Béatrice Martin

Coeur de pirate fait scintiller l’Église Saint-Jean-Baptiste

Coeur de pirate a enfin présenté hier soir le spectacle acoustique qu’elle devait donner dans le cadre de POP Montréal en mars 2020…Deux ans plus tard, après une interminable pandémie qui n’en finit plus de finir, elle retrouvait finalement son public montréalais pour une chaleureuse soirée dans le confort de l’Église Saint-Jean-Baptiste.

Nombreux, ses admirateurs lui ont démontré tout au long du spectacle à quel point elle leur avait manqué en étant participatifs, attentifs et extatiques aux moments opportuns. Même lors de la première partie, qui a magnifiquement été assurée par l’artiste émergente thaïs , l’audience s’investissait sincèrement et se laissait bercer par les envoûtantes et douces mélodies pop de la jeune québécoise d’origine française.

Béatrice Martin
Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Représentée par l’agence de talents BRAVO musique, qui a comme propriétaire une certaine Béatrice Martin,  thaïs a sans aucun doute été une belle découverte pour bien des spectateurs. L’auteure-compositrice-interprète a dévoilé quelques pièces mélancoliques mais lumineuses et infiniment personnelles de son tout premier EP, Paradis artificiels, paru en 2020. Elle a également montré tout le potentiel de sa voix sur sa reprise du titre Blanche d’Ariane Moffatt issu de l’album Aquanaute qui fête d’ailleurs ses 20 ans. Ariane Moffatt fera paraître pour l’occasion le 8 avril une version 2022 de son premier opus dans laquelle elle reprend les chansons avec des artistes de la relève qui ont l’âge qu’elle avait lors de la création l’album. Et, évidemment,  thaïs y participe…

Quelques minutes plus tard, Coeur de pirate, vêtue d’un splendide deux pièces dorées pailletées à manches victoriennes qui, de son propre aveu, fait référence à Liberace , a fait son apparition seule sur scène sous une pluie d’exclamations. Dès les premières secondes où elle a entonné les somptueuses notes de C’était salement romantique, le public savait qu’il aurait droit à un spectacle envoûtant rempli de surprises et de nostalgie. Il faut dire qu’on est loin du concert qui était prévu en 2019, car, en plus ou moins deux ans, l’auteure-compositrice-interprète a donné naissance à deux nouveaux albums, l’instrumental Perséides et le disco pop Impossible à aimer, et à un garçon de dix semaines qui porte le joli nom d’Arlo Flynn.

Béatrice Martin
Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Utilisant brillamment quelques extraits de Perséides en guise de transition aux pièces issues de ces cinq autres albums, l’artiste n’a pas tardé à prouver sa maîtrise du piano et à afficher une assurance retrouvée dans sa voix, elle qui a subi une importante opération vocale il y a plusieurs mois. Dans le grandiose écho procuré par la maison de Dieu, sa tessiture vocale dégageait une rafraichissante liberté qui permettait de découvrir autrement les textes empreints d’amères déceptions sentimentales aromatisés d’un doux fantasme de vengeance.

Ce n’est pas seulement avec ses mots, sa voix et sa musique que Béatrice Martin a instauré son univers. Pour appuyer sa discographie mélancolique souvent agrémentée de mélodies plus festives, deux demi-lunes d’une grandeur différente ornées de paillette contrastaient avec les couleurs plus neutres de l’église. Reflétant avec scintillement les couleurs pastels omniprésentes dans l’esthétique entourant l’album Impossible à aimer, ce décor d’apparence simple apportait juste ce qu’il fallait de spectaculaire pour dynamiser la mise en scène.

Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Plusieurs moments forts ont ponctué la soirée. La version acoustique de Dans la nuit, dénuée du segment rappé par LOUD, donnait des frissons. On s’aimera toujours, extrait radiophonique d’Impossible à aimer, rare chanson d’amour positive et inspirante de Béatrice Martin, a procuré de nombreux sourires et de nombreuses envies de se lever et danser librement. Étau pour quelques chansons d’Impossible à aimer qui sonnaient comme une tonne de briques colorées, Combustible a jouit d’une sublime version instrumentale.

Sa douce reprise de Mistral Gagnant a également donné lieu à un beau moment de recueillement, au même tire que les indémodables Crier tout bas et Oublie moi. T’es belle, ce puissant et accrocheur hymne féministe, a aussi fait belle figure avant les traditionnels rappels ou, comme Béatrice Martin aime bien les baptiser les chansons pour lesquelles vous êtes venus ce soir!

Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Évidemment, parmi les quatre rappels proposés, Comme des enfants a enivré le public, mais l’apparition surprise de Mon Doux Saigneur sur Le monopole de la douleur a également laissé une mémorable impression.

Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média