Magnifique concert de fin de saison à l’Orchestre Métropolitain

Après une année marquée entre autres par une tournée exceptionnelle en Europe, l’Orchestre Métropolitain clôturait samedi soir sa saison 2017-2018 à la Maison symphonique de Montréal par un concert sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, qui souignait le retour du ténor franco-mexicain Rolando Villazón après trois ans d’absence de la scène montréalaise.

La bromance Villazón / Nézet-Séguin faisait du bien à voir. Il existe une grande complicité entre ces deux hommes. C’est quelque chose de contagieux qui a contribué à rendre cet événement tellement sympathique. J’avais l’impression d’assister de façon privilégiée à une séance de musique entre amis. Je ne veux certes pas employer le terme « jam », car nous étions loin d’une improvisation. Il était apparent que ce concert avait été préparé avec toute la rigueur nécessaire.

« Les joyeuses facéties de Till l’Espiègle» poème symphonique de Richard Strauss en ouverture, a donné le ton à cette soirée qui se voulait sous le signe de la joie et de la nature. Je regardais Yannick Nézet-Séguin diriger énergiquement cette partition, presqu’en dansant. Il était tellement imprégné par la musique que pendant quelques instants j’ai imaginé qu’il incarnait ce personnage mythique de l’Allemagne du quatorzième siècle.

© Francois Goupil pour l’Orchestre Métropolitain de Montréal

Composées pour voix et piano, les « Sept chansons populaires espagnoles » de Manuel de Falla (1876-1946), transcrites pour orchestre par Luciano Bério (1925-2003) étaient interprétées par Rolando Villazón en première partie de ce concert. Après l’entracte, il s’est attaqué à « Huit romances pour ténor et orchestre » de Guiseppe Verdi (1813-1901), dans l’orchestration de Luciano Bério, mélangeant à la fois le style opératique propre à Verdi et des accents plus contemporains.

J’ai entendu Villazón pour la première fois, il y a 13 ans dans « l’Élixir d’Amore » de Donizetti, une production signée Otto Schenk au Métropolitan Opera de New York. J’avais alors été séduit par sa voix chaude, à la fois douce et puissante, son timbre particulier, tellement moins gueulard que certaines vedettes de la scène lyrique. J’avais été ému par le ressenti dans son interprétation de « Una furtiva lacrima ».

Hier, même si la voix a vieilli et que le registre est parfois limité, j’ai retrouvé toutes les qualités vocales qui me plaisent chez un ténor. Rolando Villazón a su nous faire voyager à travers son chant. Le plaisir était évidant des mélomanes qui lui ont réservé une chaleureuse ovation. Sans aucun doute un des beaux moments que j’ai vécus à l’opéra et au concert. Vivement des visites plus fréquentes à Montréal!

La soirée s’est terminée par le poème symphonique « Pins de Rome » d’Ottorino Respighi (1879-1336). L’interprétation de Nézet-Séguin et de l’Orchestre Métropolitain était magistrale et nous a transportés à travers une foule d’images et d’émotions, s’achevant en crescendo dans une grandiose apothéose. Les trompettistes installés aux galeries du niveau balcon de la Maison symphonique donnaient à l’œuvre une dimension particulière, rappelant les trompettes militaires de la Rome antique qui saluent au loin l’armée qui revient d’une campagne afin de célébrer sa victoire.

Duets septembre 2017 / ©Deutsche Grammophon

En terminant, je rappelle que le ténor Rolando Villazón et le baryton-basse Ildar Abdrazakov ont en registré un CD de duos d’opéra avec l’Orchestre Métropolitain dirigé par Yannick Nézet-Séguin paru en septembre dernier sous étiquette Deutsche Grammophon. Ildar Abdrazakov sera du concert de l’OM le 28 octobre prochain à la Maison Symphonique.

 

 

Concert dédié à la mémoire  de la violoncelliste Céline Cléroux (1958-218)

Orchestre Métropolitain de Montréal
Yannick Nézet-Séguin, chef d’orchestre
Rolando Villazón,  ténor

Richard Strauss
Till Eulenspiegels lustige Streiche

Manuel de Falla / Luciano Bério
Siete cancionnes populares españolas

Guiseppe Verdi / Luciano Berio
Otto Romanze

Ottorino Respighi
Pini di Roma

Samedi 5 mai 2018, 19h30
Maison Symphonique de Montréal

Photo d’entête
©François Goupil pour l’OM