Une Lise Dion plus assumée que jamais!

Avec son quatrième spectacle solo intitulé Chu rendue là, qu’elle présentait en première médiatique montréalaise hier soir au Théâtre St-Denis plein à craquer, Lise Dion se dévoile entièrement sans complexe. Même si cette franchise crue et assumée ne la sort nullement de sa zone de confort, celle qui a déjà vendu plus de 100 000 billets pour ce spectacle continue de séduire totalement et faire crouler de rire son public qui ne se lasse aucunement depuis plus de 30 ans.

Mis en scène efficacement par Josée Fortier, Chu rendue là dresse le portrait d’une humoriste qui, maintenant dans la soixantaine, a encore moins peur d’admettre ses défauts et d’afficher pleinement qui elle est. L’autodérision étant l’une de ses principales forces, Lise Dion traite de thèmes de prédilection avec la vision la plus vraie de la femme qu’elle est aujourd’hui: les problèmes de santé liés à la vieillesse, le célibat imposé, son impatience, son chien et sa difficulté de s’exprimer fluidement dans la langue de Shakespeare. Certes, ces sujets manquent d’originalité et renferment quelques répétitions et clichés, mais plusieurs blagues plus audacieuses et irrévérencieuses se démarquent et montrent le légendaire charisme de l’artiste sous un autre angle.

Pendant ce 100 minutes sans entracte, il est peu question de politique, de religion et de controverses sur l’actualité. Le segment le plus engagé du spectacle survient lorsque Lise Dion soulève l’idée qu’il serait plus avantageux et juste d’envoyer nos prisonniers dans des CHSLD et installer les personnes âgées en perte d’autonomie dans des cellules où elles peuvent manger des aliments solides et recevoir des douches chaudes sur une base régulière. Ce parallèle ne s’avère pas nouveau mais l’humoriste se l’approprie avec intelligence et y extrait de belles observations. Sans verser abondamment dans l’humour engagé, il aurait été intéressant que Lise Dion, avec son impressionnante expérience et son immense talent, ose aborder l’actualité avec la même détermination dont elle fait preuve lorsqu’elle rit de ses travers. Cela aurait pu rendre les comparaisons faciles et un peu trop légères plus surprenantes et ainsi apporter une dynamique rafraîchissante.

Dans cette ère qui préconise l’humour de style stand up, Lise Dion propose deux personnages : sa célèbre ivrogne qui aime bien créer des malaises et Nancy, une coiffeuse (pour ne pas dire coéffeuse) qui, armée de sa maîtrise pour le moins douteuse de la langue française, donne son opinion sans fondement sur tout et sur rien. Puisqu’ils manquent de profondeur, ces protagonistes ne s’avèrent pas réellement pertinents et leurs propos ratent bien souvent la cible. Ceci dit, lors de la première, le public, composé de fervents admirateurs et de collègues humoristes, n’y a vu que du feu. Les gens ne se forçaient pas pour éclater de rire. Ils n’avaient pas mal aux joues seulement pour honorer le nom de Lise Dion. Ils étaient simplement, et avec raison, en pâmoison devant son sens précis et irréprochable du timing, son sarcasme totalement maîtrisé et ses expressions faciales savamment étudiées. De son côté, l’humoriste, même si elle ne sort pas des sentiers battus, ne s’est pas assise sur ses lauriers, bien au contraire. Son profond attachement pour le public, qu’elle avoue être sa plus belle histoire d’amour, était bien palpable.

Pour souligner ses 31 ans de carrière, Lise Dion a prolongé, lors du rappel, la tradition d’offrir un joli numéro chanté. Cette fois-ci, le medley musical truffé de classiques francophones revisitait les pans marquants de sa carrière, de son travail de serveuse chez Dunkin’Donuts en passant par le fracassant numéro sur le point G. Impossible de ne pas terminer sur une meilleure note. Celle qui ne cesse de fracasser des records de vente dans le monde de l’humour est définitivement rendue à un point où sa personnalité attachante et sa transparence font tomber sous le charme toutes générations confondues, même lorsque les sujets privilégiés touchent moins.

Crédits Photos : Stéphanie Payez/Éklectik Média

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