez elle. Ses enfants organisent un tirage au sort pour savoir qui va l’héberger. Ce qui est dingue, c’est qu’il y a plein de clins d’œil et d’équivalence au film précédent, mais sur un autre mode. Ça va vraiment être très très drôle! Sans dévoiler un scoop, Jacqueline sera elle-même confrontée à sa mère qui la traite comme la plus vieille ado de France!» 

Chamboultout sera à l’affiche au Québec dès le 3 mai à Montréal,  à Boucherville, à St-Eustache, à Beloeil et à St-Adèle. Les horaires complets sont disponibles ici. Un tour chez ma fille devrait prendre l’affiche en France en 2020.

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média