Précisons-le d’entrée de jeu : La Famille Ouellette ne constitue pas une famille du nom de Ouellette composée de frères et de cousins. Il s’agit plutôt d’une fusion spirituelle entre six musiciens qui, habitués depuis 12 ans de se croiser pour divers contrats musicaux pour des publicités, émissions et films, ont décidé de former leur propre groupe afin de participer au vingtième anniversaire des Francouvertes, édition qu’ils ont d’ailleurs remportée en 2016. Après avoir écrit dans l’urgence deux chansons spécifiquement pour ce concours, voilà que La Famille Ouellette devait se retrousser les manches pour créer un spectacle complet. De ce dur labeur est né le magnifique album Deluxe paru en novembre 2017.
Depuis ce temps, ce sextuor de »vrais faux frères » arborant des blousons blancs avec un écusson à leur effigie partage son temps entre les plateaux de tournage de Un show de la nuit et Le show de Rousseau et la tournée des divers festivals du Québec. Le 11 juillet, c’était à la place D’Youville , dans le cadre du Festival d’été de Québec, que le band avait rendez-vous…avec un public attendant fébrilement l’arrivée de la tornade Hubert Lenoir. Même si elle était la première partie d’une première partie immensément trop forte pour n’être qu’un simple opening, La Famille Ouellette a réussi à réchauffer une foule assez indifférente (mise à part les gens à l’avant-scène) en profitant sans amertume de l’opportunité qui leur était offerte.
Katuunga, une solennelle entrée en matière musicalement efficace, n’a pas d’emblée réussi à survolter les spectateurs, mais la pop riche en textures et en harmonies du clan a fini par les gagner. Accompagnés de trois talentueuses choristes, les six instrumentistes ont été énergiques, encourageant souvent les festivaliers à frapper dans les mains. L’ordre dans lequel quelques extraits du disque Deluxe étaient présentés s’est avéré fort judicieux, alternant entre un son alternatif doux et une pop entraînante pour maintenir l’intérêt. L’humour sans prétention du clan a également atteint la cible, surtout lors des interventions entre les pièces (La prochaine chanson, c’est la prochaine ou encore Nous sommes La Famille Ouellette, vous, vous êtes qui?!). Avec des titres comme Jogging et Hey, ça va? , La Famille Ouellette est parvenue à traiter de thèmes universels comme le désir, le regret et les ruptures tout en demeurant accessible. Les membres n’ont pas eu de mal à établir une proximité avec le public, se permettant même des échanges spontanés avec des spectatrices qui répondaient à des questions rhétoriques.
Assurément leur plus grand atout, la créativité des artistes a séduit. Ils s’amusaient comme des petits fous, se servant de plusieurs accessoires scéniques comme des pieds de micro pour expérimenter de nouvelles manières ludiques de transmettre des mélodies. Ils ne se gênaient pas non plus pour se taquiner pendant des solos musicaux. Les deux grands moments du spectacle reflétaient d’ailleurs cette recherche de l’originalité. L’endiablée combinaison aussi improbable que délicieuse de Vois sur ton chemin du film Les Choristes et Et Cetera de Gabrielle Destroismaisons a suscité l’étonnement général à grands coups de fous rires. En guise de clôture, la Famille a offert la sublime Ce ne sont que des mots qui se termine par un puissant et enivrant crescendo. Pour inciter le public à consommer leur musique une fois rentré à la maison, il n’y avait pas de meilleure conclusion possible.