Axel du Cirque du Soleil : trop c’est comme pas assez

Le Cirque du Soleil est de retour pour une 48e production, et c’est loin du grandiose spectacle auquel le public est habitué avec cette troupe. On n’oubliera jamais Alegría. Son univers captivant, sa musique envoûtante et ses prouesses acrobatiques ont touché des millions de spectateurs depuis 1994, mais Axel n’est pas celui qui ravira votre cœur. Cette nouvelle création se présente comme une étrange mutation entre acrobatie de haute voltige et patinage artistique. Un mariage de genre qui mènera assurément au divorce.

Axel, incarné par le chanteur Jayden Sierra, est un jeune musicien introverti passionné par le dessin. Il tombe amoureux d’une jeune femme, Lei, interprétée tour à tour par Miyu Nakashio et Soyoun Park, qui devient le sujet principal de toutes ses créations visuelles. Dans son imaginaire, elle possède un talisman magique, l’Étoile Brillante, et elle est la chef d’une armée de samouraïs, les syndics. Son ennemi juré, le grand méchant Vï, interprété par Jeremy Ten et Nicolas Montes de Oca. Il est le chef de la Corporation et tente par tous les moyens de s’emparer du talisman.

Axel est aussi accompagné d’un chien aspirateur, Steel (la marionnettiste Caroline Bernier-Dionne lui donne vie), ainsi que d’un superhéros qu’il a créé, Quartz, interprété par Alexis Bernatchez. Ce dernier vous impressionnera lors d’un numéro de diabolo sur patin avec un second acrobate dans les airs. Et ce n’est pas le seul moment qui vous fera retenir votre souffle. Plus tard, un autre acrobate y interprète un superbe numéro d’équilibre sur échelle, un duo trapéziste virevolte dans les airs alors que des patineurs sur échasse effectuent des pirouettes, et ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de voir des patins pyrotechniques!

Malgré l’immense talent des artistes sur la glace et dans les airs, ce spectacle manque de cœur. Le personnage d’Axel est effacé, un peu fade. L’histoire est reléguée en arrière-plan et il est quasi-impossible de démystifier cet enchevêtrement d’intrigues. La forme grotesque de la patinoire devient vite un obstacle pour les talentueux artistes qui n’ont jamais vraiment l’occasion de briller, car ils sont toujours accompagnés de plusieurs autres performeurs dans les airs ou sur la glace avec eux. Il y a tellement à voir que parfois on ne voit rien!

Pour les acrobates, qui ont dû apprendre à reproduire leurs numéros en patins, il est douloureusement évident qu’ils ne sont pas dans leur élément. Et c’est sans parler des risques qu’ils prennent à performer avec des lames tranchantes aux pieds. Le numéro avec des sauts en élastiques, alors que des patineurs performent en dessous sur la glace, est un des plus terrifiants ! Les meilleurs moments du spectacle sont lorsque la production n’essaie pas de mixer acrobaties et patinage artistique.

Les choix musicaux du compositeur Philippe Brault sont une autre grande faiblesse de ce spectacle. En tentant de connecter avec un public plus jeune et familial, Axel se retrouve gravement handicapé par des choix musicaux peu inspirés tel que Diamonds de Rihanna, You Should Be Dancing des Bee Gees et Jump Around de House of Pain. Ceux-ci sont interprétés par un groupe de cinq musiciens et chanteurs.

Le spectacle est aussi accompagné de projections vidéo, sur glace et écran, et on peut remercier le concepteur Adam Hummel pour ces créations psychédéliques qui accompagnent à merveille les numéros. La course de petites voitures, qui fait un peu penser au film Tron, en fera sourire plus d’un. Les costumes de Nicolas Vaudelet et le maquillage de Maryse Gosselin sont tapageurs, comme le veut le reste de la production, mais tout aussi superbes.

Axel plaira assurément aux plus jeunes, tout particulièrement pour les sabres laser et la balançoire russe, qui a suscité beaucoup de réactions dans la salle, mais le résultat n’est pas à la hauteur des précédentes créations du Cirque du Soleil et on s’interroge un peu sur les choix de l’équipe de production.

Axel est présenté au Centre Bell du 19 au 29 décembre 2019.

Crédits Photos : Angeline Gosselin, Éklectik Média

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