Marie-Évelyne Lessard en 9 questions

On la verra dès le 5 novembre dans la quotidienne Clash sur les ondes de VRAK. Elle figurera également dans la deuxième saison de Cheval-Serpent qui sera diffusée sur Ici Radio-Canada Télé en 2019. Les amateurs de télévision québécoise ont définitivement pas fini d’être sous le charme du talent d’actrice de Marie-Évelyne Lessard cette année! Voici ce que la principale intéressée avait à nous dire concernant ces deux séries ainsi que sur d’anciens projets qui lui tiennent encore énormément à cœur.

Tu fais partie de la quotidienne Clash dans laquelle tu interprètes Sandrine Boudrias, une physiothérapeute. Quelles recherches as-tu fait pour ce rôle afin de bien te mettre en bouche le vocabulaire complexe relié à ce métier?

Je dois d’emblée préciser que j’ai étudié la massothérapie il y a plusieurs années et pratiqué ce métier pendant deux ans avant que ma carrière de comédienne prenne son essor. J’ai donc acquis des notions en physiologie et en anatomie ainsi qu’un bagage de thérapeute. Ça m’a énormément aidé à préparer et interpréter le rôle de Sandrine. J’ai tout de même fait de longues recherches sur le métier de physiothérapeute en centre de réadaptation et rencontré des professionnels pour leur poser des questions. De plus, il y avait toujours un physiothérapeute sur le plateau de tournage pour me montrer comment faire les manœuvres et quel matériel utiliser, question de rendre le tout plus crédible.

Dans Clash, tu es appelée à partager beaucoup de scènes avec de jeunes acteurs. Comment décrirais-tu la nouvelle vague de talents d’ici?

Les jeunes acteurs et actrices travaillant sur Clash ont pratiquement tous une formation et un bagage solides. Ils sont tous extrêmement talentueux et charismatiques. Je pense qu’en général, les jeunes acteurs ont aujourd’hui un naturel et une assurance très tôt dans leur parcours.Peut-être est-ce dû au fait qu’ils ont accès à une offre télévisuelle beaucoup plus vaste qu’avant, et ce dès l’enfance, et qu’ils ont grandi avec les réseaux sociaux. Ils ont une aisance désarmante sur les plateaux, et la caméra ne semble aucunement les intimider. Ils sont magnifiques.

Comment avez-vous travaillé ensemble pour parvenir à une relation crédible qui est basée sur la confidence?

Je crois que ça s’est fait tout naturellement. Il n’y a pas de recette miracle; on s’apprivoise, on apprend à se connaître et on répète les scènes. Les textes qu’on doit interpréter et les situations que vivent les personnages dans la série nous donnent tout le nécessaire pour créer cette relation de confidence.

Comment t’es-tu adaptée à la rapidité d’un plateau de tournage d’une quotidienne?

Je connaissais déjà Aetios Productions, ayant travaillé sur Trauma, 30 Vies et Cheval-Serpent. Je savais donc à quoi m’attendre en ce qui concerne le rythme de travail. Il faut évidemment une bonne préparation avant les tournages, savoir ses textes et idéalement être en forme! Parfois, on aimerait travailler certaines scènes plus en profondeur, mais il faut accepter de lâcher prise lorsque le temps ne le permet pas. C’est pourquoi je pense qu’il faut beaucoup de concentration et de générosité de la part des acteurs pour qu’une quotidienne fonctionne.

On peut également te voir dans la deuxième saison de Cheval-Serpent où tu incarnes Laila Rochat. Comment ce rôle est venu à toi et comment as-tu travaillé le personnage?

On m’a invitée à auditionner et j’ai décroché le rôle. J’ai eu beaucoup de plaisir à interpréter Laila malgré le peu d’informations que j’avais sur le personnage. J’ai composé en m’imaginant son histoire, en brodant autour de ce qui était écrit. J’ai aussi travaillé le personnage pour lui donner une attitude indocile et séductrice qui sont assez loin de ma personnalité.

Cheval-Serpent ne reviendra pas pour une troisième saison. Au-delà de faire le deuil d’une équipe et d’un plateau de tournage, comment parviens-tu à être en paix avec ce que tu as fait même si tu peux avoir l’impression que tu pouvais en offrir encore plus ou que ton personnage n’avait pas fini de raconter son histoire?

Je suis effectivement un peu déçue de ne pas pouvoir développer ce personnage davantage, car on en sait très peu, mais je suis très satisfaite du résultat et de ma rencontre avec cette talentueuse équipe de tournage. Ceci dit, en télévision, on fait constamment des deuils; ça fait partie du métier…

Tu fais également partie de la distribution de Féminin/Féminin. En quoi cette web série a changé tes perceptions sur la communauté LGBTQ+ et sur les terribles préjugés et stéréotypes auxquels elle fait face dans certaines fictions?

Je n’avais pas une perception précise sur la communauté avant de tourner cette série. Je dirais qu’elle m’était plutôt inconnue en fait. Faire partie de ce projet m’a surtout confirmé que ce sont les mêmes thèmes universels qui reviennent peu importe l’orientation sexuelle: la recherche du bonheur, la peur de l’engagement, la maternité, le fossé entre générations, l’infidélité, la force des amitiés. La série ne mise pas uniquement sur les questions d’identité sexuelle ou de genre. On découvre un univers de femmes lumineuses, différentes, drôles, avec leurs forces et leurs travers. C’est ce qui rend cette série si charmante et pleine de sincérité, et qui peut contribuer à changer les perceptions stéréotypées et les préjugés.

Tu as joué dans la série 19-2, qui fête cette année son cinquième anniversaire. Quel héritage gardes-tu de cette expérience?

19-2 a été un de mes premiers plateaux de tournage! J’étais très impressionnée de me retrouver avec une telle équipe. J’ai beaucoup appris sur mon métier. Mais ce qui me reste surtout de cette expérience, ce que je garde en tête, ce sont les tournages de scènes dramatiques d’une force inoubliable, des grands moments de télévision. Je garde le souvenir de nombreux fous rires mais aussi parfois de grands frissons lors de certaines scènes de groupe. Nous savions que nous participions à une série qui marquerait les esprits! Les gens m’en parlent encore très souvent. J’ai fait des rencontres extraordinaires et je me considère très privilégiée d’avoir été de cette distribution.

On parle souvent du manque de diversité à la télévision québécoise. Selon toi, quels moyens et stratégies l’industrie devrait adopter pour pallier à ce problème?

J’entends parler de ce sujet depuis que j’ai commencé ma carrière! Les choses bougent très lentement, mais dans la dernière année, j’ai senti que, pour la première fois, les vœux pieux se transformaient en actions réelles dans le milieu. Le comité pour la promotion de la richesse de la mosaïque culturelle et artistique des membres de l’UDA, communément appelé « comité mosaïque » a été mis sur pied, et plusieurs de leurs actions ont été réalisées ou sont en cours de réalisation en collaboration avec des partenaires, et auprès de différentes organisations, publiques et privées en audiovisuel. Je crois qu’il y a un éveil réel à augmenter la présence d’artistes de la diversité culturelle à l’écran. J’ai bon espoir que le paysage télévisuel aura beaucoup changé d’ici quelques années.

Crédits Photos : Courtoisie