Jérémie Larouche à la Place des Arts

Au soir du 14 juillet, le Festival Juste pour rire a présenté un spectacle de Jérémie Larouche à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts. Commençant à 19h30, le comédien a ébloui son public compact pendant une bonne heure avec toutes sortes d’anecdotes et de pensées ridicules venant des confins de son univers. Jérémie ne s’est certainement pas éloigné des classiques, telles que les blagues sexuelles ou raciales, mais il avait un message sérieux à transmettre : l’importance du bon sens dans l’humour. En effet, si les spectateurs et les comédiens pouvaient se doter d’un bon sens commun, l’art de la comédie serait bien moins menacé par la sensibilité excessive et mondaine de certains. Ceux qui sont familiers avec Jérémie Larouche savent sûrement que cet homme ne serait comédien sans sa maîtrise raisonnable de l’art de la provocation.

Pour certains, une heure est une longue durée de temps. Pour d’autres, c’est le contraire. Chose certaine, il n’est jamais simple pour un seul humoriste de divertir un public pendant une heure. Du point spatial, il faut tenter de remplir le vide afin de garder la performance visuellement attrayante. Du point sonore, il faut généralement bien plus qu’une voix singulière pour couvrir le silence sans merci de la salle. Du point temporel, il ne faut ni essayer de gaspiller du temps en racontant des frivolités ou de le surcharger de plaisanteries. Tout se repose dans un fin équilibre. Jérémie Larouche possédait bien la formule gagnante.

Dans ses spectacles à un, ce comédien ne monte jamais seul sur scène. Il a toujours son arsenal d’accessoires. Au 14 juillet, ses invités d’honneur étaient des poupées dont trois habillées en uniforme nazi. Jérémie a partagé une de ses idées farfelues. Il voulait aller acheter une poupée normale dans un magasin quelconque juste pour la retourner par la suite avec l’habit fasciste ; une situation malaisante digne des classiques. Sur cette piste, il a continué avec des blagues raciales qui ont évidemment troublé certains spectateurs. Par contre, Jérémie ne comprenait pas la cause des brèves indignations qu’il entendait. Après tout, rien n’a été dit pour les poupées nazies.

À part ces invités particuliers, Jérémie a apporté les objets quotidiens avec lesquels sa fille et lui avaient construit le scénario d’un film noir français d’espionnage du style années 30 pour un simple projet d’école. Au moment de présenter cette histoire, l’éclairage de la salle s’est assombri et une musique légère s’est mise à jouer dans l’arrière-plan. Le mystère s’épaississait avec l’apparition de chaque personnage. Dans un monde alternatif, idéalement en noir et blanc, les mains de Jérémie donnaient vie à un marqueur fumeur, une règle, un rapporteur d’angle et beaucoup plus. Les différentes voix du comédien engageaient ces espions improbables dans les clichés les plus comiques du monde de renseignement. Parlant de clichés, il n’a pas manqué les occasions d’y ajouter des jeux de mot amusants. Apparemment, sa fille avait eu un zéro pour cette histoire, mais la Place des Arts l’a applaudie.

En somme, tout est une histoire de bon sens. Dans la salle Claude-Léveillée, le temps s’est rapidement écoulé. Les spectateurs étaient ravis en sortant. Tel est l’objectif de la comédie. Personne ne s’est senti blessé ou insulté. Jérémie Larouche a été capable de remplir tous les coins de la salle avec seulement quelques objets, des voix et une musique légère. Ses anecdotes étaient bien adaptés pour l’intimité de la salle, recréant l’aura des scènes de petits clubs d’humour sur lesquels tant d’autres comédiens ont fait rire. En terminant, Jérémie a souhaité bon festival à tout le monde. La tradition de Juste pour rire se poursuit sans cesse.

Crédits Photos : Edward He / Éklectik Média