Le roi danse

Le roi danse – Les éclats du Soleil

Le roi danse nous donne rendez-vous avec l’Histoire sur les planches du Théâtre Denise-Pelletier. Une rencontre étonnante qui séduit par sa capacité à se démarquer de son modèle d’origine.

Sur scène, on revient au temps de la Fronde où la France est ravagée par des luttes intestines et des guerres interminables. Dans ce contexte instable, Louis Dieudonné accède au trône à l’âge de cinq ans. Sous la tutelle de sa mère, le royaume est dirigé d’une poigne de fer. Et durant 1h30, le Grand Siècle défile sous nos yeux. On s’attarde aux dates clés du règne du Roi Soleil au cours duquel brillent deux artistes : Lully et Molière.

Le spectacle pourrait sembler déconnecté de notre époque. Or, Le roi danse se vaut par l’universalité de ses thèmes comme l’ambition, la gloire ou le pouvoir qui transcendent les âges. Et à l’ère des médias sociaux, la quête de reconnaissance demeure un enjeu. Elle représente un engrenage pour aller toujours plus loin, pour atteindre le sommet, sans se brûler les ailes, et surtout y rester.

Dans la pièce, c’est une situation analogue dans la soif d’absolu des trois personnages. Louis dans son modèle de gouvernance. Lully dans son idéal musical, Molière dans son théâtre engagé.

© Victor Diaz Lamich

Dans l’ombre du Roi Soleil

Le roi danse se déploie dans un décor qui se réduit à quelques éléments dont un escalier avec son garde-corps. Ce choix paraît audacieux, car ce dépouillement ne sera pas au goût de tous. La scénographie compte néanmoins sur de subtils éclairages. Ils nous permettent d’ajouter nos propres couleurs à la représentation. On se laisse alors à imaginer le faste de la cour et la magnificence de Versailles.

La mise en scène de Michel-Maxime Legault joue la carte de la multidisciplinarité, ce qui en renforce sa singularité. La danse, la musique et le théâtre se côtoient dans un ensemble harmonieux. Les extraits de comédies classiques (Tartuffe, Le bourgeois gentilhomme, etc.) et des fragments de ballets sont portés par une éclatante distribution.

Mattis Savard-Verhoeven en impose par sa prestance et son côté caméléon, puisqu’il joue Louis XIV à différents âges. Son rôle est le plus exigeant, car il allie le jeu et les arabesques. Sa prestation est aussi royale que celle de Benoît Magimel dans sa version cinématographique.

Marie-Thérèse Fortin est également impériale en Anne d’Autriche dont elle incarne la rudesse et la rectitude morale. La relation conflictuelle entre la mère et son fils est d’ailleurs bien rendue. L’autorité de l’une se heurtant aux désirs d’émancipation de l’autre. Ce qui parlera à toutes les générations.

Le roi danse
© Victor Diaz Lamich

Face à eux, Simon Landry-Désy est un Lully fougueux et possessif. Quant à Jean-François Nadeau, il excelle en Molière dont il souligne les talents d’acteur. Ce duo fraternel se complète à merveille dans leurs rivalités artistiques.

Le roi danse est la belle surprise de cette saison automnale. Fidèle adaptation du film éponyme, la pièce s’affranchit de son aspect pompeux et maniéré pour s’inscrire dans un drame plus intimiste.

Le roi danse
Théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 9 décembre 2023