Jeudi dernier, le 28 avril, nous avons eu le plaisir d’assister au spectacle de clôture de la saison 2021-2022 de l’Orchestre Symphonique de Longueuil. C’est à la salle Pratt & Whitney Canada au Théâtre de la Ville qu’a été invité un nouveau venu dans notre paysage culturel, un jeune chanteur allemand d’origine géorgienne du nom de Vladimir Kornéev.
Il va sans dire que l’OSDL était comme à l’habitude dirigé par leur excellent chef, nul autre qu’Alexandre Da Costa qui, cette fois-ci encore, a su faire montre de son amour pour les vêtements en portant une queue-de-pie. On doit admettre que ces styles sortant de l’ordinaire lui vont comme un gant. Da Costa a mentionné s’être fait un cadeau en choisissant de diriger la 5ᵉ Symphonie de Tchaïkovski, (sa préférée). La soirée s’est toutefois amorcée avec un extrait de l’opéra de Tchaïkovski (1840-1893) Eugène Onegin, l’air de Lensky, que le maestro a exécuté sur son Stradivarius 1701, tout en dirigeant l’Orchestre.
Puis ce fut le 1er mouvement de la fameuse Symphonie. C’était la première fois depuis longtemps que nous pouvions voir l’Orchestre au grand complet, d’où probablement le choix d’une telle pièce prestigieuse. Le Maestro avait choisi de nous présenter en alternance un mouvement de la Symphonie ainsi que la nouvelle recrue qui venait tout juste d’arriver au Canada depuis une semaine. Cette symphonie a été écrite en 1888, près de onze ans après la 4ᵉ, et comporte quatre mouvements, dont le 1er Andante – Scherzo. Allegro con anima.
Un mouvement assez demandant autant de la part du chef que celle des musiciens, ce qui nous a permis de voir en Da Costa la bête de scène qu’il est. Quant au 2ᵉ mouvement, Andante cantabile, con alcuna licenza était évidemment plus en douceur. Le 3ᵉ mouvement sur un rythme de valse nous faisait entendre plus d’harmonie et de légèreté, Valse. Allegro moderato. Quant au 4ᵉ mouvement, Finale. Andante maestoso – Allegro vivace (Alla Breve) – Molto Meno Mosso, on avait l’impression d’entendre un hymne national ou une marche avec un crescendo qui nous faisait penser à la 1812, mais qui reprend son rythme plus léger pour en arriver à une finale plus douce que celle à laquelle nous nous serions attendus.
Quant à l’artiste invité, Vladimir Kornéev, en plus d’être un chanteur des plus accomplis, c’est également un acteur qui nous a démontré tout son talent lors de ses performances.
Il s’agissait de sa première apparition canadienne, et on peut dire que la réception qui lui a été faite était extrêmement chaleureuse. L’artiste qui parle très bien français a, tout d’abord, dédié ses prouesses au peuple ukrainien, geste pour lequel il a évidemment été fort applaudi.
Sa première chanson, de Michel Legrand intitulé Les moulins de mon cœur, a été suivie d’un succès d’Édith Piaf , Padam, qui nous a permis de découvrir la puissance de sa voix et à quel point chanter avec un orchestre symphonique convenait à ses cordes vocales. Nous avons aussi pu entendre sa version de Je suis malade de Serge Lama dont on pouvait sentir toute l’émotion.
Évidemment, qu’il ne pouvait pas ne pas interpréter Kalinka en russe à laquelle le public s’est empressé de participer. Une présentation à travers laquelle il nous a fait découvrir, une nouvelle fois, ses talents de comédien. Il n’a pas oublié Charles Aznavour de qui il a chanté La Bohème. Puis, une autre chanson en russe que lui et une violoncelliste ukrainienne ont dédiée à la paix, Zhuravli, une des chansons russes les plus célèbres sur la deuxième guerre mondiale. Il a terminé son tour de chant avec Mon Dieu, qui nous a donné la chair de poule.
L’artiste s’est prêté volontairement et joyeusement au jeu du rappel pour lequel il nous a offert Tchaïkovski de Kurt Weil avec toutes les particularités que les œuvres de Weil comportent. Pour ce numéro, l’artiste fut accompagné du piano seulement. Cette chanson est une déclinaison de tous les musiciens russes autant classiques, contemporains que populaires, qu’il a chantée sur trois rythmes différents, allant toujours de plus en plus vite pour chacune des versions.
On peut dire de lui qu’il est très talentueux, a une voix du tonnerre, et en plus, il est très beau. Ce ne sera certainement pas sa seule apparition en public, puisqu’il vient de participer à l’enregistrement d’une chanson avec Ginette Reno pour son prochain album. Quand on connaît les résultats que Madame Reno a obtenus avec son duo Fais-moi la tendresse en compagnie de Marc Hervieux, on peut s’attendre à beaucoup de frissons.
On peut dire que l’OSDL a mis la barre haute pour la clôture de la saison 2021-2022, et à ce qu’Alexandre a pu nous faire comprendre, la saison 2022-2023 ne sera pas en reste non plus. Si le passé est garant de l’avenir, on peut s’attendre à un tas de surprises. Sans compter la tournée estivale qui s’amorcera bientôt. Beaucoup de petits et grands bonheurs en perspective.