Le laboratoire de l’humour aux Montgolfières : un rodage nouveau genre!

Le concept du Laboratoire de l’humour est très simple et assez intéressant : des humoristes établis et de la relève testent des blagues devant un public qui donnent leur avis à chaud grâce des télécommandes dispersées au hasard chez les spectateurs. Un rodage nouveau genre, quoi! Dans le cadre de l’International de montgolfières de St-Jean-sur-Richelieu, le Laboratoire a présenté, hier,  une version estivale exclusive devant une foule dispersée à cause de la pluie mais tout de même chaleureuse, en partie grâce à la participation de Marco Calliari pour les intermèdes musicaux.

Puisque chaque artiste est en mesure de connaître le pourcentage d’efficacité d’une blague et le public qui rejoint véritablement en coulisse, la soirée s’est déroulée sous le signe de l’improvisation, de la spontanéité…et de malaises, sympathiques dans l’ensemble. C’est Silvi Tourigny qui a ouvert le bal en présentant l’évolution d’un numéro relativement récent. Elle a débuté avec des commentaires hilarants dénichés sur la page Facebook Spotted:Saint-Jean avant de comparer les accouchements humains à ceux animaliers. Les sujets n’étaient pas particulièrement recherchés mais elle est parvenue à y apporter sa touche personnelle juste assez décalée et attachante pour rapidement séduire les festivaliers trempés.

Ensuite, ce fut au tour de Julien Tremblay qui, armé de sa fidèle guitare électrique, a entonné sa désormais célèbre signature : raconter des blagues au rythme d’une chanson rock. Au départ, il a conquis les spectateurs qui riaient de bon cœur en entendant ses traductions anglaises erronées, mais la lune de miel a été de très courte durée. Les jokes ne levaient tout simplement pas et trainaient en longueur. À plusieurs moments, c’était le calme plat devant la grande scène. Force est de constater que la formule tourne maintenant en rond et qu’il est urgent de la pimenter. L’humoriste a peiné à trouver l’équilibre entre humour et poésie dans ses textes chantés. À même de constater les difficultés de son numéro, il est , malgré tout, demeuré en contrôle. Ceci dit, il y a eu des points positifs dont l’imitation plus que réussie de Yves Corbeil et l’hommage original et mérité aux gens qui sont bénévoles dans les festivals.

Olivier Martineau a fait revenir l’enthousiasme. Extrêmement en forme, il s’est adressé avec aplomb au public, n’ayant pas peur de le brasser. Aussi pertinent qu’absurde, il a créé une interactivité fluide avec les spectateurs grâce à des textes bien fignolés et crus qui ont provoqué les rires en crescendo, ce qui a donné plus d’impact aux blagues. À l’aise avec l’improvisation, il a magnifiquement bien jonglé avec les réactions du public. Ses observations sur le fossé entre sa génération et la jeunesse d’aujourd’hui ont surpris et suscité des éclats de rire instantanés. De son côté, Mario Tessier a un peu dérogé au thème du spectacle en présentant d’abord un condensé de son premier spectacle solo, Seul comme un grand. Il a parlé de son enfance à St-Athanase, de la génèse de ses personnages des Grandes Gueules et de son amour pour le karaoké…au grand détriment de son entourage. Même si cette décision s’est avéré décevante pour les fans de la première heure, le public a, de manière générale, bien embarqué et était content de ce passage en terrain connu.

Les Denis Drolet ont clôturé le spectacle avec panache. Fort de leur billet platine pour leur tout dernier spectacle En attendant le beau temps, le duo s’est donné à cœur joie dans l’absurde. Marque de commerce de Vincent Léonard et Sébastien Dubé, les liens complètement débridés entre les sujets et les mises en abyme déjantées ont particulièrement été sinueux à suivre, mais le public n’a pas boudé son plaisir, riant à gorge déployée dès que les humoristes sacraient à profusion, faisaient des voix bizarres et insultaient gentiment certaines personnalités connues comme Anne-France Goldwater. Leur sens de l’autodérision et leur goût du risque (la construction nébuleuse de leur nouveau numéro qui est, en réalité, un numéro bien rôdé) ont forcé l’admiration du public.

Si vous avez manqué cette représentation, Le Laboratoire de l’humour se produit parfois à La Boîte à St-Jean-sur-Richelieu. Soyez à l’affût!

Crédits Photos : Angéline Gosselin, Éklectik Média