Louis-Jean Cormier

Louis-Jean Cormier au MTELUS : un baume au coeur

Le 16 décembre dernier, quelques heures après avoir appris que le méchant variant Omicron réduira de 50% nos partys de Noël en famille et nos accès aux bars, commerces et restaurants, l’auteur-compositeur-interprète Louis-Jean Cormier prenait d’assaut un MTELUS rempli et fébrile pour sa première médiatique et dernier spectacle de 2021 de sa tournée entourant ses troisième et quatrième albums en solo, Quand la nuit tombe et Le ciel est au plancher, tous deux lauréats du Félix de l’album Adulte Contemporain de l’année en 2020 et 2021.

La soif de jouer et d’entendre de la musique en chair et en os était encore plus palpable et grande que d’habitude, étant donné le contexte. Les spectateurs, attentifs et démonstratifs de la première à la dernière seconde, ont eu droit à un galvanisant party rock aussi brut qu’introspectif. Pour ouvrir le bal, le public a dégusté une savoureuse entrée de luxe en la personne de Salomé Leclerc qui a d’ailleurs reçu une élogieuse présentation de la part de Louis-Jean Cormier, ou Jean-Luc Cornellier comme il aime se rebaptiser.

Salomé Leclerc
Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Passée de loin l’expérience et le talent d’un artiste en première partie, l’autrice-compositrice-interprète a offert un sublime aperçu de ce qu’elle est capable d’accomplir avec ses guitares et avec son complice Joseph Major à la percussion. Les spectateurs qui ont eu un goût de trop peu – et ils sont nombreux si on se fie aux cris- pourront se rabattre au prochain passage en solo de Salomé prévu le 17 mars au patrimoine culturel essentiel La Tulipe.

Même s’ils n’étaient que deux sur scène pour quelques morceaux dont le puissant Cinéma de l’excellent nouvel album mille ouvrage mon cœur, on avait l’impression d’assister à un show full band tant la fougue et l’intensité étaient présentes à tous les niveaux : des solos enivrants, une voix céleste chantant authentiquement les méandres de l’amour sous un festival d’éclairages magnifiquement en furie. «Ce que je vois en ce moment est incroyable ; 1200 personnes de plus de ce que je connais habituellement et je trippe!», a-t-elle lancé, des étincelles dans les yeux. Effectivement, elle ne mérite rien de moins pour ses spectacles où elle tient la vedette!

Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

Dire que Louis-Jean Cormier affichait une forme olympienne en amorçant son tour de chant est un euphémisme! Que ce soit pour une performance sobre, comme la magnifique ouverture seul au piano pour la pièce J’ai monté, ou pour un numéro survolté, comme le titre Tout tombe à sa place qui a suivi peu de temps après, l’artiste a investi le même degré d’émotion et d’énergie, offrant ainsi une soirée éclectique, nuancée, surprenante et franchement inoubliable. Ce spectacle rôdé au quart de tour prenait délicieusement le temps d’offrir des moments spontanés et de savoureuses improvisations musicales qui avaient le don d’enivrer, de plonger le public dans un univers où les soucis n’existent plus.

On peut dire que les thèmes principaux de ce concert étaient le deuil sous toutes ses coutures (ou presque) et les questionnements religieux. Ayant conçu Le ciel est au plancher pour panser les plaies liées au décès de son père pasteur avec qui il avait entamé un rapprochement significatif, Louis-Jean Cormier a trouvé refuge dans un processus créatif dépourvu de la moindre once de censure. Cette jouissive liberté a envoûté les spectateurs qui étaient hypnotisés par les blagues sans filtre de Louis-Jean Cormier tantôt par sa voix qui dévoile depuis les deux dernières années un rauque bouleversant qui donne de multiples frissons.

Crédit photo : Stéphanie Payez / Éklectik Média

En réinventant les arrangements de certains de ses succès comme Tout le monde en même temps, Si tu reviens ou encore St-Michel, Louis-Jean Cormier a réussi à impressionner son large bassin d’admirateurs de plusieurs manières. Il maîtrise sans contredit l’art de pimenter son répertoire pour offrir des perles en studio et sur scène qui démontrent sa versatilité stupéfiante. Et dire qu’à plusieurs reprises pendant le spectacle, il faisait allusion au fait qu’il ne se considère pas comme un artiste…

En guise de conclusion, nous avons eu droit à des rappels choisis par la foule. Ces choix ont été une version acoustique de la merveilleuse La seule question, qui est d’ailleurs la chanson préférée du père de Louis-Jean, qui a permis à ce dernier de connecter avec sa douce vulnérabilité et un séduisant retour en arrière avec la pièce Pyromane de son immortel groupe Karkwa. Des souvenirs qui vont nous bercer tendrement et rendre plus supportable l’interminable noirceur dans lesquelles les arts vivants sont plongés…

Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média