La Serva Padrona : le baroque et le contemporain en symbiose

Mardi soir, le 8 octobre 2024, nous avons eu le plaisir d’assister au concert d’ouverture de la saison 2024-2025 de l’Orchestre Classique de Montréal, qui était dirigé pour l’occasion par le talentueux Simon Rivard. Le tout présenté à la Salle Pierre Mercure du Centre Pierre Péladeau.

Au programme, deux opéras de chambre. Le premier, La Serva Padrona de Giovanni Battista Pergolesi (1710-1736), alors que le second, intitulé La Clairvoyante, est plutôt une œuvre contemporaine due à la plume de Gian Carlo Menotti (1911-2007). Pour ces deux performances, la mise en scène a été confiée à François Racine.

Crédit : TamPhotography

Le premier opéra, de l’époque Baroque, était un opéra comique, en un acte, qui mettait en vedette Jamal Al Titi, baryton dans le rôle d’Uberto, Sophie Naubert, soprano qui se cachait derrière Serpina et Vespone, un rôle muet, était chapeauté par Angelo Moretti. Ces trois artistes nous ont offert une prestation muette, vocale et théâtrale des plus extraordinaires ; un avenir des plus exceptionnels les attend certainement.

L’histoire est celle d’une servante Serpina qui démontre n’avoir aucun respect pour son patron Uberto et qui, par contre, rêve de devenir patronne…. Les insultes et les commentaires qu’ils s’échangent sont toujours la source d’un fou rire que le public n’arrive pas à retenir.  Leur physionomie en dit autant sinon plus que les paroles échangées. Le jeu de leur facies est d’un professionnalisme exceptionnel, tellement c’est naturel.  Un quarante-cinq minutes de rires, d’imbroglios à en plus finir, des mensonges trop évidents mais tellement drôles, des situations abracadabrantes, rien n’y manquait pour bien se dilater la ratte. Une représentation que si on y pense pendant un moment de tristesse, la gaieté reprend vite le dessus. En un mot, un bon anti-dépresseur… des plus légaux et des moins dommageables.

Crédit : TamPhotography

Par contre, le deuxième opéra, est beaucoup plus sévère, plus intriguant, plus noir.  On s’imaginerait voir un ‘’suspense’’ de Hitchcock. Cet opéra de soixante minutes nous a permis de découvrir les talents de Bridget Esler, soprano dans le rôle de Monica, Ian Sabourin, un contreténor, dans le rôle muet de Toby, Camila Montefusco, mezzo-soprano était cachée derrière Madame Flora (Baba), alors que Chelsea Kolic, soprano, interprétait à merveille la très faible et vulnérable Madame Gobineau, qui est l’épouse de Mikelis Rogers, baryton déguisé en  Monsieur Gobineau et finalement Justine Ledoux, mezzo-soprano, interprète Mme Nolan, une autre cliente de la clairvoyante.

Baba, la clairvoyante, reçoit deux de ses clients, M & Mme Gobineau, ainsi que Mme Nolan pour une séance, à laquelle M & Mme Gobineau sont déjà des adeptes alors que Mme Nolan en est à sa première visite.  Au cours de cette démonstration comme à l’habitude, Les Gobineau entrent en communication avec leur fils, décédé, et par la suite c’est Mme Nolan qui entend parler sa fille. Cependant, quelque chose se produit qui inquiète grandement Baba. Après le départ de ses clients, Baba veut des réponses à ses questions auprès de Monica et surtout de la part de Toby, qui est muet. Aura-t-elle les réponses qu’elle attend, comment se comportera-t-elle avec ses clients lors de leur prochaine visite.

Crédit : TamPhotography

Quel jeu Baba joue-t-elle ? Toutes des questions qui ne cessent de nous rendre suspicieux et fébriles, car les spectateurs se posent également les mêmes questions. Une réponse inattendue à laquelle le public ne s’attend pas, mais pas du tout. Mais était-ce la bonne réponse ? Un suspense qui nous tient en haleine jusqu’à la dernière seconde, Baba utilise le révolver qu’elle gardait caché dans le tiroir de la petite table et atteint Toby.  Était-ce bien ce qu’elle voulait ?

Dans cet opéra, nous avons également eu droit à des performances vocales exceptionnelles, et superbes.  Quant à l’Orchestre Classique de Montréal qui accompagnait nos chanteurs, celui-ci nous a offert de magnifiques performances musicales, nous avons eu droit à des instruments auxquels on ne s’attendait pas, ce qui complémentait merveilleusement la performance des chanteurs et le résultat de la mise en scène. Le chef Simon Rivard a fait un excellent travail de direction.

Ce fut en fait une soirée fort agréable, excitante et généreuse en rebondissements.

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