Invités spéciaux, surprises originales, explosion de confettis blancs, boule disco, chorégraphies dynamiques…Hier soir, Patrice Michaud a profité au maximum de la carte blanche que le Festival d’été de Québec lui a attribuée. Pétillant sourire de gamin aux lèvres, il a foulé la Scène Bell en s’adressant avec fébrilité à ses parents tout aussi émus : «M’man, P’pa, votre garçon joue sur les Plaines!» Cette reconnaissance, cette fierté, cette joie incommensurable de se produire sur la plus prestigieuse scène du FEQ, le public a pu les ressentir et les partager avec bonheur et émotion tout au long de cette divertissante soirée qui témoignait d’un grand accomplissement.
Possédant un sentiment d’appartenance avec la Ville de Québec puisqu’il l’a longtemps habitée, l’artiste originaire de la Gaspésie a fait des Plaines d’Abraham sa nouvelle maison dans laquelle a triomphé la musique francophone. Élégamment vêtu d’un complet rayé, Patrice Michaud a débuté ce spectacle de plus de 90 minutes avec un tour de chant revisitant quelques pièces de son troisième album, Almanach : la chanson de l’année à l’ADISQ, Kamikaze, la séduisante Cherry Blossom et Éloïse. Dès lors, l’auteur-compositeur-interprète de 37 ans a conquis les spectateurs avec sa voix bien en forme, la passionnelle fusion qu’il entretient avec sa guitare ainsi qu’avec ses puissants et amusants déhanchements sensuels qu’il a assumés avec une admirable liberté.
C’est pour offrir la magnifique Les terres de la couronne que Patrice Michaud a accueilli ses premiers invités qu’il considère être les plus belles voix féminines de notre époque : la très chic dame en noir Marie-Mai et la toujours authentique Ariane Moffatt, qui a livré une prestation incroyable de S.O.S d’un terrien en détresse lors du spectacle La musique de Stone en guise de première partie. Un moment doux qui a été suivi par la tout aussi touchante M’espères-tu?.
Maniant l’art de raconter de savoureuses anecdotes teintées d’un attachant sens de l’autodérision, le chanteur a parlé de son premier slow qui a eu lieu en 1994. Ce plain comme l’appelle son père, Patrice, alors en premier secondaire, l’a exécuté nerveusement en compagnie de Julie Pelletier, une secondaire 4, au son de Pleurs dans la pluie de Mario Pelchat. Désireux de se faire plaisir et de laisser les festivaliers pantois dans ce contexte de carte blanche, il a orchestré une reprise de cet instant de vie marquant! Devant une boule disco et un rideau rouge en velours, c’est un Patrice Michaud extrêmement fier de son coup qui a dansé à nouveau avec une Julie Pelletier complètement subjuguée face à cette surprise. Et, oui, Mario Pelchat était présent sur scène pour interpréter ce succès avec une chorale d’un millier de personnes qui se souvenaient encore de chaque mot! Une idée exceptionnelle qui a apporté un petit soupçon de folie à une soirée déjà réjouissante.
Après une version plus rock de la splendide Le feu de chaque jour, Michaud a introduit le deuxième segment du concert, celui qui met de l’avant ses intrigants Majestiques. Fasciné par les chanteurs de charme et les groupes yéyé des années 60 quand il était petit, il a décidé de créer son propre groupe rétro. Enfilant lunette noire et jacket orné de paillettes argentées, Patrick Michaud a offert une version vintage convaincante de Julie revient. Julie s’en va. propulsée par de puissants arrangements de cuivre. Malheureusement, cette instrumentation s’appliquait moins bien à l’excellente Je cours après Marie qui, dénudée de sa mélancolie, perdait sa portée émotive.
Cette ambiance festive rappelant la belle époque de Jeunesse d’Aujourd’hui contrastait avec celle plus planante de la première partie. Il a cependant suffi que de quelques minutes pour s’y habituer. Il était impossible de ne pas se laisser emporter par cette fièvre de la danse. Les interprétations disco/pop de C’est Moi avec Marie-Mai et de Ces bottes sont faites pour marcher avec Pascale Picard en ont ravi plus d’un. Armé de son énergie légendaire, Yann Perreau a propagé l’amour autour de lui avec l’exaltante Beau comme on s’aime alors que Mario Pelchat a fait revivre Joe Dassin le temps de Dans les yeux d’Émilie. Patrice Michaud semblait évidemment très heureux de partager la scène avec ces artistes qu’il admire. Leurs voix se mariaient à merveille.
Lors de l’incontournable Mécaniques générales, que tous ont entonné sans la moindre hésitation, Patrice Michaud a retenu ses larmes. Il a accepté cette reconnaissance méritée avec une sincère humilité qui touchait droit au cœur. Les festivaliers ne pouvaient alors que se sentir extrêmement privilégiés d’assister à ce moment unique. Ce festival d’émotions s’est poursuivi avec la déchirante La saison des pluies, dont le vidéoclip de Yan England a chaviré tout le Québec. Pour illustrer avec respect ce départ d’un homme rongé par la maladie,une marrée de lumières a scintillé sur les Plaines. Un moment devenu fréquent dans les festivals mais qui impressionne toujours autant.
Avant de continuer le rappel avec l’entraînante Le crash du Concorde entrecoupée d’un medley de chansons rétro, l’artiste s’est exclamé que c’était pour la vie. Oh que oui, Patrice!
Crédits Photos : Sébastien Dion/FEQ