Ponts, un fascinant recueil de 13 nouvelles qui est plus lumineux qu’on pense

Le 9 septembre dernier, Chrystine Brouillet a lancé à la Fonderie Darling son recueil de nouvelles intitulé Ponts qui rassemble douze autres auteurs issus pour la plupart du journalisme ou de l’univers du polar. Même si les auteurs devaient faire des dédicaces et répondre aux questions du public masqués, ce n’était pas cela qui attirait le plus l’attention. La véritable vedette de la soirée était les ponts de l’artiste visuel James Kennedy fignolés dans des supports d’acier.

Ces splendides reconstitutions de ponts célèbres ont tellement impressionné Chrystine Brouillet, la voisine de James, qu’elle voulait leur donner une âme propre. Pour cela, elle a contacté des auteurs qu’elle aime pour qu’ils choisissent une oeuvre et pondent librement une histoire autour du pont sélectionné. Ce qui donne lieu à des nouvelles aussi sombres que lumineuses mais toujours touchantes. Certaines thématiques comme le suicide et le désespoir amoureux sont plus lourdes, mais le talent des auteurs ne rend pas la lecture trop étouffante. Il y a constamment des jais de lumière qui se fraient un chemin sous les craques des ponts.

Certains auteurs ont profité de cette expérience pour sortir de leur zone de confort. C’est le cas de Martin Michaud qui risque de vous étonner avec une histoire à l’écriture fantaisiste à mille lieues des intrigues policières à la Victor Lessard… De son côté, Tristan Malavoy s’est inspiré des pans de la vie du saxophoniste de jazz Sonny Rollins pour montrer à quel point un artiste qui nous semble étranger peut changer notre vie et y apporter un réconfort salvateur…

Claudine Bourdonnais propose, quant à elle, une nouvelle aux effluves d’adultère qui vous fera fulminer vers la fin. C’est exactement ce que l’auteur souhaitait! Pour elle, la nouvelle littéraire, comme elle est courte, doit tellement faire réfléchir que le lecteur attend avant de poursuivre la lecture des autres nouvelles. Le choix de vocabulaire peut aussi induire le lecteur en erreur quant à la temporalité du texte. Finalement, Johanne Seymour vous fera voir le Pont Victoria sous un angle profondément nostalgique.