FICG: Lord Byrun l’emporte au terme d’une finale vibrante

Vitrine essentielle pour les jeunes auteurs-compositeurs-interprètes issus des quatre coins du Canada, le Festival international de la chanson de Granby a magnifiquement poursuivi sa mission de promouvoir la chanson francophone lors de sa cinquantième finale qui s’est tenue hier au Palace. Après avoir mis la main sur le prix de la meilleure mise en scène et le prix du public Yves-Gagnon quelques jours auparavant, Lord Byrun a été couronnée grand gagnant de cette soirée animée par un Alexandre Barrette fidèle à lui-même, c’est-à-dire taquin, audacieux et habile.

Les quatre finalistes sélectionnés au terme de demi-finales opposant 24 candidats ont tous présenté des univers bien personnels teintés d’une musicalité recherchée. Native de Québec, Laura Lefevbre a ouvert le bal en proposant une poésie affranchie et douce sur fond d’indie pop mélancolique. Elle a d’ailleurs remporté le Prix chanson coup de cœur Socan pour sa pièce Émile qui s’inspire d’un certain poème fort connu d’un pas moins célèbre Émile Nelligan. Rappelant celle de Salomé Leclerc, sa voix cristalline empreinte d’émotions a complètement séduit. Simon Elliott a, lui aussi, fait preuve d’une écriture sensible truffée de jolies métaphores s’inspirant de la galaxie, le tout servi sur une trame électro planante. Laurent Saulnier est tellement tombé sous le charme qu’il l’a sélectionné pour faire partie de la programmation des FrancoFolies en 2019.

Les deux autres candidats se sont rapidement imposés comme les favoris des spectateurs. En plus d’avoir été les seuls à recevoir une ovation debout, Jessy Benjamin et Lord Byrun se sont partagés presque exclusivement une pléiade de prix et bourses valant plus de 125 000$. Sacré Prix de la presse, Benjamin a régalé le public en s’accompagnant de sa confidente, une guitare gonflable du nom de Carol qu’il a aspergée d’eau sans trop d’explication. Le chanteur originaire de Varennes a réinventé le style crooner en l’agrémentant de folk et de textes pétillants et modernes traduisant bien les préoccupations et la désillusion de la nouvelle génération. Sur Solo Romance, Jessy Benjamin a offert plusieurs notes rauques qui ont donné des frissons.

Armé d’une énergie survoltée et d’un accent des Prairies absolument délectable, Lord Byrun s’est démarqué non seulement avec son nom digne d’un roman britannique mais aussi grâce à un vocabulaire unique qui démontre toute sa passion pour la langue française et les paroles à saveur humoristique. Ému d’avoir eu la chance de participer à ce festival, celui qui habite Regina en Saskatchewan a insisté sur l’importance de créer dans la langue de Molière même si ce n’est pas monnaie courant dans son patelin. Cet effort et cette dévotion sont véritablement tout en son honneur.

Quelques minutes avant l’annonce du lauréat, trois anciens concurrents au FICG ont fait valoir leur impressionnant talent. Sylvie Walker en a touché plus d’un avec sa chanson Ti-coeur. Native de Dieppe, Caroline Savoie a affiché le savoureux contraste unissant sa voix parlée rauque à sa voix chantée parsemée, d’aiguës, de douceur et de tendresse. La déchirante simplicité du succès radiophonique Y’en aura a donné le sourire à l’auditoire. Nicolas Gémus a conclu ces petites performances surprises avec Bunker de tes bras qui a fait un malheur au Festival pas plus tard que l’année dernière. S’apparentant à celui de Patrick Watson, son timbre complètement habité par la sincérité a subjugué. Vivement un album!

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Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média