Eugene Oneguine à l’Opéra de Montréal : inoubliable!

Le 14 septembre, à la Salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts, avait lieu la première de l’opéra Eugene Oneguine de Piotr Ilitch Tchaikovsky, et quel plaisir ce fut de pouvoir y assister!

La mise en scène traditionnelle de Tomer Zvullun rayonnait dans de magnifiques décors sobres créés par Erhard Rom et les costumes de l’époque romantique dessinés par Isabella Bywater. Il ne faut pas oublier lOrchestre Métropolitain, dirigé par Guillaume Tourniaire qui en est à ses premières armes à l’Opéra de Montréal.

Tout d’abord, le maître de cérémonie nous a informés que cette première representation de la saison 2019-2020 était dédiée à Monsieur Joseph Rouleau, co-fondateur de l’OdeM, décédé en juillet dernier. Un gentilhomme qui a laissé une foule de souvenirs impérissables derrière lui. Étant donné la douceur des textes, Tckaikovsky a choisi le terme Scènes lyriques pour cette oeuvre, plutôt qu’opéra.

Après une ouverture toute en douceur, les scènes lyriques débutent donc lors d’une conversation entre les sœurs Tatiana (Nicole Carr) et Olga (Carolyn Sproule), leur mère Madame Larina (Christianne Bélanger) et la gouvernante La Niania (Stefania Toczyska) sur la jeunesse de Madame Larina et la vie qu’elle a eue. C’est pendant cette conversation qu’arrive Lenski (Owen McCausland), l’amoureux d’Olga, accompagné d’Eugène Oneguine (Etienne Dupuis) , son grand ami. La conversation s’engage entre Olga et Lenski qui partent prendre une marche, laissant Tatiana avec Oneguine entre lesquels s’engage une conversation. Le soir venu, dans sa chambre, Tatiana demande à sa nourrice de lui raconter des histoires d’autrefois mais elle est distraite. Après le départ de La Niania, Tatiana écrit une lettre à Eugène dans laquelle elle lui avoue être amoureuse de lui. Des aveux qui durent aux alentours de treize minutes, très rare qu’un extrait, surtout un solo, dure si longtemps, un vrai tour de force pour une chanteuse d’opéra, et Nicole Carr le réussit à la perfection. Cet air a d’ailleurs été fort apprécié par la salle, qui a évidemment su le démontrer. Quelle voix et quelle capacité! Nicole Carr peut bien être parmi les meilleures au monde.

Le lendemain, elle demande à sa nourrice d’envoyer son petit-fils porter la lettre à Eugène. Pendant cette dernière période, on passe du crépuscule au matin. Lorsqu’elle se lève, on a pu voir par la fenêtre de sa chambre la transition du ciel se former mais de façon si subtile que cela paraissait naturel. C’était grâce aux jeux de lumières du talentueux  Erhard Rom qui se fondaient dans le décor. Un moment de pur bonheur, autant pour le regard que pour l’ouïe.

Le deuxième acte commence lors d’une fête que Larina donne à l’occasion de l’anniversaire de Tatiana, où une énorme foule est présente, notamment Triquet (Spencer Britten) ,un français qui interprète une sérénade, sublime prestation de Spencer que nous avions vu précédemment dans Twenty-Seven sous les traits de Doughboy, le chien Basket et le Modèle vivant. Les grosses fêtes et les bals font partie de l’environnement de Tchaikovsky, on en retrouve évidemment dans Casse-Noisette et aussi dans Le lac des cygnes.

Le troisième acte commence encore lors d’une fête, cette fois-ci donnée par le Prince Grémine (Denis Sedov) qui a entre temps épousé Tatiana. Eugène Oneguine se trouve présent à cette fète, il a toujours une aversion envers la société. À sa grande surprise, il reconnaît Tatiana sous les traits de l’hôtesse. Grémine lui confie l’amour que lui inspire son épouse et le bonheur qu’ils ont d’être ensemble. Le mariage des voix  d’Eugène et Tatiana produit un duo des plus touchants d’autant plus que, dans la vraie vie, Nicole Carr et Étienne Dupuis forment un  couple.

Une soirée à l’opéra qui demeurera inoubliable et dans les anales de l’Opéra de Montréal. De magnifiques voix y ont été entendues, nous permettant de faire de superbes découvertes. Tchaikovsky a l’art de faire plaisir à ses admirateurs.

Eugène Onéguine demeure à l’affiche de la Salle Wilfrid Pelletier les 17 et 19 septembre en soirée ainsi que le dimanche 22 septembre en matinée. Des billets sont encore disponibles.

Crédits Photos : Yves Renaud