Nous avons eu l’immense plaisir samedi dernier, le 7 mai, d’assister à la première de la production de l’opéra de Mozart, La flûte enchantée, à la Salle Wilfrid Pelletier de la Place des Arts. Cette production de Barrie Kosky qui a déjà fait le tour du monde, nous démontre à quel point celui-ci est un génie dans la mise en scène et dans les effets spéciaux.
Reporté en raison de la Covid-19, c’est donc un an plus tard que le privilège de voir ce spectacle nous est offert et quel privilège. Une mise en scène des plus improbables et des plus fabuleuses. Une distribution à couper le souffle et tous les ingrédients pour nous servir un plat des plus savoureux en nous démontrant le talent de ce metteur en scène.
Avec l’assistance de Suzanne Andrade, la co-réalisatrice, La flûte enchantée est un spectacle qui nous rappelle l’époque du cinéma muet et des multiples animations qui se sont, par la suite, jointes aux films. Ces combinaisons font de cette présentation une performance inoubliable, qui met en vedette Brian Wallin dans le rôle de Tamino, alors que Kim-Lillian Strebel, se camouflait derrière Pamina avec sa voie douce et puissante à la fois.
Richard Sveda baryton, quant à lui nous a éblouis et nous a tellement fait rire dans sa prestation de Papageno. Et que dire d’Anna Siminska soprano, dans le rôle de la Reine de la nuit, avec ses vocalises qui mettent en valeur son registre vocal, sans oublier les frissons qu’elle nous a donnés lors de ses prestations. Christian Zaramba pour sa part, avec sa voix de basse et baryton, a très bien porté le chapeau de Sarastro et Orateur du temple.
Quant aux canadiennes Andrea Nunez, Kirsten Leblanc et Florence Bourget ont bien rempli leur rôle de Dame 1, Dame 2 et Dame 3. John Robert Lindsey était Monostatos. Une autre canadienne Elizabeth Poleze qui se cachait sous les traits de Papagena, et deux canadiens Mathieu Dalen et Jean-Philippe McClish qui représentaient les Soldat 1 et Soldat 2. Christophe Allen quant à lui dirigeait l’Orchestre Métropolitain et le Chœur de l’Opéra de Montréal.
Évidemment une salle remplie à pleine capacité attendait avec impatience les premières mesures de l’ouverture de ce formidable opéra de Mozart. Dès la première scène la Reine de la nuit, nous apparaît sous le corps d’une araignée et nous fait entendre cette magnifique voix qui ne fait que nous donner la chair de poule surtout au moment de ses vocalises, qui bien qu’aussi parfaites soient-elles ne sont qu’une mise en bouche de ce qu’elle sait faire, comme elle nous le démontre plus tard dans le deuxième acte.
Comme la mise en scène est basée sur le cinéma muet, il va de soi que les costumes de cette époque soient également de mise ainsi que la façon de bouger et de se déplacer des personnages. Des animations des plus fracassantes complètent le tout. Facile à imaginer le plaisir que ces interprètes doivent ressentir à remplir ces différents rôles, quels qu’ils soient, dans une telle mise en scène. Par moment, on oubliait même pratiquement que nous étions à l’Opéra pour se croire au visionnement d’un film de l’ami Charlie Chaplin. Le dialogue entre le Prince et la flûte est fort intéressant.
Le deuxième acte nous amène de nouveaux acteurs, c’est-à-dire le Chœur qui fait aussi partie de cette mise en scène cinématographique. Dans ce deuxième acte, le Prince et Papageno doivent réussir trois défis pour recevoir sa récompense de la Reine de la Nuit, dont le premier est de garder le silence, ce qui est affreusement difficile pour Papageno mais tellement drôle pour le public. Le deuxième défi est la tentation qui est également réussie, ainsi que l’épreuve de feu et de l’eau. Le solo de Pamina est d’une telle douceur, on dirait un ange qui chante. Quant à l’aria de la Reine de la Nuit, un sans faute, une réussite des vocalises qui ont encore une fois été fort appréciées et applaudies par la foule.
Il va de soi que la majeure partie de ce spectacle est en noir et blanc, mais à l’occasion de la couleur vient s’ajouter intensifiant la gaieté de cet opéra qui n’a rien de tellement dramatique. En somme, un opéra qui grâce à son écriture et sa mise en scène devient un spectacle pour grands et petits enfants, une autre occasion de faire sortir notre âme d’enfant et de faire connaître l’opéra aux plus jeunes.
La Flûte enchantée est encore à l’affiche de la Salle Wilfrid Pelletier le mardi 10 mai à 19h30, le jeudi 12 mai à 19h30, et le dimanche 15 mai à 14h00. Des billets sont encore disponibles