Let Him Go : le lâcher-prise version cowboy ★★★1/2

Let him go, ou Laisse-le partir en version française, a souffert d’une sortie en salle peu remarquée à cause de la pandémie de Coronavirus, ce qui est fort dommage, puisque ce film réalisé et scénarisé par Thomas Bezucha s’avère être l’une des belles surprises sur la planète cinéma en 2020. Heureusement, vous pouvez maintenant ce savoureux et sombre western dans le confort de votre foyer.

Dans Let him go, Kevin Costner et Diane Lane incarnent respectivement George et Margaret Blackledge, un couple vivant heureux dans un ranch du Montana avec leur fils James, leur belle-fille Lorna et leur petit-fils Jimmy tant adoré. Or, quand un terrible accident coûte la vie à James, Lorna décide de refaire sa vie avec un homme du nom de Donnie Weboy. Quelques temps avant leur départ chez la mère de Donny, une femme au caractère pour le moins intense, Margaret est témoin d’un geste violent de la part de Donny à l’endroit de Jimmy. Elle convainc donc son mari qu’ils doivent quitter la région et ramener leur petit-fils à la maison coûte que coûte…

On a droit ici à un western dans sa plus pure tradition, mais avec une rafraîchissante touche moderne au niveau visuel et scénaristique. Tourné dans des paysages pittoresques et des grands espaces à la fois magnifiques et inquiétants, Let him go offre une vision aussi sombre que lumineuse des fameux duels à l’aube caractérisant les western spaghetti. Au-delà du récit de vengeance , les réflexions sur la vaste notion du lâcher-prise sont immensément intéressantes. Elle se décline sous plusieurs formes : le deuil, l’acceptation des choses impossibles à changer, les décisions difficiles, la fatalité de la vie, l’impossibilité de vouloir plus ou de raisonner la personne ayant besoin d’aide. Le sujet de l’abandon est glissé subtilement dans le scénario sans ne jamais déranger la progression du récit ou l’inonder de bons sentiments.

Le cinéaste Thomas Bezucha, à qui on doit le classique de Noël The Family Stone et la comédie pour adolescentes Monte Carlo, change définitivement de registre, mais cette sortie de zone de confort lui convient à merveille et lui confère une approche plus épurée et mature qui promet. Sa direction d’acteurs, de son côté , demeure intelligente, surprenante et efficace. À travers un juste équilibre entre moments contemplatifs et confrontations mordantes, la galerie de personnages colorés et tourmentés a tout le loisir de briller et de marquer les esprits.

Les acteurs s’envoient magnifiquement la balle, à commencer par Diane Lane qui se permet ici de donner du panache à un rôle de femme au foyer d’apparence ordinaire. Déterminée, imprévisible et aimante,  sa Margaret et le feu maternel qui bout en elle se déploie avec nuance et crédibilité. Ce genre de rôle nous confirme à quel point Diane Lane mérite d’être vue plus souvent au cinéma, et pas seulement dans la peau de personnages de second ordre. Elle forme avec un Kevin Costner particulièrement introspectif et touchant un couple convaincant, inspirant et complice qui traverse tendrement les décennies en assumant avec amour les défauts de l’autre et les désaccords. Dans un rôle où les risque de caricature sont grands, Lesley Manville se tire bien d’affaire, en étant juste assez hystérique et instable pour engendrer un réel mépris à son égard.

Let him go est disponible sur les services de vidéo sur demande.

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