L’autrice-compositrice et interprète Nolwenn Leroy dévoile ce vendredi 12 novembre son huitième album intitulé La Cavale. Un opus qui montre une belle continuité artistique tout en offrant un beau mélange de pop électro et de ballades. Un ensemble harmonieux qui donne l’effet d’une montagne qu’on monte et descend au cours d’un voyage et qui nous ramène subtilement au titre choisi pour ce nouveau projet.
Le fruit d’une nouvelle collaboration
Pour ce nouvel album, Nolwenn Leroy a collaboré avec nul autre que Benjamin Biolay dont on peut d’ailleurs entendre immédiatement l’empreinte artistique. Une collaboration qui a permis à l’artiste d’en apprendre beaucoup sur elle-même. Voici ce que l’artiste nous a partagé au bout du fil à propos du travail créatif qui se cache derrière la musicalité des chansons :
« Ben, forcément, on retrouve les natures fortes de la musique de Benjamin Biolay , puisque c’est lui qui a réalisé et produit l’album. On retrouve de très belles cordes comme il sait si bien les écrire, de très belles mélodies comme Le tournis, Tu me plais qui sont des chansons très cinématographiques. Globalement, son idée était de trouver un équilibre sur l’album et d’amener peut-être un peu plus de lumière que ce que j’avais pu avoir sur mes albums précédents. C’est un album fait pour la scène aussi avec, je dirai, une vraie dualité. Je pense qu’on s’est laissé porter par les textes, par nos échanges et les thématiques que je voulais aborder. On a avancé petit à petit et comme Benjamin ça va très vite dans sa tête, à chaque rencontre, à chaque discussion arrivait une nouvelle chanson qui provenait d’une conversation que nous avions eue.
En vérité, on ne s’est pas trop posé de questions, tout était très naturel et assez évident, mais je me suis laissé porter, ce qui ne m’arrive pas souvent. Ce qui est spécial dans ces rencontres, c’est qu’on en apprend beaucoup sur soi-même à travers un album écrit par quelqu’un d’autre. Même dans mon écriture, il y a des choses que je n’arrivais pas à dire avec mes mots et des émotions que je n’arrivais pas à exprimer que lui a réussi à faire, donc j’ai avant tout appris sur moi-même à travers cet album hyper personnel et intime alors que ce sont les seules chansons que je n’ai pas écrites (à l’exception de La Cavale). C’est paradoxal, mais, en même temps, ça prend tout son sens.
Puis, j’ai appris peut-être à me laisser aller un peu plus, à faire confiance et surtout à avoir plus confiance en moi. La façon dont on a travaillé, c’était en toute liberté. Il m’a laissé beaucoup de place et on était vraiment dans l’écoute. Il me disait : Chante comme toi tu veux chanter et pas comme moi j’aimerais que tu chantes donc j’étais libre dans mon interprétation et ça m’a vraiment redonné confiance en moi. »
Pour donner la ligne directrice et le ton de ce nouvel album au public, Nolwenn Leroy a dévoilé il y a quelques mois la pièce Brésil, Finistère qui connaît d’ailleurs un véritable succès en France. Lorsqu’on demande ce qu’une chanson doit avoir pour qu’on la choisisse comme single, l’artiste nous répond :
« Ah la la, c’est dur le choix de single! Ça a toujours été difficile, je n’ai jamais réussi à choisir. C’est vraiment un truc à part le choix du single parce qu’il y a beaucoup de choses qui rentrent en compte. Il y a les radios, le format et des trucs qui sont à des années-lumière de ce que je pense quand j’écris une chanson même si aujourd’hui c’est important d’avoir le bon format pour que ça passe à la radio. Généralement, j’ai du mal de faire des choix, donc c’est un truc que je n’arrive pas à faire. Quand il faut choisir en général, je demande de l’aide. Jamais je ne me dis que cette chanson-là va être un single quand j’écris, mais je devrais peut-être hein?!. Il y a une recette, mais je ne l’ai pas encore (rires)! »
L’importance de l’interprétation
Au-delà des textes et de l’orchestration qui accompagnent les chansons, ce qui continue de faire son effet au fil des années, c’est bien sûr la voix chaude de Nolwenn Leroy qui surprend encore à travers les contrastes qu’elle y apporte. Entre envolées vocales, retenue et voix parlées, nous nous sommes demandé comment elle choisit la manière dont sa voix va se poser sur les chansons et si sa manière de percevoir les chansons a changé depuis qu’elle en écrit :
« Je n’anticipe jamais avant de chanter une chanson la façon dont je vais poser ma voix, ou comment je vais chanter d’un point de vue technique en fait. Je me laisse porter par le texte, par les chansons. Je me laisse vraiment porter par l’émotion, par ce qui va se passer, par l’instant et la spontanéité. J’essaie de ne pas faire trop de prises de voix, parce que plus je chante et rechante, moins il y a de spontanéité et de vérité dans mon chant.
Plus je vais vouloir bien faire et refaire, moins il y aura de ces petites imperfections et ces petits craquements de la voix qui créent l’émotion. Je me mets dans un état où je raconte une histoire. Je ferme les yeux, j’ai des images dans ma tête comme le début d’un film et je me laisse porter. Je pense qu’il faut que la technique soit là comme sorte de soutien, mais qu’on ne la ressente pas dans le chant.
