Star Trek Discovery saison 2 : en route vers quelque chose de mieux ?

C’est le sourcil circonspect et le cœur serré d’appréhension que l’on entame la saison 2 de Star Trek Discovery. Et ce n’est pas parce que nous sommes angoissés pour Michael Burnham et le reste de l’équipage de l’USS Discovery. Non, nous sommes inquiets de cette nouvelle interprétation de nos personnages favoris. Capitaine Pike et Monsieur Spock font maintenant partie de la liste des victimes, qui ne fait que s’allonger chaque saison, mais il y a un peu de lumière au bout du tunnel, et voici pourquoi.

Cette nouvelle saison est loin d’être parfaite. Vous vous retrouverez souvent à bâiller et vous ne comprendrez pas pourquoi alors que les explosions s’intensifient et que l’intrigue se complique. C’est bien malheureux que tous les efforts aient été mis du côté des effets spéciaux, mais bien peu au développement des personnages. Les scénaristes ont paresseusement régurgité des pages et des pages de dialogues vides de sens et de scènes d’action. Rien qui ne peut susciter une quelconque émotion chez le spectateur. Nous nous retrouvons à rouler des yeux et soupirer bruyamment à chaque scène dramatique.

Sonequa Martin-Green, qui interprète Michael Burnham, tente toujours trop fort d’insuffler des sentiments dans un script qui en est dénué, le résultat restant terne et répétitif. Par exemple, l’épisode An Obol for Charon dépeint la relation entre Saru (l’hypnotisant Doug Jones) et Michael comme celle d’une de profonde amitié, alors qu’à l’écran rien de tel ne nous a été montré. Jusqu’au moment où Michael pleure la « mort » de Saru et lui avoue qu’il est sa famille et qu’elle l’aime… Depuis quand?!

Discovery aurait dû nous montrer tout cet amour, amitié, respect plutôt que de forcer ses personnages à le vocaliser. Un seul épisode y parvient. Project Daedalus prend le temps de présenter un personnage qui nous est jusqu’à alors inconnu, et en 45 minutes nous fait tomber en amour avec et regretter son départ comme jamais auparavant. L’épisode est réalisé par Jonathan Frakes, celui-là même qui a interprété William Riker dans la série Star Trek : The Next Generation. L’épisode ne fait pas beaucoup avancer l’intrigue, mais prend le temps de nous présenter Airiam, une cyborg d’apparence austère, et de la rendre attachante et fondamentalement humaine.

Une des pires erreurs que commet Discovery est de se brûler les ailes en touchant aux personnages de Star Trek : The Original Series (TOS). Les retrouvailles entre Michael et son frère disparu, Spock, vous ferons grimacer d’horreur. Ethan Peck est loin d’être Leonard Nimoy et son interprétation du personnage sonne tellement fausse que vous regretterez celle légèrement moins mauvaise de Zachary Quinto. En commençant par la barbe et le manque de charisme d’Ethan Peck, Discovery aurait mieux fait de laisser tranquille une des plus grandes icônes de la science-fiction. Le simple fait que Michael soit la sœur adoptive de Spock est déjà bien assez difficile à digérer ; il était donc inutile d’en rajouter ! La finale laisse heureusement entendre que nous ne reverrons plus ce Spock, alors ranger vos torches et vos fourches !

Le seul à s’en sortir pas trop mal est Anson Mount, qui interprète le capitaine Pike. Ses sourires enjôleurs, sa manière comique de s’asseoir sur le fauteuil du capitaine, sa mauvaise habitude de mettre sa vie en danger, ses nombreux discours inspirés et surtout son immense courage feront sourire les fans par leurs ressemblances avec le capitaine Kirk de TOS. Il a du charisme à revendre et on en vient à se demander ce que serait une série avec lui et Numéro Un.

Les plus grandes forces de Discovery restent la diversité raciale de sa distribution, la représentation réaliste de la communauté LGBT et ses superbes décors. La planète Kaminar regorge de beauté et de petits détails pour lesquels nous sommes reconnaissants. Ici, un univers d’une grande richesse se déploie sous nos yeux et notre de désir de rester en compagnie des Kelpiens est plus fort que tout lorsque les couleurs intenses sont remplacées par l’univers perpétuellement sombre de Discovery. Un peu de soleil, ça ne ferait pas de tort !

Pour les fans du couple que formait le lieutenant Paul Stamets (Anthony Rapp) et le Dr. Hugh Culber (Wilson Cruz), vous ne serez pas déçu par l’épisode Saints of Imperfection, où des retrouvailles ont lieu. Ce qui est une bonne et une mauvaise chose, tout à la fois. Il est plaisant de retrouver le seul couple LGBT de la série, mais déplaisant de s’apercevoir que les morts peuvent revenir à tout moment dans Discovery.

Le même problème s’était présenté lors de la saison 1 avec le départ du Capitaine Georgiou, interprétée par la fabuleuse Michelle Yeoh. Nous l’avions revu quelques épisodes plus tard dans une autre dimension et depuis, elle n’est jamais partie. Ce qui n’est pas pour déplaire aux spectateurs, car le manichéisme du personnage la rend surprenante. D’un autre côté, il n’y a plus aucun enjeu si les défunts peuvent être ressuscités n’importe quand.

D’autres personnages ont été complètement oubliés, comme c’est le cas de Ash Tyler (Shazad Latif) et Sylvia Tilly (Mary Wiseman). Leurs histoires, cette saison, sont intrinsèquement liées à celle de Michael et ils semblent uniquement là pour faire progresser celle-ci ou créer un peu de légèreté dans une série qui se prend déjà trop au sérieux. Durant la saison 1, Ash était un des personnages principaux et la révélation qu’il était un espion pour les Klingons a pris tout le monde par surprise. Son rôle durant la saison 2 a été réduit à néant et, si l’on en croit la finale, l’acteur semble avoir lui aussi tiré sa révérence de la série.

La grande réussite de cette nouvelle saison de Discovery reste, au final, d’avoir enfin brisé le pont avec l’univers que l’on connaît déjà de Star Trek et de nous projeter enfin là où personne n’est jamais allé. Plus précisément 930 ans dans le futur. La prochaine saison apportera, on l’espère, de la nouveauté et une réalisation plus inspirée.

Star Trek : Discovery saison 2 est disponible en DVD et Blu-ray au Québec depuis le 12 novembre.

Crédits Photos : Internet Movie Database

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