Hubert Lenoir et Les Trois Accords électrisent les Montgolfières!

Une atmosphère électrique surplombait le ciel de l’International de montgolfières de Saint-Jean-sur-Richelieu le 14 août dernier. Les festivaliers ont répondu en masse à l’appel lancé par Hubert Lenoir et Les Trois Accords, ce qui ne s’avère pas du tout étonnant en théorie. Dans la pratique, les résultats ont surpassé les attentes. Retour sur une soirée rock complètement déchaînée!

Le tout a débuté avec celui qui crée le buzz depuis quelques mois sur la scène musicale québécoise. Pour son anniversaire, Hubert Lenoir a attiré une foule éclectique composée autant de curieux que d’irréductibles fans qui savaient chaque mot des textes se retrouvant sur son opéra postmoderne Darlène. Fidèle à ses habitudes, l’auteur-compositeur-interprète de nature timide (il semblait gêné que les gens soulignent sa fête tout au long du concert) a affiché sans vergogne l’exubérance de son personnage scénique. Il a bu du vin à même la bouteille. Il a manifesté son indifférence face aux récompenses que l’industrie lui attribue. Il a grimpé dans la loge média. Il s’est déhanché sur son micro en exhibant son corps. Il a littéralement plongé dans la foule.

Malgré ces éléments fort divertissants qui ont suscité des réactions enthousiastes chez l’audience, ce ne sont pas les aspects les plus marquants du spectacle. Ce sont plutôt la complicité entre les musiciens et un rendement créatif musicalement plus abouti qui ont frappé l’imaginaire. Au-delà des controverses et scandales, Hubert Lenoir transpire la musique. Sur scène, il entre en transe. Hier soir, il s’est magnifiquement laissé transporter par les mélodies. Il criait ses notes avec une émotion et une intensité si vraies et impressionnantes qu’il était impossible de les ignorer. La naturelle fusion entre les percussions, le saxophone, les claviers et les guitares a donné lieu à un spectacle cohérent et fluide s’articulant autour de l’anticonformiste, le féminisme et le renouveau artistique.

Certes, les populaires Fille de personne II, Recommencer et Ton Hôtel ont fait vibrer la scène Loto-Québec, mais le chanteur s’est plus attardé sur l’importance de constamment créer et détruire les conventions en présentant deux nouvelles chansons fort accrocheuses : l’autobiographique Sucre et sel et Quatre Quart. Il a également accordé une place de choix à une autre artiste de la relève avec qui il adore travailler, la talentueuse Lou-Adriane Cassidy qui sera à l’affiche aux Montgolfières à la scène Hydro-Québec à 17h45 le 19 août. Bref, ce qu’on retient le plus de ce dixième spectacle de la tournée Darlène , c’est la passion dévorante d’Hubert Lenoir. Une passion si habitée que le chanteur a décidé, à la dernière minute, de jouer le DJ sur la scène Hydro-Québec de 23h00 à minuit.

La soirée s’est poursuivie dans la même veine avec la présence des membres des Trois Accords. Ceux qui vivent un été plus que chargé avec l’enregistrement d’un nouvel album ont été revigoré par la joie contagieuse, les cris et les applaudissements généreux des festivaliers. Ce retour sur scène, qui a fait autant du bien aux artistes qu’au public, s’est déroulé sous le signe de la nostalgie et de l’amour.

C’est pas moins de 21 chansons qui ont été livrées! Tous les gros hits des six albums de la formation ont été parcourus. Dans mon corps, Hawaïenne, J’aime ta grand-mère, Loin d’ici et la touchante Le bureau du médecin sont quelques-unes des pièces qui ont eu droit à un magnifique et réjouissant karaoké à ciel ouvert. Dans chacune des chansons, le groupe insufflait une intensité rock recherchée et remarquable qui, mêlée à des éclairages dynamiques, plongeait le public dans un état euphorique. Au-delà de la libération que procure le fait de crier haut et fort dans une foule la phrase Des fruits exotiques et du STEAK, l’absurdité des textes des Trois Accords trouvait subtilement leur sens. Par exemple, le texte de leur nouvelle chanson parue lundi dernier, Corinne, qui parle d’une obsession nouvelle face à la danse, peut être interprétée comme une métaphore sur le mode de vie actuelle qui pousse les gens à être constamment à bout de souffle. Idem concernant le titre Les dauphins et les licornes, cette ode splendide à la différence, qui a brillamment été interprété de manière acoustique.

Bien sûr, Les Trois Accords ont également fait preuve d’humour en imaginant notamment une vie à la montgolfière porte-parole du festival, Pico, qui célébrait, hier, ses 20 ans d’existence. C’est ainsi que Je me touche dans le parc, Tout nu sur la plage et St-Bruno (Nuit de la poésie III) se sont brillamment insérées dans le parcours de cette mythique mascotte! Pour conclure cette superbe soirée, la classique Saskatchewan a, encore une fois, charmé et défoulé, et on ne demandait pas mieux.

Crédits Photos: Stéphanie Payez/Éklectik Média