Après une première saison ayant des cotes d’écoute millionnaires sur Club Illico, des critiques élogieuses et deux Prix Gémeaux (pour les performances de Fabien Cloutier et Anne Dorval), le Léo écrit et interprété par Fabien Cloutier nous revient tout fébrile avec 12 nouveaux chapitres relatant son quotidien mouvementé à Walton. Si on se fie aux quatre épisodes présentés aux médias ce matin au Dock619 en compagnie de la distribution, la deuxième saison, tout en conservant le charme réjouissant et la simplicité inspirante de la première, dévoile des mises en situation encore plus hilarantes, uniques et profondément touchantes.
Servi par le même réalisateur Jean-François Chagnon et trois auteurs ayant pondu les textes de l’an 1( Fabien Cloutier, Steve Laplante et Erika Soucy), ce retour réussi reprend exactement là où la première saison s’est terminée. Fraîchement fiancé à sa douce Cindy (Marie-Laurence Moreau), Léo fait enfin véritablement connaissance avec les parents de sa blonde afin de leur annoncer la bonne nouvelle. Évidemment, les choses ne se déroulent pas comme elles devraient, la maladie se frayant un chemin sournois dans la maisonnée familiale déjà déprimante avec ses murs rose délavés. Du côté de Dubeau Gâteau, l’ambiance se complique également alors que des changements dans l’administration menacent l’équilibre précaire entre Léo et ses collègues.
Ces petits et grands bouleversements se déploient à travers une écriture maîtrisée et fluide. Les psychologies des personnages et leurs fonctions dans l’histoire maintenant bien définies, les auteurs vont plus loin dans l’audace et le ton cinglant, laissant place à des scènes franchement étonnantes et jouissives. L’humour varie sur plusieurs degrés, allant du burlesque aux observations plus subtiles tout en passant par des clins d’oeil à la première saison, sans ne jamais entrainer des longueurs dans la trame narrative. À travers les éclats de rire constants, le sous-texte traitant principalement des difficultés d’adaptation aux changements parvient à faire réfléchir avec sensibilité. Jamais paternalistes et convenues, les vues sur la société québécoise, le sous-développement économique en région et l’injustice liée à une maladie mortelle offrent une efficace balance de rires et de larmes. On a l’impression d’évoluer en même temps que les personnages, une autre raison pourquoi Léo se distingue des autres comédies québécoises présentement sur le marché.
Des répliques comme « Un film de chiens, ça te remet ben plus sur le piton que des médicaments» et «Entre toé pis moé pis nous autres» servis dans des accents truculents s’enchaînent sans répit, nous faisant encore plus tomber sous le charme des perles langagières et le sens de la vie des habitants de Walton. «Nos personnages ne sont pas conscients de comment ils parlent, c’est intégré pour eux. C’est aussi une richesse. Notre langue est belle, et c’est important de la mettre dans notre télé, car c’est une majorité des gens au Québec qui ont des accents typiques de région » dénote l’une des auteurs, Érika Soucy. À ce niveau, Marc Labrèche , au même titre que ses désopilants acolytes de la shop, frappe encore la cible avec ses yeux exorbités, sa moue agacée et son vocabulaire coloré. Dans le même ordre d’idées, le moment à la René Simard de Vincent Leclerc lors d’un baptême contient tous les éléments pour devenir un moment d’anthologie.
De savoureux nouveaux personnages se greffent tout naturellement à l’oeuvre dont Chantale (Sandrine Bisson), la sœur de la mairesse Jessica (Anne Dorval) en formation pour un mois et les parents de Cindy, l’intransigeant Maurice et la bouleversante Ginette (incarnés par les toujours excellents Micheline Bernard et Daniel Gadouas). Toute la distribution se complète à merveille, mais la chimie entre le couple chéri attire particulièrement l’attention. «Ils ont beau s’aimer, ils ont une vie à côté et ils ont leurs défauts, Donc, la chimie est naturelle. On prend le temps de se dire comment on voit une scène pour la transformer et s’assurer qu’on est à la même place» admet Fabien Cloutier aux côtés de sa partenaire Marie-Laurence Moreau. Cette dernière, que l’on peut également voir dans la série Une autre histoire, ajoute qu’ils essaient «de trouver comment se donner des défis et de jouer une scène autrement, sans entrer dans une dynamique évidente de scène de couple.»
Avec une première saison qui cumule près de deux millions de visionnements, ce qui équivaut à un abonné du Club Illico sur deux qui l’a visionnée , Québécor Contenu n’attend pas de voir le niveau de réceptibilité du nouvel opus avant d’accorder sa confiance pour la suite. Une troisième saison est déjà en production, chose qui réjouit bien évidemment Fabien Cloutier. Cela ne veut pas dire que le créateur de la série va uniquement se reposer sur les acquis déjà solides de la série. «J’aime trop ces personnages pour les laisser tomber dans un sitcom. Il faut s’assurer de ne pas en faire des tonnes.»
Ne reste maintenant qu’au public de profiter de cette comédie sensible et irrésistible qui continue d’agir comme un vent de fraîcheur dans notre paysage télévisuel québécois. La deuxième saison de Léo rejoindra dès demain la première saison sur le Club Illico. Aucune diffusion sur les ondes de TVA n’est officialisée pour le moment. Pour plus de questions concernant l’abonnement à la chaîne, c’est par ici!
Crédits Photos : Courtoisie