Concert d’ouverture de l’OSM: ce n’est qu’un début!

Hier soir, mercredi le 18 septembre, nous avons pu assister à la reprise du Concert d’Ouverture de l’OSM à la Maison Symphonique de la Place des Arts. Ce concert nous a fait vivre toute une gamme d’émotions. Sous la direction du maestro Kent Nagano, ce concert avait à l’affiche une carte qui pouvait satisfaire les plus difficiles.

Tout d’abord, Madame Madeleine Careau  directrice-générale de l’OSM, nous a offert un mot de bienvenue puisqu’il s’agissait également du premier concert de la série Les grands concerts du mercredi, tout en nous faisant part du départ imminent de l’OSM pour une tournée sud-américaine et américaine. Nous avons pu, ensuite, nous régaler avec une oeuvre de Arnold Schoenberg (1874-1951) intitulée Six pièces pour choeur d’hommes, op.35, dont Inhibitions qui fut chantée a cappella de même que La loi qui fut suivie de  Expression avec arrangement pour orgue. Bonheur a ensuite suivi, et ce fut en effet un pur bonheur. Par la suite, nous avons pu entendre Mercenaires, une autre pièce arrangée pour l’orgue. À noter que Jean-Willy Kunz et Adrian Foster se sont partagés l’orgue pour chacune de ces pièces. Et finalement, ce fut Obligation. Une oeuvre qui fut, dans l’ensemble, un régal pour l’ouïe avec ses différentes interprétations. De merveilleuses combinaisons toutes aussi agréables les unes que les autres!

Ce fut suivi de la Rhapsodie sur un thème de Paganini, op. 43, de Sergueï Rachmaninov (1873-1943) et il va sans dire qu’une rhapsodie sans piano ne serait pas une rhapsodie, par conséquent. C’est le fougueux Denis Matsuev qui était le pianiste invité, et quelle fougue en effet. En plus du plaisir répété d’entendre Rachmaninov, ce plaisir a été décuplé par la prestation que nous a offerte monsieur Matsuev. Les frissons me parcourent encore le corps juste d’y penser. Une finale sans égal qui a valu au pianiste autant qu’à l’orchestre une ovation qui a fait que messieurs Matsuev et Nagano ont dû revenir saluer trois fois. Puis, après l’intermission, ce fut LA prestation que tout le monde attendait : la Symphonie No 13, en si bémol mineur, ap. 11, “Babi Yar” de Dmitri Chostakovitch (1906-1975).

En 1960, c’est au grand jour que, dans sa Treizième Symphonie, il prend position au sujet de plusieurs questions éthiques et sociales qui le dérangeaient en mettant en musique des poèmes d’Evgueni Evtouchenko(1932-2017). Ce poète n’avait pas encore trente ans quand il fit mettre sous presse un poème intitulé Babi Yar, du nom d’un ravin situé près de Kiev où en 1941, avait eu lieu le massacre de plus de 30 000 juifs en deux jours, Evtouchenko par ce poème voulait notamment souligner le refus de l’Etat soviétique de commémorer dignement ce triste événement par l’édification d’un mémorial. Touché par ce poème, Chostakovitch décida de la mettre en musique. C’est cette oeuvre, d’une durée de 59 minutes que nous avons eu le plaisir d’écouter.

Pour ce faire, on avait invité la basse Alexander Vinogradov pour nous faire valoir ce magnifique poème. Malheureusement, monsieur Vinogradov, qui souffrait déjà d’une indisposition, a dû se retirer de la scène avec quelques mesures seulement, au grand désappointement de l’assistance qui, toutefois, a applaudi Vinogradov lorsqu’il a quitté la scène en compagnie de Kent Nagano, qui est revenu au bout de quelques minutes pour expliquer le départ de la basse, qui, semble-t-il, est le meilleur de toutes les basses pour interpréter cette pièce. Monsieur Nagano et l’Orchestre ont repris du début la symphonie après nous avoir expliqué que même en l’absence de l’interprète principal, nous verrions quand meme les paroles françaises et anglaises de ce poème et que notre imagination fera le reste.

Le premier mouvement appelé Babi Yar (Adagio) est une musique très prenante avec des paroles très touchantes, alors que le second mouvement intitulé Humour (Allegretto) nous fait entendre une mélodie déjà plus légère avec des paroles qui, par moment, en disent long. Quant au troisième mouvement sous en-tête Au magasin (Adagio),  c’est une ode aux femmes de l’époque alors que le quatrième mouvement Peurs (Largo) commence plutôt en douceur pour se renforcir et avec le choeur, par moment on avait l’impression d’entendre le Choeur de l’Armée rouge tant le côté russe de la musique ressortait. Pour le dernier mouvement, Une carrière (Allegretto) nous faisait entendre une musique beaucoup plus légère pour nous emporter vers une finale magnifique.

En somme, sauf le malaise subi par la basse Vinogradov, ce fut un concert d’ouverture des plus grandiloquents. Avec le talent de Kent Nagano que nous lui connaissons non seulement pour diriger l’OSM d’une façon aussi spectaculaire mais le don qu’il a aussi de nous surprendre, aucune inquiétude à avoir de ce côté-là. Ne nous attend-il pas ce soir avec la 5ième symphonie de Malher, un clin d’oeil à celle de Beethoven? C’est à voir ou plutôt à entendre.

Crédits Photos : Antoine Saito