Opéra de Montréal : un programme double dans deux mondes complètement différents

Jeudi dernier nous avons pu assister, toujours dans le confort de notre salon, à une soirée composée de deux opéras et dédiée à la gente féminine. Ces deux productions de l’Opéra de Montréal sont La voix humaine, qui mettait en vedette la soprano France Bellemarre, que nous avons vue tout récemment dans le rôle de Mimi dans La Bohème, et L’hiver attend beaucoup de moi, une première mondiale entièrement québécoise qui mettait en vedette la mezzo-soprano Florence Bourget Madeleine et la soprano Vanessa Croome Léa.

La soirée a commencé avec La voix humaine, mise en scène par Solène Paré, du compositeur français Francis Poulenc sur un livret de Jacques Cocteau. Cet opéra d’une durée de 45 minutes est un genre de ‘’one woman show’’ qu’interprète à merveille France Bellemarre.

Une maîtresse qui vient d’être laissée pour compte par son amant exprime dans ce monologue les différentes émotions à travers lesquelles elle passe après cette rupture amoureuse. Par moment, elle tient une conversation téléphonique avec lui, la dernière qu’elle aura avec lui, et même si on ne l’entend pas, on peut pratiquement entendre ce qu’il dit de par les réponses qu’elle lui donne et de la façon dont elle les lui donne.

À d’autres moments, c’est avec la téléphoniste qui, occasionnellement, lui coupe la ligne. Il faut se rappeler que cet opéra se passe dans les années 1920-1930, d’où la présence de cette opératrice du téléphone et à travers laquelle madame Bellemarre exprime d’autres émotions. À d’autres moments, elle réfléchit à la relation qu’ils ont vécue, les bons et les moins bons moments. Un très beau texte de Jean Cocteau, bien supporté par France Bellemarre, accompagnée au piano par la brillante Esther Gonthier, également directrice musicale.

Vint par la suite L’hiver attend beaucoup de moi, une création entièrement québécoise et féminine de la compositrice Laurence Jobidon sur un livret de Pascale St-Onge. Une première mondiale non seulement au point du vue de l’œuvre, mais aussi sur le sujet qui y est traité, soit la violence faite aux femmes.

Dans le Nord du Québec, Léa , qui se cherche un abri pour elle et l’enfant qu’elle porte, fait la rencontre de Madeleine, une femme dans la tourmente qui lui promet de l’accompagner jusqu’au bout. Un récit très émouvant qui permet à chacune de se remémorer des souvenirs trop souvent négatifs. On y reconnaît là la femme québécoise solidaire et résiliente. Les textes sont d’une force incroyable et la musique n’a rien a envier à n’importe quel opéra.

Un opéra qui sera certainement bien apprécié par les adeptes, d’opéra autant classique que contemporain. Quant aux interprètes, en provenance de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Montréal, elles nous ont offert une performance vocale des plus intéressantes et des plus éclatantes, quelques extraits ayant donné lieu à de superbes arias en solo ou en duo. Deux belles voix qui se mariaient merveilleusement bien. Deux interprètes qui iront sûrement loin dans le monde de l’opéra; elles étaient accompagnées au piano par Jennifer Szeto.

Pour le programme complet, les décors ont été conçus par Étienne René-Contant alors que les costumes sont signés Geneviève Lizotte, tous les deux ont fait, en ce qui nous concerne, un magnifique travail d’authenticité et de simplicité ,surtout dans le cas de L’hiver attend beaucoup de moi. Les éclairages de Martin Sirois jouaient un rôle important vu la simplicité des décors. Suzanne Trépanier s’est occupée des coiffures et maquillages de ces dames.

En somme, un programme que personne ne voudra manquer et qui demeure à l’affiche jusqu’à 19 novembre 2020 à 23h59. Nous vous rappelons que ce spectacle est présenté en ligne et que vous pouvez donc le regarder où et quand le cœur vous en dit. Vous pouvez vous procurer votre droit d’accès  au coût de 20,00$ ICI.