Nos belles-soeurs

Nos belles-soeurs : du bonheur gratis

L’incontournable pièce de Michel Tremblay fait son entrée au cinéma sous l’appellation Nos belles-soeurs. Un titre bien choisi par le réalisateur René Richard Cyr puisqu’il représente parfaitement le sentiment d’appartenance que l’on ressent lorsque l’on découvre nos fameuses belles-sœurs interprétées par Geneviève Schmidt (Germaine Lauzon), Guylaine Tremblay (Thérèse Dubuc), Anne-Élisabeth Bossé (Rose Ouimet), Diane Lavallée (Angéline Sauvé), Véronique Leflaguais (Olivine Dubuc), Valérie Blais (Lisette de Courval), Pierrette Robitaille (Rhéauna Bibeau), Véronic Dicaire (Pierrette Guérin) et Ariane Moffatt (Yvette Longpré). 

Dès le début du film, on sent la magie particulière qu’évoquent les belles-sœurs avec la célèbre scène du bingo, qui nous permet à la fois de découvrir les personnages, mais aussi de montrer la dynamique et le rythme que prendra cette nouvelle adaptation. On rappelle que l’histoire se concentre autour de Germaine Lauzon, qui est l’heureuse gagnante d’un million de timbres Gold Stamp. Une nouvelle qu’elle souhaite fêter en bonne et due forme en proposant à sa fille, sa soeur, sa belle-soeur et ses voisines de participer à une soirée de collage de timbres. 

Cette victoire pour l’attachante Germaine, qui n’a jamais rien gagné de sa vie, va susciter une multitude d’émotions chez les autres femmes et est également une belle prémisse pour entrer dans la vie de chacune d’elle. Gagner 1 million de timbres va être une bonne raison pour Pierrette Guérin de faire son grand retour dans cette communauté de laquelle elle a été exclue il y a de ça 20 ans.

Contrairement à la pièce où ils sont absents, l’ajout des hommes interprétés par Steve Laplante (mari de Germaine), Guillaume Cyr (mari de Rose), Olivier Aubin (mari d’Yvette) et Maxime Le Flaguais (Johnny) apporte une nouvelle perspective à l’histoire tout en conservant l’âme de ce que l’on connait déjà de la pièce. 

 

Des performances à souligner

René Richard Cyr s’est magasiné une solide distribution pour son film, on ne va pas se le cacher. Certaines femmes font leur entrée au cinéma, alors que quelques comédiennes en font de même avec la chanson, et tout fonctionne merveilleusement bien. La réalisation de René Richard Cyr nous fait oublier complètement qui se cache derrière les personnages, car elles sont les personnages.

Bien que la qualité d’interprétation des comédiennes s’équilibre au même niveau, comme dans tout projet, il y a des performances qui surprennent plus que d’autres, en commençant par la tête d’affiche Geneviève Schmidt qui illustre de manière incroyable la victoire de quelqu’un qui n’a jamais gagné quelque chose de sa vie. Doser l’immensité d’un bonheur plus grand que nous pour la première fois en le teintant de la retenue qu’il faut pour ne pas faire une folle de soi, c’est un sacré défi, et Geneviève Schmidt l’a réalisé avec brio. 

Pierrette Guérin est un personnage fascinant avec sa flamboyance d’une âme déchue et son coeur meurtri par son criss de Johnny. Ce rôle a été attribué à Véronic Dicaire qui subjugue et transperce littéralement l’écran. Pour cette dernière, le chant et la danse n’ont plus vraiment de secrets, mais pourtant son interprétation nous montre une Véronic Dicaire que l’on avait encore jamais vu dans ce personnage à la fois sexy, déchiré et en quête de pardon. D’ailleurs, sa prestation de la chanson Crisse de Johnny nous jette véritablement à terre.

De son côté, Véronique Leflaguais interprète Olivine Dubuc, une vieille dame de peu de mots qui se fait malmener par sa bru, interprétée par Guylaine Tremblay. Un rôle qui mise donc davantage sur le non-verbal, et quel plaisir de voir cette grande comédienne dans ce personnage qui nous fait rire aux éclats à chacune de ses interventions. Il sera désormais difficile de demander un coke sans penser à Mme Dubuc!

Debbie Lynch-White , quant à elle, interprète la timide Des-Neiges Verrette qui est secrètement amoureuse de son vendeur de brosse. C’est d’ailleurs en chantant la chanson Mon vendeur de brosse que la comédienne surprend davantage. 

On ne peut passer sous silence les premiers pas de l’autrice-compositrice et interprète Ariane Moffatt au cinéma. Si vous étiez septique à l’annonce de la distribution, vous serez d’autant plus surpris par sa performance au cours de laquelle elle dévoile un faciès extrêmement expressif et d’autant plus drôle. Difficile de détourner le regard d’Ariane Moffatt dans les chorégraphies tant ses expressions faciales valent pas mal la même chose qu’un million de timbres Gold Stamp gratis!

Nos belles-soeurs

On pourrait encore en dire long sur Nos Belles-Soeurs, et c’est justement pour cette raison qu’elles traversent les époques du théâtre jusqu’au cinéma.