Design intérieur : de touchantes perspectives personnelles

Du 16 au 20 juin 2021, l’auteure-compositrice-interprète Brigitte St-Aubin a présenté son solo théâtral et musical au Théâtre Jean-Duceppe, soit 3 ans après sa première dans le cadre du festival Coup de cœur francophone. Les co-directeurs de Duceppe, Jean-Simon Traversy et David Laurin, ont eu une excellente idée en remettant ce spectacle au concept rafraîchissant à l’avant-scène, car la réflexion de St-Aubin sur les perspectives que l’on choisit d’adopter s’avère touchante.

Après le décès de sa mère qui a lutté pendant des années contre un cancer des ovaires, l’artiste multidisciplinaire a plongé dans une profonde remise en question qui l’a poussé à s’inscrire au Cégep en design intérieur. Le spectacle, à travers les pièces de l’album du même nom, paru en 2018, dévoile avec une franchise désarmante les dessus de cette période et les véritables apprentissages qu’elle a engendrés.

Brigitte St-Aubin se livre de manière très personnelle en mélangeant habilement humour de situation, caricatures de personnages secondaires, monologues émotifs, prises de conscience semblant spontanées et projections de graphismes.  Lors des premières minutes du spectacle, tous ces éléments s’éparpillent et laissent les spectateurs confus sur les intentions derrière la proposition. Heureusement, le sens reliant le tout devient , de fil en aiguille, cohérent et pertinent, ce qui permet au public de s’attacher aux divers traits de personnalité de Brigitte. Sa nervosité et son rire gêné séduisent autant que sa voix cristalline qui déverse des paroles aussi poétiques que brutales de vérité. À ce sujet, il faut mentionner l’apport primordiale des musiciens Guido Del Fabbro, Bernard Falaise et Vincent Carré.

Il devient rapidement clair dans la tête des spectateurs que la portion chanson est capitale, car elle permet de mieux capter la dichotomie qui habite la chanteuse qui a fait ses études en interprétation théâtrale au Cégep de Saint-Hyacinthe. Elle utilise des notions apprises dans ses cours de dessin comme la perspective et le point de fuite pour les transposer dans sa manière de percevoir les choses, percevoir sa vie.

Que fait-on quand notre vie n’est qu’une succession de points de fuite? Comment change-t-on nos perspectives? Comment calcule-t-on la valeur d’une réussite? Pourquoi s’engouffre-t-on sous le poids de l’existence? Brigitte apporte ses propres conclusions à ces questions de manière à ce qu’elles nous réconfortent dans nos propres tourments au lieu de nous faire la morale.

Note :★★★ 1/2