Prêt pas prêt : quand la belle-famille veut votre mort!

Une jeune femme d’un milieu humble épouse l’héritier d’une famille immensément riche. Ça vous rappelle quelque chose ? Presque tous les films d’amour de notre jeunesse  commencent avec une fille sans argent et un beau prince riche venu la sauver, sauf que, cette fois, la belle-famille tente de la tuer. Prêt pas prêt est un film du collectif cinématographique surnommé Radio Silence, composé de Matt Bettinelli-Olpin, Tyler Gillet et Chad Villella. Ils ont auparavant travaillé ensemble sur Southbound (2015), Devil’s Due (2014) et V/H/S (2012). Ils sont connus pour leur humour sanglant, mais pas pour leur subtilité et,  ici, s’enchaînent sans grand discernement les jurons et la violence.

Grace (Samara Weaving) est une jeune orpheline qui épouse un riche héritier, Alex Le Domas (Mark O’Brien). Le soir des noces, elle se voit proposer de jouer à un jeu avec sa nouvelle famille comme rite de passage. Grace met une carte vierge dans une boîte noire, puis enclenche un mécanisme. Lorsque qu’elle en ressort la carte, il y a d’inscrit un jeu de société auquel ils doivent tous jouer. C’est atypique, mais compte tenu que les Domas ont bâti leur empire sur la commercialisation de jeux de sociétés, Grace accepte de jouer avec entrain et n’y voit rien de suspect. Ce qu’elle veut plus que tout au monde, c’est une famille. Elle n’est même pas intéressée par l’argent. Elle prend place autour de la table avec les autres membres de la famille que l’on pourrait facilement méprendre pour les Addams., Tout particulièrement la tante Helene (Nicky Guadagni) qui vous donnera froid dans le dos. La tension est palpable lorsque Grace sort une carte de la boîte. Elle la retourne en souriant. Hide and seek. On peut voir le choc sur le visage des Domas. Grace ignore tout de son destin funeste et va tout innocemment se cacher alors que sa nouvelle famille s’arme de haches, d’arbalètes et de fusils pour se préparer à la tuer. C’est la première fois en 30 ans qu’ils doivent jouer à ce jeu.


Les réalisateurs en profitent pour multiplier les blagues en faisant passer les Domas pour des idiots. Une belle-sœur droguée qui tue par accident plusieurs domestiques, un beau-frère qui ne sait pas se servir d’une arbalète et va voir des vidéos sur YouTube, un beau-père bon à rien qui laisse son majordome faire tout le travail… Ils passent plus de temps à se disputer sur le respect des traditions qu’à tenter de trouver Grace. Au cours du film, on comprend que les Domas ont fait leur fortune lorsque l’arrière-grand-père a rencontré le mystérieux Monsieur Le Bail et a conclu un pacte avec lui. Depuis, ils doivent jouer à un jeu à chaque fois qu’un membre de la famille se marie et cela fait 30 ans qu’ils n’ont pas eu à jouer à Hide and seek  en tuant quelqu’un. Durant toutes ces années, ils ont sacrifié des chèvres. Le film s’embourbe lorsqu’il tente d’expliquer les raisons qui ont pu emmener Alex à se marier avec Grace alors qu’il connaissait les conséquences de son geste ou encore comment personne ne s’est jamais enfui en apprenant la vérité sur la fortune des Domas.

La plus grande force du film est son rythme très rapide, ce qui évite de trop s’interroger sur les lacunes du scénario. L’action démarre dès les premières minutes avec un retour en arrière, puis on saute au mariage et, en quinze minutes,  Grace se retrouve cachée dans un monte-charge. Les 80 minutes restantes passent à toute vitesse. Samara Weaving est charismatique et attachante dans le rôle de Grace et l’on s’identifie vite à elle. Elle n’est pas étrangère aux films d’horreur, elle qui a précédemment joué dans Mayhem (2017) et The Babysitter (2017). Une mention spéciale pour Adam Brody qui incarne ici son beau-frère alcoolique, Daniel. Il y a trop peu de scènes avec lui pour vraiment saisir ses intentions, mais l’on peut sentir sa réticence à suivre sa famille et, s’il y a bien quelque chose qui manque cruellement dans ce film, ce sont des personnages complexes.


Prêt pas prêt  fait penser à un de ces prédécesseurs : The Purge (2013). Une brillante prémisse qui frustre d’autant plus lorsque l’on voit le résultat bâclé. Il est beaucoup trop facile de montrer les riches et puissants de ce monde, le fameux 1%, payer pour leur avidité et il y aura toujours un public pour ce genre de film, mais il est beaucoup plus difficile de faire un film d’horreur politique comme Get Out (2017) qui permet aux spectateurs de prendre conscience de certaines réalités sociales qu’ils n’auraient peut-être pas vues autrement.

Prêt pas prêt est un film sanglant qui vous fera rire un instant et retrousser le nez de dégoût deux minutes plus tard et qui, malgré ses faiblesses, possède une finale explosive que vous ne pourrez pas vous empêcher de raconter à vos amis.

Prêt pas prêt a été présenté au Festival Fantasia le 27 juillet dernier et est maintenant à l’affiche dans les salles du Québec.

Crédits Photos : Fox Searchlight Pictures 

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