Pourquoi Parasite mérite l’Oscar du meilleur film

Film de l’heure depuis qu’il a reçu la consécration ultime au Festival de Cannes, Parasite de Bong Joon Ho aurait pu voir son aura s’arrêter à des critiques élogieuses mais le public est entré avec enthousiasme dans la danse.  Après avoir battu des records au box-office canadien pour un film en langue étrangère sous-titré, voilà qu’il est maintenant disponible en version française et anglaise en VSD, Blu-Ray et DVD juste à temps pour la 92ième cérémonie des Oscars!

Les versions DVD et Blu Ray ne réservent pas beaucoup de suppléments, ça se résume principalement à des commentaires du réalisateur sud-coréen, mais on n’en tient pas rigueur à Universal Pictures Home Entertainment tellement sa stratégie de diffusion est remarquable. Au-delà des critiques dithyrambiques, de la pluie de trophées (Golden Globe du meilleur film en langue étrangère, SAG de la meilleure distribution de film…) et des éloges de la part de la communauté hollywoodienne comme l’actrice Carey Mulligan, le film est accessible partout! Il est sur toutes les lèvres car il est encore à l’affiche dans un bon nombre de cinémas en plus d’être bien mis à l’évidence sur les plateformes de téléchargement. L’équipe de marketing a bien réussi à prouver que Parasite est LE film à voir avant les Oscars. Il n’y a plus d’excuse pour ne pas le visionner!

Si on veut résumer en une ligne le long-métrage de 132 minutes , on peut dire qu’il s’agit de la version coréenne de notre famille Bougon nationale mais avec un dénouement beaucoup plus sanglant! Les adultes et adolescents de la famille Kim tentent tant bien que mal de survivre dans un sous-sol miteux en accumulant les emplois sans envergure. Jusqu’au jour où ils ont la chance de faire connaissance de la richissime famille Park et s’immiscer dans un univers d’apparence parfaite. À partir de ce moment et pour tout le reste du film, le public se questionnera à savoir qui devient le parasite de qui…

Certes, l’appréciation ou la dépréciation d’une oeuvre demeurera toujours personnelle, mais quand il vient le temps de déterminer la crème de la crème dans un gala, d’autres facteurs objectifs rentrent en ligne de compte. Il y a  donc plusieurs raisons qui justifient pourquoi Parasite , nommé pour six Oscars, mérite d’être couronné de l’Oscar du meilleur film. Comme nous l’avons mentionné dans notre critique du film lors de sa sortie sur les écrans québécois, Parasite est l’un des meilleurs films de l’année, s’il n’est pas le meilleur. Il transcende la contrainte du langage. Il a démontré que si l’histoire est bonne et captivante, les spectateurs vont passer par-dessus les petits désagréments des sous-titres. Boon Joon-Ho a d’ailleurs souligné lors de son discours de remerciement aux Golden Globes que c’est la chose qui le réjouit le plus concernant l’attention que reçoit son film : que les gens ne soient pas freinés par les sous-titres, car ils auront ainsi accès à une tonne de films grandioses.

Parallèlement à ça, l’oeuvre suscite bien des réflexions sur le sujet universel des classes sociales sans assommer avec une morale sirupeuse. Le cinéaste ose et offre une macédoine de genres (parodie, drame, horreur) qui a rarement été à ce point fluide et pertinente dans le merveilleux monde du septième art. La distribution offre des performances sensationnelles. Espérons que la visibilité de l’oeuvre permettra aux acteurs d’être davantage présents sur les écrans américains…

L’oscar du meilleur film en langue étrangère est pratiquement assuré à Parasite, mais plus que jamais celui du meilleur film est également à la portée d’un film dit étranger. Ce sacre serait une victoire historique qui représenterait beaucoup pour la diversité et la pertinence des remises de prix lors d’une année où les nominations ont particulièrement fait jaser pour leur manque d’audace et de diversité. D’autant plus que, plus tôt cette semaine, l’Académie a posté par erreur ses propres prédictions pour la soirée. Devinez qui était sacré film…Coup de marketing efficace ou simple bourde à la La La Land? On le sera dimanche, mais tous les espoirs sont encore plus permis!

Il y a quelques semaines, Boon Joon-Ho a affirmé qu’une série limitée dérivée du film, en collaboration avec Adam McKay, verra le jour, probablement chez HBO. Une nouvelle tout aussi intrigante qu’effrayante. Et si on presse trop le citron à des fins mercantiles? Et si on perd la magie du long-métrage parce que la série répète le même filon sans une trace d’idées nouvelles? Par contre, penser cela serait bien mal connaître le réalisateur de Okja et Snowpiercer. Donc, en attendant de voir le résultat, il ne reste plus qu’à être rivé sur nos écrans ce dimanche soir et espérer fortement qu’on assistera à une victoire historique!