Pour célébrer en grand les quarante ans du Gala de l’ADISQ , l’industrie avait promis une cérémonie réjouissante qui mettrait véritablement de l’avant la diversité du paysage musical québécois. On peut dire que c’est mission accomplie grâce à des duos surprenants et des performances bouleversantes. Qui plus est, la soirée a exactement livré tout ce qu’on attend d’un gala: des blagues mordantes, des discours engagés, des gagnants surprises, des larmes et un hommage vibrant.
Louis-José Houde a été fidèle à lui-même en proposant une animation à la fois légère, audacieuse et collée sur l’actualité. Même après 13 galas, il a su se réinventer tout en offrant ce qui plait tant au public : un humour d’observation ironique et juste assez niaiseux. Le segment d’ouverture qui englobait les situations typiques qui se déroulent lors d’un gala comme oublier son trophée ou ne pas savoir de quel côté ressemblait à un numéro rodé au quart de tour tiré d’un de ses spectacles. Ceci dit, le meilleur moment était sans contredit l’analyse du Gala de 1992, le premier que Louis-José a regardé au complet du haut de ses quinze ans avec un mélange de fascination et de malaise à l’égard des propos de Jean-Pierre Ferland, du look à franges de Gildor Roy, les problèmes d’enveloppe de Yves P.Pelletier et Guy A.Lepage ainsi que le numéro extrêmement inconortable de François Pérusse et Normand Brathwaite qui ont rebaptisé la pièce Aigle noir...Nègre noir. Et que les réseaux sociaux auraient été en feu s’ils existaient à cette époque!
La présence du Premier ministre Justin Trudeau a donné lieu à des déclarations musclées dénonçant principalement l’exploitation pétrolière. De Lydia Képinski qui, lors de sa prestation de la chanson Premier Juin, a chanté : J’ai jamais été dans les bois de peur que Trudeau n’y soit (plutôt que loup) à Yann Perreau qui clamé que son pays ressemble plutôt à une pétrolière qu’à l’hiver en passant par Émile Bilodeau qui a demandé au gouvernement qui se considère vert de l’être véritablement pour le bien de nos futurs enfants et petits-enfants,le public a apprécié ces interventions dans un élan à la fois emballé et hésitant.
Klô Pelgag ,qui a mis la main sur Interprète féminine de l’année, et Hubert Lenoir, le roi de la soirée avec trois Félix (Révélation de l’année, Album de l’année Pop (Darlène) et Chanson de l’année (Fille de personne II)), ont pris le temps de souligner l’importance de rester curieux envers des artistes qui sortent du lot et de s’attarder aux œuvres originales et audacieuses réalisées avec peu de budget.
Beaucoup de numéros exclusifs ont ponctué le gala. Le rafraîchissant medley unissant les nommés dans la catégorie Révélation de l’année n’a pas manqué d’énergie, en partie grâce à la contagieuse exubérance d’Hubert Lenoir. En guise d’ouverture, le montage des 39 chansons ayant remporté le titre de chanson de l’année interprété par Maxime Landry, Guylaine Tanguay, Mario Pelchat et Martine St-Clair était divertissant même si certaines coupures souffraient d’un manque de fluidité. Ce qui a le plus retenu l’attention, ce sont les duos réunissant des chanteurs issus de différentes générations. La rencontre entre la pièce aux arrangements orchestrales Mon prince charmant de Pierre Lapointe, gagnant de l’album de l’année Adulte contemporain, et Super Lynx Deluxe de Galaxie, gagnant de l’album de l’année Rock ,faisait sourire et hocher de la tête. Dans un tout autre registre, Isabelle Boulay et Tire le coyote, enveloppés dans un splendide nuage de fumée, ont offert un mariage déchirant avec En vérité et Le ciel est backorder. Leurs voix créaient des étincelles qui tordaient le cœur, rien de moins.
Finalement, le moment le plus touchant de la soirée a été l’hommage à Harmonium. Ariane Moffatt, Catherine Major, Marie-Pierre Arthur, Yann Perreau, Philippe Brach et Patrice Michaud ont interprété des pièces phares de la formation mythique en compagnie de l’OSM. Ce rassemblement a ému Serge Fiori jusqu’aux larmes. Ce dernier a remercié le public d’avoir adopté le groupe avec une telle sincérité qu’il était impossible de ne pas avoir les yeux humides à notre tour.
On se retrouve l’année prochaine pour une quarante-et-unième édition qui sera, on l’espère, tout aussi musicale, diversifiée et engagée!
Liste des gagnants :
Album de l’année-Adulte Contemporain: La science du cœur /Émile Proulx-Cloutier
Album de l’année-Hip Hop: Une année record /LOUD
Album de l’année-Pop: Darlène/Hubert Lenoir
Révélation de l’année : Hubert Lenoir
Spectacle de l’année-Auteur-compositeur-interprète: Le silence des troupeaux/Philippe Brach
Spectacle de l’année-Interprète: Demain matin Montréal m’attend (mise en scène de René Richard Cyr)
Auteur ou compositeur de l’année : Philippe Brach
Groupe ou duo de l’année: 2Frères
Interprète féminine de l’année : Klô Pelgag
Interprète masculin de l’année: Patrice Michaud
Chanson de l’année : Fille de personne II/Hubert Lenoir
Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média