Petit Pays : la psychologie derrière la guerre civile

Vendredi dernier sortait sur grand écran le film Petit Pays d’Eric Barbier inspiré du roman biographique du même nom de Gaël Faye où les comédiens Jean-Paul Rouve, Djibril Vandoppenolle et Isabelle Kabano sont les têtes d’affiche. Le film nous situe dans les années 90 au Burundi où y vit une famille composée de Michel, un entrepreneur français, Yvonne d’origine rwandaise et les enfants Gabriel et Ana. Ensemble, ils vivent une vie assez aisée et heureuse, surtout Gabriel (Djibril Vandoppenolle) qui passe son temps à voler des mangues et faire les 400 coups avec ses fidèles amis.

L’enfance du petit garçon prend un tout autre sens quand le conflit entre les Hutus et Tutsis fait rage et la guerre civile burundaise prend place. Gabriel se pose des questions sur la différence entre les populations et sur l’importance qu’ont les autres de choisir entre une culture plutôt qu’une autre. Sa famille commence à voler en éclat quand ses parents se séparent et que les rires qui émanaient de la maison ne deviennent que des chants de larmes. La performance du jeune acteur est remarquable et attire notre regard ainsi que notre empathie face aux tragédies et à la maturité auxquelles doit faire face son personnage seulement âgé de dix ans. Gabriel pourra, cependant, toujours sur compter sur la présence de son père interprété par Jean-Paul Rouve pour apaiser les choses et le rassurer lors des moments de doute. Le père de famille est fier de la région qu’il a choisi pour y construire sa vie et son avenir, ce qui va créer des discordes au sein de celle-ci.

Le film nous montre des images difficiles de ce qu’ont vécu les populations lors du génocide rwandais, mais pas d’une manière précise,  plutôt en constatant les dégâts psychologiques que ça cause sur les personnes qui ont perdu une partie de leur famille dans cette tragédie, comme la mère interprétée avec force par Isabelle Kabano. Yvonne n’aime pas la manière que son mari a de gérer la crise et devient donc distante et en colère, et finit par quitter un temps le domicile conjugal. La froideur qu’elle dégage nous rend septique quant à ce qu’on ressent à son égard tout en restant subjugué par son jeu d’actrice. À la suite de la mort de ses cousins qu’elle a vu périr sous ses yeux, rien ne sera plus pareil dans sa vie puisqu’elle ne sera composée que de chants et de terreur. 

Petit Pays, qui est actuellement à l’affiche, est un film qui se veut aussi lumineux que prenant.

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