L’amour est un dumpling : pour un retour parfait au théâtre

Jeudi soir dernier, soit la veille du long congé pascal, le Théâtre Jean-Duceppe tenait sa première première médiatique depuis le mois de septembre (pour la pièce Toutes les choses parfaites). Même si la saison a particulièrement été chamboulée par la pandémie et que les mesures sanitaires sont devenues encore plus strictes pour les spectateurs, il y avait de l’électricité dans l’air. Le désir de savourer du théâtre et le besoin de s’évader étaient encore plus palpables que d’habitude. Artistes, journalistes et abonnés ont été délicieusement servis avec la comédie romantique L’amour est un dumpling qui, avec son ton léger, offre le retour parfait au théâtre.

Présenté en 2017 et en 2019 au Théâtre La Licorne, le texte signé Nathalie Doummar et Mathieu Quesnel subit maintenant une deuxième vie avec des scènes inédites. Le trio d’acteurs original s’échangent de savoureuses répliques remplies de réparties à l’intérieur d’un décor revampé par de judicieuses projections multimédia servant entre autres à montrer un passage significatif sans contrecarrer aux règles de protection contre la COVID-19 ainsi qu’à bonifier l’atmosphère d’un restaurant asiatique.

Marc (Simon Lacroix) et Claudia (Nathalie Doummar) sont d’anciens amants qui se revoient pour la première fois en sept ans à la demande de Claudia. Ce rendez-vous au restaurant ne renferme pas qu’un rattrapage de banalités ; il cache une proposition audacieuse et inusitée qui va changer à jamais la relation entre deux êtres qui n’ont jamais su se faire de véritables adieux…

L’amour est un dumpling ne tombe jamais dans les clichés romantiques et la superficialité. On a affaire à une comédie d’apparence inoffensive qui dissimule habilement des thématiques plus délicates. À travers les répliques mordantes qui causent de nombreux francs éclats de rire, le texte dissèque naturellement la nostalgie des jours sans responsabilité, le désir de voyager et de se sentir libre, les regrets, l’envie de tout recommencer à zéro, la musique, les chemins sinueux pour que le grand amour fonctionne (ou pas), le polyamour et la famille.

Tous ces sujets s’emboitent parfaitement sans causer aucune rupture dans le rythme. Les 90 minutes de l’œuvre filent trop rapidement. On s’éprend immédiatement de la complexe mais fascinante dynamique entre Claudia et Marc. Les revirements sont juste assez décalés pour intriguer sans nuire à la crédibilité de l’œuvre.

Nathalie Doummar et Simon Lacroix possèdent une chimie irrésistible. Il se dégage beaucoup de lumière entre eux, qu’ils soient en train de se mentir, de se déchirer ou de chanter des chansons pour égayer le moral de la patronne du restaurant. D’ailleurs, dans ce rôle de soutien qui a pour but de subtilement éclairer les deux ex-amoureux, Zhimei Zhang rayonne et constitue la véritable révélation de la pièce.

S’exprimant autant dans sa langue maternelle, en anglais et dans un français québécois impeccable et drôle, elle suscite des rires, des onomatopées en réaction à sa cutitude ou des larmes à chacune de ses apparitions. Zhang, qui a débuté sa carrière d’actrice à 76 ans après avoir été traductrice, journaliste et professeure d’anglais, inspire énormément à suivre ses rêves malgré les épreuves et le temps qui passe à la fois trop lentement et trop vite. Une leçon qui est essentielle de se rappeler avec la situation actuelle qui semble s’éterniser…

Plusieurs représentation de L’amour est un dumpling affichent complet. Cependant, il est possible que quelques billets soient encore disponibles. De plus, des représentations supplémentaires  auront lieu les 15, 22, 23, 24 et 25 avril. La pièce est également diffusée en ligne. Cliquez ICI pour vous procurer des billets.

Crédits Photos : Danny Taillon