Entrevue- Fondation Autiste& Majeur : pour mieux soutenir toutes les réalités du TSA

«Comment peut-on faire pour que les gens se rallient autour de cette cause-là?» se demandait Charles Lafortune. C’est de là que sont nées les deux séries documentaires Autiste bientôt majeur et Autiste maintenant majeur qui, elle, figure sur la présente grille automnale de MOI&cie. Depuis plus d’une semaine, un autre projet rallie les gens à la cause : le lancement officiel de la Fondation Autiste& Majeur.

Le principal but de cette fondation est de favoriser l’autonomie et l’intégration sociale des personnes autistes après 21 ans, âge où le système scolaire les délaisse. La fondation financera des programmes déjà mis en place. « Les programmes qui existent déjà sont efficaces. Prenons exemple sur ceux-là et faisons-les voyager à travers le Québec au grand complet, dans des régions qui sont plus en manque à certains égards. On ne réinvente pas la roue, mais si on peut donner un bon coup de main pour qu’il y en ait plus, pour que les listes d’attente se fassent plus courtes, pour qu’il y ait un soutien qui soit plus grand pour chaque enfant, bien pourquoi pas? » a expliqué Sophie Prégent dans un entretien téléphonique.

«Au départ, je me disais que c’était gros une fondation, mais on a trouvé des gens pour nous aider.» a renchérit la comédienne d’Alerte Amber. Effectivement, elle et son conjoint ne sont pas les seuls à s’impliquer dans cette cause. Parmi les membres du conseil d’administration, on peut retrouver le couple d’animateurs Marie-Claude Barrette et Mario Dumont. La Fondation St-Hubert agit également à titre de partenaire philanthropique majeur en ayant déjà fait un don d’un million de dollars à la fondation.

L’aide financière apportée à divers programmes locaux et initiatives sociales s’articule autour de trois grandes sphères : la poursuite des études, l’intégration sur le marché du travail et les centres de jour. « Pour la poursuite des études, on veut se concentrer sur les acquis de chaque individu et voir comment on peut reproduire des choses qui fonctionnent bien en centres de jour pour les reproduire ailleurs. En ce qui concerne l’intégration dans un milieu de travail, on veut que l’employeur voit ça comme quelque chose de positif, on va appliquer une formation spécifique à l’employeur pour que ce soit une réelle intégration. Pour les centres de jour, on veut pouvoir financer du matériel d’apprentissage et informatique, des éducateurs, des sorties et de nouvelles activités.» a précisé Charles Lafortune, également rejoint au bout du fil.  

La Fondation Autiste & Majeur a été fondée bien sûr par Charles Lafortune, Sophie Prégent…et leur fils Mathis, une décision qui allait de source pour sa mère. «Évidemment, Mathis ne fera jamais partie du conseil d’administration avec nous, l’idée n’est pas là. L’idée est de créer une communauté autour de ces enfants-là. Comme toute la famille va en bénéficier, ce n’était pas logique pour nous de l’exclure parce que, justement, c’est le contraire qu’on essaie de faire, de les inclure dans notre société. Ma vie, 24 heures sur 24, 7 jours par semaine, c’est d’avoir un enfant autiste. Ça n’arrête pas cette affaire-là, donc ça fait que ça devenait naturel d’appeler notre fondation comme ça.»

Maintenant que le couple expose publiquement et sans filtre le quotidien de Mathis, il pourrait ressentir une certaine pression d’être vu uniquement comme les parents de Mathis plutôt que des artistes. Or, il n’en est rien. «Au début, quand c’est arrivé, Sophie et moi nous ne voulions pas parler de ça. On voulait se préserver. On avait peur de l’avenir. On a toujours peur de l’avenir mais, maintenant, on n’est pas tous seuls. On est juste deux parents d’un enfant autiste avec des angoisses sur ce qui va se passer une fois qu’on sera mort. C’est heavy quand on dit ça, mais c’est ça la réalité. » a confié l’animateur de La Voix et Bijoux de famille. «La pression, je la vis quand il faut que je trouve des services, que je fasse des demandes, que je trouve une nouvelle école quand on déménage.» a, pour sa part, déclaré la présidente de l’Union des artistes.  

Les deux documentaires ont permis aux autistes qui y participent de s’épanouir. «Les autistes se sont sentis comme du monde qui font partie du monde. En faisant l’émission, des amitiés se sont crée entre eux. Quelque chose de magique se passait. C’est extrêmement bénéfique. Ils sont sortis de leur coquille.» a déclaré Charles. L’émission a également permis de sensibiliser le public. «Les tabous tombent de plus en plus, l’émission le prouve bien. Les gens sont moins rébarbatifs à des comportements autistiques quand ils en voient dans la rue. Tout le monde comprend mieux.» a complété Sophie.

Crédits Photos : Stéphane Couturier et Angéline Gosselin, Éklectik Média