Marie-Mai au FestiVoix : elle, nous et l’affirmation de soi

Hier soir, la scène Loto-Québec du FestiVoix de Trois-Rivières bourdonnait de cris, de pieds sautant avec vigueur sur le plancher en métal des zones d’écoute…et même d’un sifflet! La raison de cet enthousiasme ? La venue de Marie-Mai pour son tout premier spectacle devant une foule de plus de 250 personnes depuis une année et demi. Pour cette occasion, la chanteuse a modifié le spectacle de sa tournée Elle et moi pour qu’il corresponde aux contraintes d’un festival en temps de pandémie. Cela dit, les mesures de distanciation sociale n’ont pas empêché la foule de se sentir comme à un des nombreux spectacles de Marie-Mai dans un Centre Bell rempli, car la chanteuse a exactement apporté la même énergie et la même frénésie.

C’est au son d’un mix enregistré très vitaminé de la pièce Empire et sous une dynamique orgie d’éclairages et de fumée que Marie-Mai s’est introduite pour entamer cette chanson marquant sa renaissance, guidée par les généreuses acclamations du public. « Je suis tellement contente de vous voir ce soir!» a-t-elle lancée devant des spectateurs qui partageaient bien évidemment ce joyeux sentiment. Bref, dans l’espace de quelques secondes, l’animatrice de Big Brother Célébrités a brillamment résumé pourquoi les spectacles d’envergure en chair et en os manquaient cruellement, autant aux artistes qu’à leurs admirateurs : un décor coloré et invitant, un artiste qui avoue sincèrement qu’il s’est ennuyé de son public et une pléiade de hits.

Vêtue en noir de la tête au pied, l’artiste qui fêtera le 7 juillet prochain ses 37 ans ne s’en laissait pas imposer avec son tank top ainsi que son short et sa longue veste en cuir qui lui donnaient une fière allure de boxeuse. Entourée d’une série de triangles lumineux bougeant en synchronicité avec les mélodies et changeant régulièrement de couleurs pour mieux illustrer l’atmosphère unique des chansons, Marie-Mai a tôt fait d’établir le fil conducteur de la soirée prodigué par son excellent choix de chansons : l’affirmation de soi.

Ses histoires inspirées de l’importance de se choisir, de vivre sa vérité de femme peu importe les réactions des autres et de régulièrement réfléchir aux raisons qui nous poussent à mener la vie qu’on mène ont réussi à réellement toucher et motiver les spectateurs à l’intérieur d’un carcan divertissant qui permettait d’oublier momentanément tous nos soucis.

Interprétant bien sûr plusieurs pièces d’Elle et moi dont Je décolle, Assoiffés de pouvoir, Oser aimer, elle a également choisi des succès de ses premiers albums qui sont en lien avec l’intention de son spectacle. C’est ainsi qu’on a pu entendre le puissant récit de vengeance Garde tes larmes agrémenté d’un solide solo de guitare électrique, À bout portant qui relate avec intensité la déchirure d’un couple et l’indémodable Mentir qui devient tristement de plus en plus vraie à chaque année depuis sa création en 2007.

Parmi les autres moments rock marquants de la soirée, notons la livraison de la flamboyante Conscience et de la première chanson qu’elle a écrite en carrière, Encore une nuit, qui aborde la violence faite aux enfants. Les musiciens étaient si investis que, même si on connaît cette chanson depuis des lustres, on était encore bouleversé par sa force. Les cellulaires allumés tendus à bout de bras lors de ce titre ont ému Marie-Mai qui semblait très reconnaissante d’avoir la chance de revivre ce désormais incontournable passage dans les spectacles live.

Marie-Mai a également assumé son virage pop à 100%. C’est dans cette veine qu’elle a présenté Élever, C’est moi, C.O.B.R.A, Emmène-moi et la version instrumentale de A sky full of stars de Coldplay greffée à la chanson de l’année à l’ADISQ en 2012, Sans cri ni haine. Les spectateurs ont participé activement sur les refrains accrocheurs et les ritournelles de ces pièces, ce qui a gonflé l’ambiance agréable et rassembleuse déjà instaurée. Il faut dire que Marie-Mai a le tour de mettre la foule à sa main, que ce soit en bougeant d’un bout à l’autre de la scène, en s’accroupissant, en kickant dans l’air, en faisant chanter aléatoirement le public pour les inclure davantage, en lui demandant de se lever régulièrement ou en lui scandant fréquemment à quel point il est beau.

Marie-Mai réservait également une belle surprise aux festivaliers : l’apparition du rappeur Imposs qui s’est chargé de la portion rappée de la pièce Elle et moi avant d’interpréter ses titres Légendaire et Sans lendemain (one last time), un duo estival qu’il a fait paraître l’an dernier avec nulle autre que Marie-Mai. Une belle complicité se dégageait de leur performance. Ce n’est pas pour rien que Marie-Mai a affirmé que cette collaboration avec Imposs est l’une de ses préférées de toute sa carrière.

Pour clôturer la soirée en beauté, Marie-Mai a offert deux rappels s’inscrivant à merveille dans les messages qu’elle souhaite véhiculer avec cette tournée : Exister et Différents. Un dernier moment enlevant de cette soirée qui sera longtemps ancrée dans la mémoire des fans parfaitement imparfaits de Marie-Mai qui étaient présents pour lui rappeler qu’ils apprécient le fait qu’elle suive sa voix comme elle l’entend.

Crédits Photos : Stéphanie Payez, Éklectik Média