C’est vrai qu’en France, il y a un côté très auteur-compositeur, mais, pour moi, bien interpréter les chansons et les mots, c’est un énorme travail à part entière, et ce n’est pas donné à tout le monde. Pour moi, c’est un tout. Après, est-ce que le fait d’écrire des chansons change ma manière de les percevoir? Je ne sais pas, j’ai du mal à m’en rendre compte peut-être inconsciemment. C’est difficile. À mes débuts, je n’avais pas la possibilité d’écrire mes chansons, c’est venu sur mon second album, mais c’est vrai que c’est important pour moi dans mon parcours de pouvoir écrire mes chansons pour pouvoir m’installer et être dans mon univers. Je ne me serais pas vu faire les choses autrement, mais, voilà, c’est bien que je me nourrisses de tout.
C’est ce que je préfère dans mon métier, c’est qu’on apprend de tout. Je continue d’écrire des chansons, j’en ai d’ailleurs écrit une dans cet album, La cavale, mais j’aime aussi chanter. Mon plus gros album était Bretonne , et c’est un album constitué en majorité de reprises où je chantais des chansons traditionnelles. »
Lorsqu’on écoute les précédents albums de l’artiste, on peut y déceler une belle prédominance de violon et de piano qui sont à la fois des instruments qu’elle aime beaucoup, mais qui font référence aussi à ses années de conservatoire. Par contre, lorsqu’il est question de nature profonde et d’empreinte artistique, Nolwenn la définirait plus à travers la harpe qui figure également beaucoup dans son répertoire, mais qui ramène également l’artiste à ses racines bretonnes.
«Je dirais qu’au-delà du violon, pour moi, c’est la harpe qui a une grande place dans mes albums et les instruments celtes qui ont pris une place énorme dans mon travail et dont j’ai beaucoup de mal à me passer aujourd’hui. J’adore cette sonorité qui me touche au cœur. Ce sont des instruments incroyables qui permettent de faire plein de choses et pas forcément dans un but traditionnel. Il y a une vraie modernité dans la harpe qui est une vertèbre de la voix humaine. On retrouve aussi la harpe sur plein d’albums que j’adore comme ceux de Florence Welch. Il y a quelque chose de très moderne, de très féminin et de sexy à la fois.»
Au fil de sa carrière, Nolwenn Leroy est une artiste qui a su explorer différents univers musicaux allant du folk à l’électro ou encore de la pop au celtique, mais est-ce que cette traversée des genres musicaux ne serait pas un moyen pour la musicienne de se sentir plus libre artistiquement et de se réinventer plus rapidement album après album? Voici ce qu’elle répond :
« Bien sûr! C’est ce que je me dis toujours à chaque album! C’est du renouveau dans la continuité en fait, c’est-à-dire à la fois surprendre sans déstabiliser pour autant et je dirais garder son ADN et proposer quelque chose. Mon univers, ce sont des racines et des influences pop, et c’est sûr que la musique celtique a pris beaucoup de place de part cet album un peu concept qui a pris beaucoup de place dans mon histoire de bretonne, mais, finalement, la musique celte est à la base de la musique pop et du punk et il y a une cohérence globale. Je pense que j’ai toujours aimé plein de styles différents et, pour moi, une bonne chanson est une bonne chanson peu importe le style. »
Les premiers pas au petit écran
Outre la musique, Nolwenn Leroy a fait ses premiers pas à la télévision en tant que comédienne dans la série policière française Capitaine Marleau (Saison 4). Un projet pour lequel elle a pris beaucoup de plaisir et qui risque de changer ses performances sur scène.
« Ça fait longtemps que j’avais envie de me lancer, mais j’attendais le bon projet et j’étais vraiment focus sur ma musique, donc j’attendais le bon moment. J’ai été contactée par Josée Dayan pour faire un rôle dans Capitaine Marleau ,qui est une série que j’adore parce que je suis fan de Corinne Masiero (l’interprète de Capitaine Marleau), j’aime la personne qu’elle est. Je ne pouvais pas refuser cette opportunité. J’ai adoré travailler à ses côtés. Josée et Corinne ont été d’une bienveillance incroyable et je n’aurai pas pu rêver mieux comme première expérience, à tel point que j’ai envie de recommencer. J’ai adoré l’état dans lequel j’étais à ce moment-là et de me lancer aussi dans quelque chose de différent. Je ne provoque jamais les choses, je fais confiance à mon instinct et au temps.
Est-ce que ça va changer quelque chose dans mes performances sur scène ? Justement, je me posais la question. Je pense que ça apporte quelque chose de différent, peut-être pas dans le fait de performer sur scène , mais dans l’interprétation et dans le fait d’incarner un personnage. Ça fait appel à certaines émotions que l’on peut ressentir quand on est chanteur, mais pas totalement parce qu’il y a d’autres choses qu’on ressent quand on est acteur. On apprend d’autres choses, mais je pense que ça peut changer mon interprétation.
Justement, il y a une chanson un peu cinématographique dans mon album comme Le tournis où, à un moment donné, je parle et c’est un côté un peu plus d’actrice dans cette chanson, donc peut-être que oui dans cet aspect-là, mais, de toute façon, on se nourrit toujours des expériences que l’on peut vivre. Donc, ça ne change pas nécessairement quelque chose , mais apporter quelque chose, oui certainement. »
Le huitième opus de Nolwenn Leroy , La cavale , est maintenant disponible en magasin ainsi que sur toutes les plateformes de téléchargement.