Pour sa quatorzième animation du Gala de l’ADISQ, Louis-José Houde en a profité pour régler ses comptes! Avec son humour rassembleur, il a détourné l’attention de la controverse entourant l’arrestation d’Éric Lapointe en se concentrant sur sa frustration de ne pas avoir eu la chance de commenter les deux grands »scandales » ayant eu lieu dans son propre gala l’année précédente, soit la sortie de Mario Pelchat envers certains gagnants et Hubert Lenoir qui suce son trophée de Chanson de l’année (Fille de personne II). Comme les animateurs des autres galas au Québec ont eu la chance de commente abondamment ces événements, il a déploré avec justesse sa déception d’être le dernier à pouvoir le faire et s’est donné à cœur joie dans les blagues corrosives élaborées avec intelligence.
Par la suite, le Gala a fait la part belle aux numéros musicaux variés qui offraient un éventail assez représentatif de la foisonnante et enivrante dernière année. Vétérans et artistes de la relève se sont magnifiquement envoyé la balle. On a d’abord eu droit à un numéro d’ouverture explosif tout en rap avec Loud, Sarahmée, Fouki et Koriass. Ensuite, Marie-Mai, armée de danseurs et d’un visuel coloré et électrisant qui a presque fait ombrage aux émotions véhiculées, a affiché des airs de guerrière pour aborder de front sa chanson Trahison sur ma peau. Quant à eux, Les Trois Accords ont entonné avec vigueur l’hymne de l’été, leur accrocheuse Ouvre tes yeux Simon, fameux ballons de plage en moins!
Au-delà des prestations inspirantes , cette quarante-et-unième édition a donné bien du fil à retordre à ceux qui prenaient des paris sur les gagnants, et c’est bien tant mieux! Les lauréats ont surpris, mais agréablement pour la plupart. Cela a donné lieu à un gala rythmé qui tenait en haleine. Le sacre de Ginette Reno dans la catégorie de l’Album de l’année Adulte Contemporain pour l’album À jamais (d’ailleurs récipiendaire de l’Album de l’année Meilleur vendeur) ne tombait pas des nues, mais a bien parti le bal au niveau des discours touchants. La grande dame de la chanson a sincèrement semblé émue, même si elle empile les reconnaissances depuis des décennies. Lauréat pour l’Album de l’année Folk pour son disque Après, Fred Pellerin a juré qu’il irait porter son prix à la poste dès demain en direction de Saint-Élie-de-Caxton car, selon ses propres aveux, les grandes réussites sont faites pour être partagées dans la communauté. Nouvel ajout qui a fait un peu couler d’encre lors de son annonce, l’Autochtone de l’année a été gagné par Florent Vollant qui a magnifiquement résumé la situation en une phrase: On n’est pas ici juste parce qu’on est autochtone, mais parce qu’on est bon.
Dans deux catégories extrêmement relevées (Album de l’année Pop et Interprète féminine de l’année), Coeur de pirate a eu le dessus, et elle en a été la première étonnée! Elle a profité de la tribune qui lui était offerte pour remercier ses fans d’avoir soutenu l’album En cas de tempête ce jardin sera fermé alors qu’il traite sans censure d’abus et d’anxiété. Bien callé au fond de la salle, le groupe Bleu Jeans Bleu ne s’attendait pas à mettre la main sur la statuette du Groupe ou duo de l’année, et pourtant…Leur ascension vers la gloire propulsée grâce à la pièce Coton Ouaté qui cumule déjà plus de 3,5 millions de vues sur YouTube a connu un nouveau chapitre glorieux avec cette victoire inespérée. Des spectateurs ont même chanté un extrait de la fameuse chanson pour manifester leur satisfaction. «C’est le fun de voir que les gens se soient appropriés la chanson autant que ça! C’est ça qui en a fait un hit! Oui, les radios ont embarqué, mais le public a fait quelque chose de pas mal plus grand avant que les radios décident d’y aller à fond les ballons. Ça, c’est hot! Ça a tout changé pour nous! », a d’ailleurs déclaré le chanteur Claude Cobra en salle de presse.
Alexandra Stréliski a également déjoué les pronostics en l’emportant sur le favori, Les Louanges, dans la catégorie Révélation de l’année. La pianiste, qui avait déjà remporté l’Album de l’année Instrumental pour Inscape au Premier Gala de l’ADISQ mercredi dernier, est également repartie avec le Félix de l’auteure ou compositrice de l’année, un honneur significatif pour les amateurs et créateurs de néo-classique. La preuve comme quoi l’émotion demeure ce qu’il y a de plus important bien avant les genres musicaux et les mots… Même si cette soirée était fertile en adrénaline pour Stréliski, cela ne l’a pas empêchée de montrer toute sa fougue et son abandon sur la pièce Burnout Fugue. «C’est sûr que, au début, j’ai mis un moment pour me dire que, mon Dieu, je venais de gagner Révélation de l’année, mais le piano, ça me fait ça, ça me met en transe. Ça me met dans une zone qui est au-delà de moi, qui est au-delà de tout en fait et qui me dépasse.»
Liste des gagnants
Album de l’année Adulte Contemporain – À jamais, Ginette Reno
Album de l’année Rap– Le sens des paroles , Alaclair Ensemble
Révélation de l’année– Alexandra Stréliski
Artiste autochtone de l’année– Florent Vollant
Album de l’année Pop – En cas de tempête, ce jardin sera fermé, Coeur de pirate
Album de l’année Folk – Après, Fred Pellerin
Spectacle de l’année Auteur-compositeur-interprète– L’origine de mes espèces, Michel Rivard
Auteur(e) ou compositeur(trice) de l’année – Alexandra Stréliski pour Inscape
Groupe ou duo de l’année– Bleu Jeans Bleu
Chanson de l’année– Des p’tits bouts de toi, Roxane Bruneau
Interprète féminine de l’année– Coeur de pirate
Interprète masculin de l’année– Loud
Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média